Au début des années 1980, un enseignant débutant gagnait l’équivalent de 2,3 fois le smic, aujourd’hui, il touche environ 1,2 fois le salaire minimum. Ce constat, abondamment relayé dans le presse nationale (Le Monde, Le Point) résulte des travaux menés par l'économiste Lucas Chancel.

"Comment en est-on arrivé là ? " De 1982 à 2018, les salaires des enseignants ont connu des facteurs de baisse et des facteurs de hausse", explique B Schwengler, auteur de Salaires des enseignants, la chute (L'Harmattan, 2021). "Les facteurs de baisse ont été la perte de valeur du point d’indice ( - 21 %) et la hausse des retenues sociales. L’effet cumulé de ces deux facteurs a entrainé, toutes choses égales par ailleurs, une baisse des salaires de près de 28 % de 1982 à 2018. Les principaux facteurs de hausse ont été les mesures de revalorisation des carrières prises au cours de cette période. L’ampleur de ces mesures a été variable selon les corps et selon les niveaux d’ancienneté".

Pourquoi l'étude démarre t-elle en 1982 ? Parce que c'est cette année là que le gouvernement Mauroy  décroche le point fonction publique de l'inflation. L'indexation n'est plus automatique même quand le gouvernement l'accorde. En 1986 la droite revient aux affaires et J Chirac modifie le mode de calcul de l'indexation de façon à rendre plus  faible la revalorisation du point d'indice. En 2011 le gouvernement Fillon gèle le point d'indice. Il va rester gelé jusqu'en 2016 où une revalorisation de 0.6% est accordée. Mais le président Macron regèle le point et il s'y tient. Ainsi de 1982 à 2018 les enseignants ont perdu 21% de leur salaire du fait de ce gel, soit 0.6% par an en moyenne.

B Schwengler décrit en détail les autres facteurs de baisse du revenu enseignant avec la hausse des retenues sociales. Par exemple le retenue pour pension est passée de 6 à 10.56%. Avec le gel du point d'indice c'est 28% du salaire des enseignants qui s'est envolé entre 1982 et 2018, soit 1.1% par an." in Café pédagogique.

La récente campagne présidentielle a également mis en lumière le décrochage des salaires des enseignants français par rapport à leurs homologues européens en s'appuyant notamment sur les travaux de l'OCDE.

 " Aujourd’hui en France, le salaire d’un professeur en début comme en fin de carrière est deux fois moins élevé que celui qu’il pourrait avoir en Allemagne ou aux Pays-Bas ", a ainsi souligné la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo, candidate à l’élection présidentielle, qui a proposé de doubler les salaires des enseignants français.

L'avis du Se-Unsa

Au cœur de l’été, le ministre des Comptes publics a levé une partie du voile sur la préparation du budget 2023. Pour l’Éducation nationale, il a annoncé une hausse historique de 3,6 milliards et la concrétisation d’un salaire à 2 000 € pour les entrants dans la carrière.

Pour le SE-Unsa, il est bien trop tôt pour se réjouir alors que nos métiers souffrent d’une crise d’attractivité profonde notamment due à la faiblesse des rémunérations, que les 2/3 de cette enveloppe correspondent à la revalorisation du point d’indice de juillet 2022 et que le président de la République a annoncé de nombreux projets.

Le SE-Unsa avait porté la revendication d’un premier salaire à 2 000 € en 2020. Depuis, l’inflation s’est envolée. Cet objectif repris depuis par les gouvernements successifs nécessite d’être réévalué. Avec une inflation cumulée de + 9,2 % depuis janvier 2021, 2 000 € en janvier 2021 équivalent aujourd’hui à environ 2 200 €.

Pour le SE-Unsa, la revalorisation doit aussi s’adresser de façon importante à ceux qui sont déjà en fonction. Lors de la conférence des recteurs fin août, Emmanuel Macron a redit sa volonté de rémunérer de nouvelles missions pour les volontaires. Le SE-Unsa souhaite qu’il commence par reconnaître l’ensemble des missions accumulées depuis de longues années comme le suivi individualisé des élèves notamment en situation de handicap, l’accompagnement à l’orientation, ou encore la conception et la conduite de projets pédagogiques, par exemple. Il doit aussi reconnaître la charge de travail devenue très lourde.

Selon un sondage réalisé par le Se-Unsa auprès d'un panel d'adhérents fin août 2022, la question des rémunérations arrive en tête des priorités à traiter sur le chapitre vie professionnelle. Sans surprise. Il y a urgence.