SECTION SE-Unsa de la MANCHE - MAISON DES SYNDICATS - 2BIS RUE LEON DERIES - BP 421 - 50000 SAINT LO CEDEX
Tél. 02 33 57 64 59 - Por. 06 75 88 98 23 - 50@se-unsa.org

 
RETRAITES : QUELLE STRATEGIE ?
Article publié le mardi 10 décembre 2019.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter

Le 5 décembre : une grève réussie, des réactions.

 

La grève a Ă©tĂ© une vraie rĂ©ussite.  Le gouvernement n’attendait pas autant d’enseignants dans les rues : cela a surpris et inquiĂ©tĂ© car du cĂ´tĂ© de LREM, on s’illusionnait encore sur le crĂ©dit de M. Blanquer. Mais les faits sont lĂ  : la colère enseignante a Ă©tĂ© nourrie avec application depuis des mois, la question de la rĂ©forme des retraites n’est que la « goutte d’eau qui a fait dĂ©border le vase Â». 

 

C’est donc un message fort qui a Ă©tĂ© envoyĂ© au gouvernement.  Les rĂ©actions n’ont pas tardĂ©. Dès vendredi, les prises de parole se sont multipliĂ©es pour tenter de rassurer : promesse de prise en compte de la situation des personnels de l’Éducation Nationale, ouverture de nĂ©gociations, revalorisation. Encore rien de prĂ©cis, mais des annonces sont prĂ©vues mercredi prochain.  Du vent ? On verra.  La balle est dans le camp du gouvernement.  Macron joue gros sur cette rĂ©forme, il a tout intĂ©rĂŞt Ă  rĂ©duire les oppositions et Ă  faire un pas vers les grĂ©vistes, et notamment les enseignants.  Pas par sollicitude ou amour de la profession, par calcul.

 

Que faire maintenant ? Que s'agit-il d'obtenir ?

 

 Certaines organisations combattent pour le « retrait de la rĂ©forme Â».  Dans, cette logique, il faut maintenir un haut degrĂ© de mobilisation jusqu’à faire « plier Â» le gouvernement.

  Supposons que cela fonctionne : qu’advient-il ensuite ?  Le « Grand Soir Â» ? Un beau projet alternatif de gauche, juste et socialement gĂ©nĂ©reux ?  Il faut ĂŞtre lucide et ne  pas perdre de vue les rĂ©alitĂ©s politiques du pays : qui le porterait ?  combien de divisions Ă  gauche ?  De fait, il y a fort Ă  parier qu’en cas de retrait, on resterait dans le système actuel, avec pour horizon une succession de rĂ©formes paramĂ©triques qui, comme les prĂ©cĂ©dentes, repousseraient toujours plus loin l’âge de la retraite sans dĂ©cote.  Tout espoir de revalorisation serait alors enterrĂ©.   

 

 Le plus probable est l’échec de cette revendication.  D’abord parce que renoncer Ă  la rĂ©forme, c’est pour le prĂ©sident risquer de perdre son socle d’électeurs du « premier tour 2022 Â».  Ensuite parce que les mĂ©canismes exposĂ©s dans le rapport Delevoye font certes des perdants, mais ils font aussi des gagnants, en nombre non nĂ©gligeable.  Quant Ă  l’opinion, elle soutient pour le moment les grĂ©vistes, mais chacun sait l’effet que peuvent avoir les problèmes de transport dans un contexte de fĂŞtes de fin d’annĂ©e.  Nous avons mis plus de 800 000 personnes dans les rues.  C’est considĂ©rable, mais pas supĂ©rieur Ă  2010, ne perdons pas cela de vue.

 

 Au SE-UNSA nous n’étions pas demandeurs d’une rĂ©forme, mais nous considĂ©rons que notre responsabilitĂ© est d’être utile aux collègues.  Nous demandons depuis longtemps une vĂ©ritable prĂ©sentation du projet, pour clarifier les enjeux.  Il faudra ensuite peser au maximum sur les dĂ©cisions afin de faire en sorte qu’il n’y ait aucun perdant.  La grève est un levier Ă  actionner avec intelligence, pas une fin en soi. Il s’agit donc de faire fructifier le coup de semonce du 5 dĂ©cembre, qui constitue un point d’appui puissant pour porter des revendications et obtenir des garanties.     

 

Multiplier les appels à la grève ?

 

Un appel Ă  la grève a Ă©tĂ© lancĂ© pour mardi 10 dĂ©cembre, c’est prĂ©maturĂ©.  Nous ne sommes qu’au dĂ©but de la bataille : nous refusons de prendre le risque d’épuiser financièrement les personnels, de griller de prĂ©cieuses cartouches nĂ©cessaires pour les longues nĂ©gociations Ă  venir.  L’appel Ă  la reconduction le vendredi 6 dĂ©cembre a fait un flop dans l’éducation : en Normandie il a Ă©tĂ© suivi Ă  hauteur de 2,6% dans le second degrĂ© et 0,78% dans le premier.  La grève de mardi mobilisera sans doute davantage : et après ? grève "non-stop" en dĂ©cembre ? Janvier ? FĂ©vrier ?   Cette logique a montrĂ© ses limites en 2003 et en 2010.  Les grèves prĂ©coces Ă  rĂ©pĂ©tition nous exposent collectivement Ă  un flĂ©chissement du mouvement, et Ă  un affaiblissement du pouvoir de nĂ©gociation.  

 

Un syndicalisme responsable, et un gouvernement responsable ?

 

 A l’évidence, la radicalitĂ© est plus facile Ă  porter dans une salle des profs ou dans une assemblĂ©e de collègues fortement mobilisĂ©s et en colère.   Mais il est temps de rompre avec une formule perdante, temps d’opter pour un syndicalisme responsable et de gagner la bataille de l’opinion publique, essentielle dans ce genre de conflit.  La colère du terrain doit dĂ©boucher Ă  terme sur du concret pour les personnels, et pas sur un cocktail de dĂ©ception, de pertes de salaires, de rĂ©forme subie et injuste.  Sinon, c’est tout le mouvement syndical qui s’en trouvera affaibli.

 

 La voie proposĂ©e ici est Ă©troite, et la bataille s’annonce longue, nous en sommes conscients. Une inconnue de taille demeure : dans quelle mesure ce gouvernement est-il prĂŞt Ă  faire des concessions, Ă  accepter de profonds remaniements du projet qu’il mettra prochainement sur la table ? Ă  accorder aux enseignants une vĂ©ritable revalorisation sans contreparties ?  Ces questions sont d’autant plus lĂ©gitimes que le « nouveau monde Â» macronien a largement tĂ©moignĂ© de son mĂ©pris pour le dialogue social et les corps intermĂ©diaires.  Mais il serait temps pour lui aussi de prendre conscience des rĂ©alitĂ©s, et de s’aviser que son socle politique dans le pays ne dĂ©passe guère les 22-24% des suffrages exprimĂ©s.

 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
ALC