Article publié le jeudi 5 octobre 2023.
Le ministĂšre a annoncĂ© que les Ă©lĂšves de seconde gĂ©nĂ©rale et technologique feraient un stage de deux semaines en entreprise, dans une association ou une administration du 17 au 28 juin prochain. Câest sa reconquĂȘte du mois de juin.
Vers une concurrence voie générale et technologique/voie professionnelle
Habituellement, les Ă©lĂšves de seconde et de premiĂšre bac pro font leurs PFMP (pĂ©riode de formation en milieu professionnel) au mois de juin parce que câest lâorganisation pĂ©dagogique la plus adaptĂ©e. Par ailleurs, ces mĂȘmes Ă©lĂšves, souvent faute de rĂ©seaux familiaux ou amicaux, ont du mal Ă trouver une entreprise pour les accueillir sans lâaide de leurs enseignants.
Les 550 000 Ă©lĂšves de 2de GT vont donc, Ă leur corps dĂ©fendant, devenir des concurrents de leurs camarades de la voie professionnelle. Pour le SE-Unsa, cette concurrence est inenvisageable, dâautant plus quâelle risque de se faire au dĂ©triment des Ă©lĂšves de lycĂ©e professionnel alors que lâenjeu est bien plus important pour ces derniers.
Comment la recherche de stage se fera-t-elle dans les bassins dâemplois les plus sinistrĂ©s ? Quels choix feront les entreprises entre un Ă©lĂšve qui observera sagement dans un coin et un Ă©lĂšve quâil faudra accompagner et former sur un poste de travail ? Si le ministre nous avait consultĂ©, nous lui aurions demandĂ© de rĂ©pondre dâabord Ă ces questions avant de se lancer dans ce projet.
Un stage pour quoi faire ?
Un stage en entreprise nâa de sens que sâil a une finalitĂ©. Ici, le ministre nous dit quâil amĂ©liorera la politique dâorientation. Cette affirmation est trĂšs contestable. En 2de GT, lâobjectif majeur en matiĂšre dâorientation est de choisir ses spĂ©cialitĂ©s de 1re en fonction de son projet dâorientation dans le supĂ©rieur. Le choix ne se fait pas Ă partir du 29 juin mais bien avant. Le stage arrive donc trop tard pour cet objectif-lĂ .
De plus, quelle forme prendra ce stage ? Stage dâobservation ? Stage de formation ? Stage opĂ©rationnel ? Seul le premier correspond aux Ă©lĂšves de 2de GT. Ne va-t-on pas vers un stage occupationnel ?
Il est dĂ©jĂ difficile de trouver un stage pour une semaine en 3e pour beaucoup dâĂ©lĂšves, faute de rĂ©seau ou dâun tissu Ă©conomique dense ; ça le sera encore plus en 2de. Les deux pĂ©riodes dâobservation risquent dâĂȘtre trĂšs longues pour certains.
Un stage désorganisé
Organiser un stage pour les Ă©lĂšves et leur famille, câest trouver un lieu de stage et exploiter ce temps dâobservation. Pour les enseignants, câest rĂ©cupĂ©rer des conventions de stage, assurer un suivi de stage et organiser son exploitation pĂ©dagogique.
Or tout cela se fera au moment oĂč les Ă©lĂšves dĂ©sertent petit Ă petit leur lycĂ©e aprĂšs le conseil de classe (conventions de stage), pendant que les enseignants seront mobilisĂ©s pour le bac (suivi de stage) et pendant les vacances dâĂ©tĂ© (exploitation du stage).
Existerait-il des impensĂ©s dans lâinvention de ce nouveau stage de 2de GT ?
Pour le SE-Unsa, le stage de 2de GT est contestable sur le fond parce quâil ne sera pas exploitĂ© et quâil ne permettra pas aux Ă©lĂšves de parfaire leur choix dâorientation, notamment pour dĂ©cider des spĂ©cialitĂ©s de 1re. Sur la forme, il est inconcevable parce quâil crĂ©e une concurrence avec la voie professionnelle que le mĂȘme gouvernement veut revaloriser. Pour le SE-Unsa ces choix sont incohĂ©rents.
Comme lâenjeu du stage est nettement plus important pour les Ă©lĂšves de la voie professionnelle, le SE-Unsa demande au ministre de lâĂducation nationale quâil indique aux entreprises de donner une prioritĂ© absolue aux Ă©lĂšves des lycĂ©es professionnels.