GĂ©nĂ©ralisation annoncĂ©e du dispositif « 2h supplĂ©mentaires de sport au collĂšge » : le ministĂšre ignore les craintes de la profession
Article publié le mardi 17 janvier 2023.
Le ministre a actĂ© la gĂ©nĂ©ralisation pour la rentrĂ©e prochaine des 2h supplĂ©mentaires de sport au collĂšge, un dispositif pourtant expĂ©rimental et qui nâa dĂ©butĂ© quâil y a quelques semaines dans certains Ă©tablissements sĂ©lectionnĂ©s.
Un dispositif qui dérange
Les deux heures de sport supplĂ©mentaires au collĂšge, telles que dĂ©finies dans la note de service du 26 aoĂ»t 2022, sâappuient sur le constat que la pratique sportive des jeunes a connu une baisse considĂ©rable, accentuĂ©e par la pandĂ©mie de Covid. Il est prĂ©conisĂ© de prĂ©voir des crĂ©neaux de deux heures dans les emplois du temps des Ă©lĂšves afin quâils puissent exercer une activitĂ© physique et sportive sur le temps pĂ©riscolaire, soit dans les installations des Ă©tablissements (en dehors des heures de pratique sportive EPS et de lâassociation sportive scolaire), soit en dehors de lâĂ©tablissement (clubs, notamment). Ces activitĂ©s sont encadrĂ©es par des « partenaires sportifs » ou par les enseignants dâEPS eux-mĂȘmes, alors rĂ©munĂ©rĂ©s sous le rĂ©gime du cumul dâemplois.
Si nous ne contestons pas la nĂ©cessitĂ© dâaccroĂźtre la pratique physique et sportive de nos Ă©lĂšves, nous nous inquiĂ©tons des possibles dĂ©rives dâune externalisation de cette pratique et nous interrogeons sur la place des enseignants dâEPS, dĂ©jĂ trĂšs investis sur la question, notamment dans le cadre des activitĂ©s de lâUNSS, Ă travers leur fonction dâanimateurs des associations sportives.
Une généralisation hùtive
Lors du dernier CA de lâUNSS dont le SE-Unsa est membre, la DGesco nous avait assurĂ© quâil nâĂ©tait pas question de gĂ©nĂ©raliser un dispositif qui nâaurait pas fonctionnĂ©. PrĂ©sumer du succĂšs dâun dispositif et annoncer sa gĂ©nĂ©ralisation dĂšs le dĂ©but du mois de janvier alors quâil nâa vĂ©ritablement dĂ©marrĂ© quâĂ la rentrĂ©e des vacances de la Toussaint nous semble un peu prĂ©cipitĂ©, dâautant plus que ces deux heures de sport nâont Ă©tĂ© expĂ©rimentĂ©es que dans une poignĂ©e de collĂšges dans chaque acadĂ©mie, pour la plupart bien Ă©quipĂ©s en installations sportives ou situĂ©s Ă proximitĂ© de clubs.
Surtout, la gĂ©nĂ©ralisation du dispositif Ă lâensemble du territoire sans concertation des personnels et de leurs reprĂ©sentants, sans bilan dĂ©taillĂ© et argumentĂ©, laisse de nombreuses questions sans rĂ©ponse : nombre dâĂ©lĂšves concernĂ©s, nombre de PEPS et dâintervenants extĂ©rieurs impliquĂ©s dans le dispositif par Ă©tablissement, lien avec le projet dâĂ©tablissement, place de lâUNSS, part des installations intĂ©rieures et extĂ©rieures Ă lâĂ©tablissement, coĂ»t pour les familles⊠Nous avions pourtant dĂ©jĂ alertĂ© dĂšs septembre sur ces zones dâiombre.
Lâavis du SE-Unsa
Une fois encore, le ministĂšre communique sa dĂ©cision par voie de presse sans sâadresser Ă la profession, une mĂ©thode Ă©prouvĂ©e qui ne tĂ©moigne pas dâune grande considĂ©ration envers les enseignant·es dâEPS.
Les deux heures supplĂ©mentaires de sport au collĂšge ne rĂ©duiront pas les inĂ©galitĂ©s territoriales en matiĂšre dâaccĂšs aux installations sportives.
Lâabsence de cadrage rigoureux du dispositif, qui sera donc imposĂ© Ă lâensemble des collĂšges dĂšs la rentrĂ©e prochaine, ne fait quâaccentuer notre inquiĂ©tude.
Le SE-Unsa continuera dâinterroger le ministĂšre et de relayer les prĂ©occupations des collĂšgues