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SE-UNSA 42


 Par SE-UNSA 42
 Le  vendredi 2 décembre 2022

Mixité sociale : la publication des IPS livre un constat accablant de la ségrégation à l’École

 

L’indice de position sociale (IPS) mesure la composition sociale d’une école ou d’un établissement scolaire. Une décision de justice a conduit le ministère de l’Éducation nationale à rendre publiques les IPS de chaque école et collège de France métropolitaine et des Drom ; cela concerne les établissements publics et privés sous contrat.

Ainsi, désormais, chacun peut observer, chiffres à l’appui, les ravages de la ségrégation sociale dans notre système éducatif, notamment liés au rôle de l’enseignement privé – essentiellement religieux – dans l’entre-soi scolaire des plus favorisés. Pour le Cnal, dont le SE-Unsa est membre, le constat est accablant.

En nous centralisant sur la situation de la Loire, les tableaux des IPS en écoles et collèges montrent notamment que les établissements privés concentrent un public scolaire favorisé. Quels sont les chiffres ?

Écoles

Dans les plus grosses communes de notre département, la ségrégation scolaire est hallucinante :

  • Les 17 écoles privées stéphanoises ont un IPS de 99.45 points de moyenne tandis que les écoles publiques tombent à 91.85 de moyenne. La moitié des écoles privées stéphanoises ont un IPS plus élevé que la moyenne (9/17) tandis que seulement 15% des écoles publiques voient leur IPS dépasser les 102 points (7/45).
  • A Saint Chamond, les 6 écoles privées ont un IPS moyen de 101.95 points tandis que les 13 écoles publiques tombent à 94.95 de moyenne.
  • A Roanne, l’écart entre établissements privés et publics est alarmant : les 3 écoles privées ont un IPS moyen de 120.85 points tandis que les 11 écoles publiques n’atteignent une moyenne que de 84.8 points.
  • Même constat à Rive de Gier : 2 écoles privées permettent d’obtenir un IPS de 109.5 points alors que les 4 écoles publiques voient leur IPS moyen atteindre péniblement les 84.8.

Paradoxalement, nous observons aussi que dans les zones rurales, c’est souvent l’inverse qui se produit : l’IPS moyen est plus fort dans les écoles publiques que dans les écoles privées, atteignant parfois jusqu’à 16 points d’écart dans un seul et même village !

Dans tous les cas, la présence d’école privée est systématiquement une cause de ségrégation sociale.

Collèges

Alors que moyenne nationale des IPS du niveau collège est de 103,3, celle des collèges privés sous contrat de la Loire est de 101.45 points. La moyenne des IPS des collèges publics ligériens est de 91.15 points.

Plus d’un collège privé sous contrat sur deux à un IPS au-dessus la moyenne nationale tandis que cela ne représente que 38% des collèges publics.

Comme pour les écoles, dans les plus grosses communes ligériennes, la ségrégation est flagrante :

  • A Saint Etienne, la moyenne de l’IPS des collèges privés sous contrat est de 101 points tandis que les collèges publics ne dépassent pas les 82 points.
  • A Saint Chamond, c’est près de 22 points d’écart entre la moyenne du privé sous contrat et du public.
  • Pour l’agglomération roannaise, les deux collèges privés sous contrat affichent une moyenne de 117.35 points alors que les collèges publics atteignent difficilement les 85 points.

Comme pour les écoles, nous observons le même paradoxe dans les communes plus rurales. Les collèges publics ont un IPS souvent plus élevé que leur voisin privé sous contrat. Encore une fois, avec des IPS qui varient parfois de près de 9 points, l’enseignement privé est encore une fois facteur de ségrégation sociale.

 

L’avis du Cnal

Le rôle central de l’enseignement privé dans la ségrégation scolaire est un secret de polichinelle, dont tous les acteurs du système éducatif ont parfaitement conscience. Désormais, la publication des indices de position sociale vient objectiver cette situation et le constat est sans appel : l’enseignement privé concentre les élèves issus des milieux favorisés. C’est peut-être la principale raison de son existence.

Or, c’est l’argent public qui le finance à hauteur de 73 % ; à cela s’ajoute le manque à gagner fiscal lié à des dons défiscalisés à des fondations qui n’alimentent que des établissements privés. La question de leur reconnaissance d’utilité publique est posée. À plusieurs reprises, le Cnal a demandé à la Cour des comptes d’évaluer le montant global de la politique de financement public de l’enseignement privé. Sans réponse.

Pour le Cnal, mélanger les enfants et les adolescents quelle que soit leur origine sociale est une condition essentielle de la réussite scolaire de tous. Ce serait aussi favorable à la laïcité, car dans les écoles et collèges ségrégués, la revendication religieuse est plus forte. Il faudra donc beaucoup de lucidité et de courage pour faire Nation à travers l’École. La réussite de tous les élèves et notre avenir démocratique en dépendent.