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SE-UNSA 42


 Par SE-UNSA 42
 Le  vendredi 18 décembre 2020

Retrospective 2020

 

 

 

En fin d'année civile, nous prenons souvent quelques minutes pour regarder en arrière et faire le point sur l'année passée. Au SE-Unsa, nous vous proposons de faire la rétrospective de l'année écoulée dans l'Education Nationale. 

 

Tout commence le 1er janvier 2020 avec le changement de fonctionnement des CAP. Vidées de leur consistance par la loi de transformation de la fonction publique, les CAP deviennent des instances fantômes et les organisations syndicales sont fièrement écartées des processus de mutations par le gouvernement. Malgré les mises en garde du SE-Unsa, tant locales que nationales, c’est une administration tout entière qui a décidé de foncer droit dans le mur. Quelqu’un peut-il honnêtement affirmer que les mutations 2020 se sont bien passées ? L’Education Nationale est un des plus gros employeurs de France, elle est aussi l’un des rares à être incapable de se doter d’un service de ressources humaines digne de ce nom. C’est inacceptable ! 

 

2020 débutait donc sous de mauvaises augures, mais personne ne pouvait pressentir les épreuves que nous aurions à traverser collectivement. Mars 2020 marquait le basculement de notre quotidien : pour la première fois de notre histoire contemporaine, les écoles, collèges et lycées venaient d’être fermés pour une durée indéterminée et ce, quasiment du jour au lendemain. Concrètement, sur le terrain, nous avions une nuit et un jour pour renvoyer les élèves chez eux avec tout le nécessaire pour continuer l’école à la maison. S’enclenchait alors, dès la deuxième quinzaine de mars un engagement et une innovation sans faille sur le terrain. Les équipes se sont serré les coudes, chacun apportant sa pierre à l’édifice, nos collègues ont redoublé d’imagination pour continuer à maintenir leurs élèves dans l’activité scolaire malgré les multiples difficultés rencontrées, car oui elles ont été nombreuses ! Dompter l’outil informatique, chez soi, avec une connexion pas toujours efficace, faire en sorte que les élèves et leur famille réussissent aussi à le faire de leur côté, organiser l’accueil des enfants de soignants puis des personnels indispensables à la gestion de la crise et enfin, penser un retour dans les écoles, adapté à la période que nous venions de traverser. 

L’année scolaire 2019/2020 se terminait avec quasiment tous nos élèves en classe, mais aussi avec un protocole sanitaire qui posait déjà beaucoup de questions et de problèmes concrets sur le terrain. Pédagogiquement, nous savions tous que la période de confinement avait été et serait un handicap pour nombre d’enfants issus des milieux les plus fragiles. S’ouvraient donc avec l’été 2020, les vacances apprenantes. Malgré sa volonté, notre ministre ne transformait pas l’essai. Trop peu de collègues, trop peu d’enfants se sont inscrits à ce dispositif pour juger qu’il s’agisse d’une réussite, sans parler de la gestion administrative ! A titre informatif, les personnels ayant permis aux « vacances apprenantes » d’exister n’ont toujours pas été payés. 

 

En Covidie, la nouvelle année scolaire est arrivée à toute vitesse et la mise en route semblait se faire sans trop d’encombre. Pourtant, très vite, les difficultés font jour. La courbe des contaminations ne cesse d’augmenter et les absences sont de plus en plus nombreuses. La brigade de remplaçants n’est pas suffisante pour assurer la continuité du service et cela semble surprendre tout le monde, de l’administration locale au ministère. Il faudra attendre le pic de novembre pour que les vannes soient enfin ouvertes et permettent le recrutement de personnels remplaçants contractuels. Pourtant, l’Unsa Education alertait depuis déjà plusieurs mois et demandait l’ouverture de la liste complémentaire. Proposer un emploi d’avenir plutôt qu’un job précaire, c’était sans aucun doute la solution pour recruter sereinement des personnels. Ce ne sera pas le choix fait et aujourd’hui, les recrutements sont au point mort. Au SE-Unsa, nous sommes impressionnés par la capacité du ministre à proposer des solutions qui ne règlent pas les problèmes ! 

 

La fin de la première période aura été déchirante et restera sans aucun doute dans les livres d’histoire. Notre collègue, Samuel Paty, était sauvagement assassiné par des terroristes pour avoir fait son travail, pour avoir enseigné la liberté d’expression. Toute la communauté éducative est sous le choc. La République l’est aussi… pour quelques jours… le temps d’un hommage. Puis, le quotidien a repris rapidement le dessus et le mépris ne fera que trop rapidement son retour ! Ce mardi 15 décembre, la notion d’auto-confinement fait son apparition. L’Unsa Education dénonce ici le manque de respect des personnels qui découvrent, via les médias (une fois n’est pas coutume !), une mesure qui ne fait aucun cas de leur investissement pour maintenir l’éducation. L’Ecole n’est pas la garderie de la République ! 

Puis, la colère passée, ce sont les questions qui reviennent : ces enfants, qui n’étaient pas contaminants il y a quelques mois, qui sont depuis masqués parce que c’est toujours mieux de prendre plus de mesures de sécurité, ne seraient-ils finalement pas un peu contagieux ? Sinon, à quoi bon les tenir éloignés des salles de classe ? Au SE-Unsa, nous n’arrivons plus à suivre et surtout, nous ne vous faisons plus confiance ! Nous savons qu’il en est de même pour nombre des personnels de l’Education Nationale. 

 

Ainsi, à l’ère de « l’Ecole de la confiance », les services de ressources humaines sont quasi inexistants et trop souvent incompétents par manque de moyen humain. L’Education Nationale reste debout seulement grâce à ses personnels de terrain, notre voie d’information professionnelle favorite est BFM TV et le mépris et l’irrespect sont notre lot quotidien. 

Au SE-Unsa, nous n’avons qu’un souhait pour l’année 2021. Que les personnels soient le centre des préoccupations de nos supérieurs hiérarchiques, que les décisions ne soient motivées que par la reconnaissance de nos collègues qui œuvrent quotidiennement sans faille, et qu’enfin, la confiance soit un mot qui puisse définir les relations que nous entretenons les uns avec les autres pour avancer ensemble vers une école plus sereine, mieux reconnue et promotrice de la réussite scolaire de TOUS nos élèves !

 

Mathilde Point 

Secrétaire Départementale SE42