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SE-UNSA 31


 Par SE031
 Le  jeudi 7 mars 2024

M Attal, l’Ecole ne peut attendre

 

Courrier du SE-Unsa à Monsieur le Premier Ministre,


La situation de l
Ecole aujourdhui, de ses personnels et de ses élèves, semble suspendue à votre entière décision et dépendre de votre agenda, alors même quelle na sans doute jamais connu de telles urgences dont elle ne peut souffrir dattente.

Certes, dès votre départ de la rue de Grenelle, vous aviez annoncé emporter avec vous à Matignon le dossier de lEcole et au SE-Unsa nous vous avions demandé de rester le garant dune Ecole qui a les moyens de fonctionner mais pas den rester le pilote.
La réalité est
inverse : lEcole vient de se voir annoncer des restrictions budgétaires et sa ministre actuelle est contrainte dattendre vos arbitrages.

Pourtant, il y a seulement quelques mois, vous aviez admis que notre Ecole, au regard de ses enjeux et de ses difficultés, devait bénéficier de mesures réunissant investissement, courage et réactivité. Quen est-il quelques mois plus tard ?
Passé l
es remous médiatiques dune succession de ministres, cest un calme anormal et inquiétant qui règne sur le plus gros ministère de notre pays.
Toute urgence semble être devenue moins urgente.

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Les leviers de lattractivité ne sont toujours pas activés

Vous l
aviez annoncé comme votre chantier prioritaire en septembre 2023, la pénurie de personnels, principal frein à la réussite de tout dispositif visant à faire réussir lEcole, ne sest vue apportée aucune réponse.
Les constats sont largement partagés, les leviers
efficaces à activer aussi. Lexemple le plus flagrantest le déplacement, dès 2025, des concours deux ans plus tôt quactuellement pour les personnels enseignants et déducation. Alors que tout lemonde sait dire que ce déplacement contribuerait à réaugmenter de façon significative les viviers de candidats, les annonces se font attendre depuis de longs mois. Or lheure tourne et ne joue pas en la faveur de cette mesure pourtant essentielle mais nécessitant du temps de construction et darticulation. Le gouvernement jouerait-il la montre pour séviter de choisir entre la santé de lEcole et un autre fléchage des moyens de lEtat ?

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Le plan Choc des savoirs est devenu illisible

Face à la crispation, et même la colère, générée par les annonces du plan Choc des savoirs,aggravée par la réalité des moyens insuffisants alloués pour le mettre en place, le SE-Unsa en appelle à lhonnêteté politique et demande labandon de lintégralité des mesures qui soutiennent le plan. Décalage avec les besoins réels, investissement au rabais, temps de mise en œuvre insuffisant et dialogue suspendu, tout plaide pour un renoncement du plan Choc des savoirs.
Concernant
les groupes de niveau, la ministre a beau tenter de rassurer, jouant sur les mots et les chiffres, plus rien ne les justifietant ils sont devenus impopulaires faute davoir su convaincre de leur efficacité.
Les moyens que vous vous êtes satisfaits d
obtenir en janvier, malgré tout très insuffisants, doivent permettre aux équipes degérer la diversité des besoins des élèves sur la base de leur expertise et de leur choix les plus adaptés, et non sur la base de cadres contraints inadaptés et dommageables.

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LEcole inclusive semble avancer sans les personnels
Elle était, elle aussi, lun des objets qui devait occuper le dialogue il y a des mois, entachée dun constat très alarmant : les personnels sont au bord de la rupture face à la difficulté daccompagner tous les élèves dans de bonnes conditions.

LEcole pour tous na pas les moyens de bien accueillir, elle le fait donc au détriment desélèves et des personnels. Cependant, alors que là aussi les propositions pour améliorer la situation de lEcole inclusive existent, le SE-Unsa en a fait, et alors que ce dossier doit urgemment être échangéet travaillé, le dialogue est au point mort. Mais visiblement pas pour tout le monde. Ce dossier interministériel réunit certains acteurs et continue davancer mais sans les personnels concernés de lEducation nationale !
Quen penser si ce nest une volonté de prendre des mesures qui seront à rebours de ce que les personnels dénoncent depuis des années et à rebours de leur capacité à accueillir une partie des élèves.
Quen penser si ce nest un acte II de lEcole inclusive qui, sans les personnels, ne pourra quaggraver la situation actuelle déjà trop douloureuse. Il y a donc urgence à reprendre le dialogue pour construire une Ecole pour tous efficace et aux contours partagés.

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Dans ce contexte dune Ecole reléguée au second,voire au troisième plandes priorités gouvernementales alors quelle na pas le luxe de l’être, le SE-Unsa vous demande de vous rappeler vos constats lucides dil y a seulement quelques mois et de tenir vos engagements pour que lEcole de tous puisse fonctionner.

Redonnez toute légitimitéà la ministre Mme Nicole Belloubet pour dialoguer et acter, pour répondre et décider. Elle doit pouvoir rouvrir au plus vite le chantier de lattractivité, elle doit pouvoir revenir sur le plan Choc des savoirs en écoutant ce que dit toute la communauté éducative et elle doit pouvoir œuvrer avec les personnels à une Ecole inclusive qui cesse de faire souffrir.

Renoncez à faire des économies sur léducation des élèves et jeunes de notre pays. Nous savons tous à quel point ces économies coûtent cher, très cher, à léquilibre dun pays.