Communiqué du SE-Unsa 31
« Permettre à Kévin et Charles
de travailler ensemble »
C’est ça la laïcité ?
La
9ème affiche : celle que vous ne verrez jamais.
Jamais
avare de diversions pour masquer les difficultés de l’Ecole - souvent créées
par lui-même - le ministère a lancé
une campagne de publicité (avec huit affiches) qui sont censées illustrer
ce que « permet » la laïcité.
Ces affiches montrent
surtout la vision du ministère :
-
Un monde dans lequel la couleur et le prénom des enfants permettraient de
deviner leur origine et leur religion !
-
Un monde dans lequel la « diversité » des enfants serait une difficulté à
surmonter !
Bref,
une vision du monde que ne renierait pas le héros d’OSS117.
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Ces affiches montrent aussi ce que ne fait pas le ministre : « Permettre à Kévin et Charles de travailler ensemble ».
- Cela ne sera pas possible parce que les parents de Charles ont acheté une
fausse adresse au centre ville ou une place dans le privé. Ainsi, Kévin et
Charles ne seront pas dans la même
classe parce qu’ils ne sont pas de la même classe sociale !
- « Ce serait ça la laïcité ». Permettre que les enfants vivent ensemble. De ne plus financer - avec
de l’argent public - des établissements privés, réservés à certains et qui trient
leurs élèves.
Mais
pour le ministre, permettre à Kévin d’être avec Fatima et à Charles d’être avec
Ombeline, ce sont surement de belles affiches.
Franck Calmels,
Secrétaire du SE-Unsa
31
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Communiqué national du SE-Unsa
Campagne laïcité :
le ministère met en vitrine
ce qu’il n’a pas
en magasin
Le ministre a
présenté une campagne de promotion de la laïcité qui n’a fait l’objet d’aucun
travail partagé avec les représentants des personnels.
Pour le SE-Unsa, même
s’il est justifié de promouvoir les apports positifs du principe de laïcité,
les messages véhiculés laissent perplexe.
En ayant recours à des préjugés et en
entretenant des idées fausses sur la laïcité, cette campagne amène plus de
contresens que de clarté.
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- Cette série de huit affiches « C’est ça la
laïcité », comporte des affirmations telles que « Permettre à Sacha et Neïssa d’être dans le
même bain, c’est ça la laïcité », ou encore « Permettre à Milhan et Aliyah de rire des
mêmes histoires, c’est ça la laïcité ».
Ainsi, le fait de débuter les
slogans par le verbe permettre montre
bien le souhait de contrecarrer une idée ancrée chez beaucoup de jeunes, qui
associent laïcité et interdictions.
Toutefois, la plupart des slogans mettent
en avant la tolérance, le « vivre-ensemble » qui auraient d’ailleurs
pu être déployés dans beaucoup de pays ne se déclarant pas laïques.
- Plus gênant encore, les sous-entendus qui tendent à
associer la religion supposée des enfants et adolescents à leur prénom, et qui
aboutissent à la présentation de situations interconfessionnelles conviviales.
- Enfin, cette campagne veut renvoyer une image de l’Ecole où existerait
réellement la mixité sociale, alors que sujet est le talon d’Achille de ce
ministère, car rien n’a été fait ni imaginé pour contrer les ségrégations
sociales et scolaires qui minent notre système éducatif.
Ici, le ministère met
en vitrine ce qu’il n’a pas en magasin.
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Alors que nous allons bientôt commémorer l’assassinat
terroriste de Samuel Paty, le SE-Unsa rappelle qu’il serait plus opportun que
soient initiés et accompagnés des projets pédagogiques destinés à mobiliser les
enfants et les adolescents autour des notions phares de la laïcité que sont
notamment la liberté de conscience, la neutralité, la distinction des croyances
et des connaissances, avec pour point d’orgue la journée de la laïcité à
l’Ecole, fixée le 9 décembre depuis 2015.
Or, depuis 2017 le ministre ne l’a
jamais impulsée : ce n’est pas ça, la laïcité !
Paris,
le 30 août 2021
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Et le communiqué national de l’Unsa-éducation
Promotion de la laïcité : ça l’affiche mal !
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