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SE-UNSA 24


 Par SE-UNSA 24
 Le  dimanche 10 juillet 2022

Le Ministre en déplacement en Dordogne, le SE Unsa demande une audience !

 

Audience du 7 juillet 2022, Congrès de l'AGEEM

Lors de sa visite au congrès national de l'AGEEM à Boulazac, le ministre a présenté son plan maternelle. Le SE unsa présent sur place a demandé une audience. Seul syndicat du département à être reçu nous avons pu échanger avec la cheffe de cabinet en présence de Mme Malabre, DASEN. Nous avons été entendu et la cheffe de cabinet nous a assuré qu'elle ferait remonter nos revendications.

Ci-dessous les propos que nous avons tenus. L'entretien se déroulant sur un temps assez court, nous avons axé nos revendications sur 3 sujets : l'Ecole Inclusive, l'attractivité de nos métiers et l'offre éducative en milieu rural.

Monsieur le Ministre de l’Education Nationale,

Nous souhaitons aborder quelques points avec vous concernant des réalités locales qui s’inscrivent dans le paysage de notre Ecole depuis quelques années.

Tout d’abord, l’un des défis que nous devons réussir est celui de l’école inclusive. La réalité du terrain montre que les moyens ne sont pas suffisants.  Il faut arrêter la politique d’affichage de chiffres au profit d’une politique au plus près des besoins. Il manque des AESH dans chaque PIAL, les nombres d’heures sont insuffisants et la mutualisation ne doit pas être le pansement au manque de personnels.

De plus, on s’avancerait jusqu’à parler de la création au sein de l’EN d’un réel prolétariat féminisé. Il faut stopper cette précarisation. Grands nombres des personnels AESH sont des femmes et le ministère ne leur permet pas de vivre décemment, une généralisation des temps pleins ou au moins des 30h doit être mise en place.

Rappel de nos mandats :

Le SE-Unsa rappelle ses exigences quant à la mise en oeuvre du dispositif Pial.

Actuellement, devant l’augmentation importante des besoins et donc des notifications MDPH, les PIAL ne font que gérer une situation de pénurie d'accompagnants dégradant ainsi les conditions de travail des personnels et n’apportant pas aux élèves la compensation à hauteur de la notification. La coordination des moyens d'accompagnement humain doit respecter toutes les notifications de décisions émanant de la MDPH et impérativement prendre en compte les besoins particuliers et individuels des élèves. Il faut pour cela créer une brigade d'AESH pour permettre le remplacement de leurs absences et surdoter chaque Pial pour répondre aux nouvelles notifications arrivées en cours d'année scolaire. Les notifications mutualisées ne doivent pas être un moyen de gérer le manque d'AESH, mais doivent être définies uniquement en fonction du besoin de l'élève. Des moyens humains (décharges, postes) et matériels doivent être attribués pour la mission de coordination qui nécessite des compétences en gestion de ressources humaines et qui doit être mieux reconnue financièrement.

 

Enfin, nous souhaitons évoquer avec vous une particularité bien locale car nous sommes le seul département de France à avoir donné la mission de coordination des PIAL aux enseignants référents. Ces mêmes enseignants référents qui dans notre département se retrouvent parfois à gérer 2 PIAL. Il est indispensable que la mission de coordo soit donnée à un autre personnel lorsque l’ER ne souhaite plus occuper cette mission et qu’un ER n’ait qu’un PIAL à gérer. De même, ils doivent prétendre à une IMP en corrélation avec le travail fourni, lorsqu’on annonce une IMP pour 25 AESH gérés et qu’ils se retrouvent avec 45 à 80 AESH par PIAL à gérer, il est normal qu’une autre indemnité leur soit proposée.

Nous l’avons dit en amont, les besoins ne cessent de croître, les notifications pleuvent parfois à tort. En effet, des équipes éducatives réclament des notifications MDPH car se retrouvent désemparées face aux comportements de certains élèves. Cette attitude révèle en fait un manque criant de formations (initiale et continue) aux troubles de l’enfant. La méconnaissance des personnels et leurs difficultés au quotidien est un triste constat. Il est nécessaire de proposer aux enseignants une formation adaptée permettant de prendre en charge les besoins particuliers de ces élèves. A titre d’exemple, nous avons eu l’occasion d’aller visiter une école en REP dans le cadre du CSHCT, tous les collègues entretenus nous ont fait par de ce manque, de leur constat de ne pas savoir gérer et d’être abandonnés par leur hiérarchie pour la gestion des EBEP. Que faire face à la violence d’un élève ? Comment réagir à tel ou tel comportement perturbateur ? La présence d’un AESH n’est pas forcément la solution, il faut « armer » les personnels pour que l’Ecole Inclusive devienne une réussite.

Nous rajouterons également qu’il est plus que nécessaire d’augmenter le nombre de places en ESMS. Il n’est pas normal que des élèves devant bénéficier d’un parcours de soins spécifiques se retrouvent en attente en ULIS faute de places en IME ou ITEP, c’est mettre en difficulté les équipes et c’est mettre en souffrance les élèves qui ne reçoivent pas ce dont ils ont besoin.

 

Autre sujet que nous souhaitons aborder avec vous aujourd’hui, l’attractivité de nos métiers.

Nous le constatons avec regret, voilà maintenant 2 ans que nous avons recours aux contractuels 1er degré dans le département. Notre métier ne fait plus rêver, il faut réellement s’interroger sur les raisons d’un tel manque d’attractivité ?

Serait-ce la faute d’une rémunération insuffisante ? Avoir Bac+5 et démarrer à 1400 euros, cela ne fait envie à personne. Pour comparaison, nous avons eu l’occasion de discuter avec une enseignante certifiée avec 20 ans de carrière, et bien, sa fille qui sortira à la fin de l’année à bac+5 d’une école d’ingénieur aura le même salaire qu’elle qui enseigne depuis 20 ans dans un collège. Trouvez-vous cela cohérent ?

Serait-ce la faute aux conditions de travail qui sont de plus en plus insatisfaisantes ? des réformes à mettre en place au pas de course, des heures et des heures de travail de concertation, de travail en équipe, de montage de projets, d’auto évaluation des écoles, des tâches toujours plus nombreuses, des listes de missions qui ne cessent de s’allonger….

Notre baromètre des métiers de l’Education montre chaque année que le métier d’enseignant s’éloigne de l’idéal de réussite. En Dordogne, les tendances nationales sont confortées, nous aimons notre métier mais nous ne le recommandons plus. Nous ne nous sentons pas reconnus, ni respectés. Notre pouvoir d’achat est en berne, les perspectives de carrière sont insuffisantes. Notre état d’esprit aujourd’hui se caractérise par des mots forts négatifs : fatigue, colère, incertitude, résignation. Il faut l’entendre, Monsieur le Ministre, la profession va mal et pourtant ce sont nous qui construisons la société de demain, c’est nous qui éduquons les citoyens de demain. Il faut nous donner les moyens de ces défis en nous permettant d’exercer notre métier dans des conditions dignes et épanouissantes.

A ce titre, il est inconcevable que notre Ministère ne soit pas doté d’une réelle médecine du travail.

L'Éducation nationale est un désert médical. Pourtant, la médecine de prévention représente un enjeu crucial pour l'expertise des conditions de travail, d'hygiène et de sécurité, la prévention de l'altération de l'état de santé des personnels, la surveillance médicale. Aussi, le SE-Unsa exige :

- pour tous les personnels, des visites médicales respectant la périodicité légale ;

- sur chaque territoire, la mise en place d'une équipe pluriprofessionnelle de santé

(médecins, infirmiers, psychologues du travail…) à hauteur des besoins ;

- une mise en oeuvre effective de la prévention primaire, notamment dans le cadre plus

large d'actions d'information et de formation.

 

Enfin, nous voulions également évoquer l’offre éducative en milieu rural.

Notre département très rural et relativement étendu géographiquement doit permettre à tous de bénéficier d’une éducation de qualité et de proximité, de profiter d’infrastructures diversifiées, de découvrir la culture, de pratiquer le sport. L’Ecole doit lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. La crainte de perte des services publics dans nos petites communes est réelle et la crise que nous vivons ne fait qu’accroître cette peur. Notre démographie scolaire est en berne, chaque année nous perdons des centaines d’élèves. L’école en milieu rural est naturellement consommatrice de moyens de carte scolaire pour assurer un maillage du territoire. Mais voilà d’années en années, les dotations négatives en termes de moyens entrainent des arbitrages très délicats. Quelle stratégie adopter ? Maintenir coûte que coûte une école en milieu rural au détriment d’autres moyens tels que les supports RASED ou de remplacement ? Cette balance est impossible pour nous. Nous reconnaissons volontiers la nécessité de retravailler le maillage territorial mais nous ne pouvons cautionner les suppressions de postes « hors la classe » qui sont tout aussi nécessaires au bon fonctionnement de notre école au quotidien. C’est pourquoi nous réclamons chaque année que des moyens supplémentaires soient alloués pour ne pas avoir à mener une politique de choix, car choisir c’est déjà renoncer. En abordant ces postes hors la classe et notamment les RASED, il n’est pas normal que chaque année les enveloppes contraintes ne permettent pas à ces personnels de rembourser leurs frais kilométriques sur l’ensemble de l’année scolaire. Le SE-Unsa exige que tout personnel ayant à se déplacer dans le cadre de ses missions soit indemnisé à la hauteur des dépenses engagées et qu'un état de remboursement détaillé lui soit fourni dans des délais raisonnables, selon les mêmes modalités, quelle que soit sa catégorie.

 

Nous vous remercions pour votre écoute et d’avoir bien accepté de nous recevoir.