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SE-UNSA 13


 Par SE-UNSA 13
 Le  vendredi 2 septembre 2011

Rythmes scolaires, dossier empoisonné pour 2012 ?

 

Que fera Luc Chatel du rapport d’orientation sur les rythmes scolaires que lui a remis le 4 juillet le comité de pilotage de la conférence sur les rythmes ? Les médias ont annoncé la mort de la semaine de 4 jours et la fin des 2 mois de vacances d’été. Mais le ministre s’est montré beaucoup plus prudent.

Il faut dire que le sujet est complexe et de nature à générer des mécontentements, et pas uniquement chez les enseignants. Collectivités territoriales, associations d’éducation populaire, industriels et artisans du tourisme, familles… la liste est longue. Sans compter que pour faire passer la pilule d’un allongement de l’année scolaire, il faudrait accepter des compensations pour les enseignants. De plus, restructurer la journée de classe en réduisant sa durée et en instituant partout 2h d’accompagnement éducatif coûterait fort cher.
À l’heure où la rigueur budgétaire semble s’imposer à tous, on voit bien que ces évolutions, au demeurant intéressantes si elles forment un tout, ont peu de chance de voir le jour. Et à la présidence de la République, on freine des quatre fers à la veille de l’ouverture de la campagne électorale des présidentielles.

Le rapport a le mérite de mettre en évidence la complexité du dossier et de faire des propositions qui peuvent servir de base de discussion. Il peut contribuer à faire évoluer les positions des uns et des autres à condition qu’un minimum de confiance puisse exister entre les parties. Mieux respecter les rythmes des enfants et des jeunes, sans léser les professionnels de l’éducation, sans chercher à récupérer des moyens ni effectuer des transferts de charges massifs vers les collectivités territoriales, sans affecter gravement l’économie tout en tenant compte des évolutions sociétales, voilà la ligne que le ministre doit se fixer s’il veut réellement faire avancer le dossier.

Le SE-Unsa analyse les différentes propositions et pose toutes les questions qu’elles soulèvent.

Les 10 propositions du Comité sur les rythmes scolaires

Analyses et questions

La journée La journée : "moins lourde, mais pas moins longue"

1) Amplitude journalière identique pour tous les écoliers et collégiens : 7 heures au moins, 8h30 pour ceux qui ne rentrent pas déjeuner chez eux.

Horaires d’entrée et de sortie fixes et réguliers : 8h3017h par exemple

1) La proposition crée un ensemble école-collège en cohérence avec le socle commun. La régularité (toutes les journées ont le même poids) est mise en avant. C’est un point important pour le collège où les élèves sont parfois confrontés à des journées très lourdes (8 heures d’enseignement) et d’autres journées « à trous ». Cette proposition aura un impact sur les emplois du temps des enseignants dont les « vœux » passeront après l’équilibre de la semaine pour les élèves. Pour être mise en œuvre, il faudrait aussi dépasser la stricte rigueur budgétaire qui oblige à multiplier les compléments de service.


2) Limitation de la durée totale des cours :

5 heures par jour à l’école élémentaire et pour les deux premières années de collège,

6 heures par jour en classe de 4e et de 3e

2) Dans une journée de 7 heures au moins, les élèves ne peuvent avoir plus de 5 ou 6 heures d’enseignement stricto sensu : on se rapproche ainsi des préconisations des experts qui évaluent entre 4 et 6 heures le temps disponible chez chaque enfant pour des apprentissages à haute exigence cognitive. L’aide individualisée, elle, basculerait dans l’accompagnement éducatif.

3) 1 à 2 heures par jour d’accompagnement éducatif pour tous :

- 2 heures par jour à l’école et en classe de 6e et de 5e au collège

- 1 heure en classe de 4e et de 3e

3) La mesure institutionnalise l’accompagnement éducatif tout au long de la scolarité obligatoire. Ce qui n’est pas dit, c’est qui prend en charge cet accompagnement. L’Etat ? Les collectivités ? Les deux ? Les enseignants, dans leur service, en heures sup ? Des animateurs ? Les deux ? Les enseignants ne peuvent pas voir se multiplier ainsi les heures (même en heures supplémentaires) et les contraintes (amplitude de la journée + augmentation du nombre de demi-journées + raccourcissement des vacances.


4) Pause méridienne qui ne peut être inférieure à 1h30 en principe à l’école et au collège, que les élèves rentrent chez eux ou non

4) Une exigence forte de la FCPE, sur les conseils des experts : pas de repas bâclés, avalés à toute vitesse et un vrai temps de vie à l’école et au collège. Question : qui prend en charge l’animation, la surveillance de ce temps ? Les équipes de vie scolaire dans les collèges seront-elles renforcées ? Quelles aides au financement pour les communes qui organisent l’accueil et la restauration scolaire ? Quelle formation pour ces personnels pour une pause de qualité ?

 
La semaine La semaine

5) Étalement de la semaine sur au moins 9 demi-journées, dont, à l’école élémentaire, une demi-journée supplémentaire de trois heures d’enseignement (le mercredi ou le samedi)

5) C’est "la" mesure sur laquelle se focalise l’attention des médias ! elle répond à l’intérêt des enfants, c’est incontestable. Et les enseignants le savent. Pour autant, ils ne sont pas prêts à accepter de renoncer au seul "acquis" - même si c’est un cadeau empoisonné- depuis l’arrivée de Sarkozy à la présidence alors qu’ils sont soumis à rude épreuve. Le retour à 9 demi-journées, si il a lieu, devra s’accompagner d’avancées substantielles par ailleurs (allègement réel de la journée, amélioration de la rémunération de tous).

6) Limitation de la durée hebdomadaire d’enseignement : 23 heures à l’école élémentaire et pour les deux premières années de collège

6) Ce petit allègement horaire équilibre tout juste l’allongement de l’année pour un maintien du volume global

 
L’année L’année : une répartition des temps plus régulière

7) Une année organisée en 38 semaines d’école et séquencée en 5 périodes d’enseignement d’une durée comprise entre 7 et 8 semaines :

- 8 semaines de petites vacances sur 4 périodes de 2 semaines

- 6 semaines de vacances d’été

7) L’autre mesure-phare dans les médias, retenue celle-là par Luc Chatel pour une mise en œuvre en 2013 (autant dire après les calendes grecques, puisqu’après les élections). Là aussi, il est incontestable que les vacances d’été t relativement longues obligent à une surcharge hebdomadaire.
Le rapport n’aborde pas l’obstacle du bac qui peut difficilement être retardé et oblige les lycées à s’arrêter bien avant la date des vacances.
Par ailleurs, veiller à un équilibre 7/2 est une nécessité qui se heurterait à une zonage des vacances d’été.

8) Une organisation concertée et régulière, sur la semaine et sur l’année, pour les travaux et contrôles demandés aux élèves, notamment au lycée

8) Une mesure qui devrait déjà fonctionner...


9) Une division de la France en 3 zones pour toutes les vacances sauf celles de Noël. Une plage commune est maintenue pour l’ensemble des zones entre le 13 juillet et le 16 août

9) Le zonage de toutes les vacances est la seule façon de prendre en compte les intérêts économiques et de respecter une année équilibrée. Le Comité fait toutefois l’impasse sur la question du bac et de ses épreuves nationales.
Par ailleurs comment mettre en œuvre un zonage des vacances d’été sans fixer définitivement l’ordre des départs en vacances de ces zones ? On ne peut pas finir plus tard et reprendre plus tôt...

 

Un partenariat modernisé

 

10) Une gouvernance et un partenariat renouvelés entre l’État et les collectivités territoriales, les enseignants, les familles, les établissements nationaux, les associations

Un partenariat modernisé

 

10) Le dossier doit être l’occasion de remettre à plat la répartition des compétences et de mettre en œuvre des démarches de contractualisation qui assurent la pérennité des dispositifs. Un tableau p.34 du rapport synthétise les niveaux de décision qui pourraient être retenus. Le Comité soulève la question de la direction d’école et de la reconnaissance institutionnelle du rôle du directeur.