A l'âme supposée de la France opposons les principes de la République. Quand un ancien Président de la République écrit qu'avec le meurtre du prêtre de Saint-Etienne du Rouvray par un extrémiste se réclamant de l'islam, "c'est aussi l'âme de la France qu'on assassine", cela pose question. Pourquoi ne l'a-t-il pas écrit lors des attentats contre Charlie-hebdo, en novembre à Paris ou encore en juillet à Nice ? L'âme de la France n'était-elle pas alors atteinte ? Et d'ailleurs de quelle France parle-t-il : celle du baptême de Clovis, lui qui évoque si souvent les racines chrétiennes de notre pays ou celle de la loi de1905 ? Celle du vieil Hugo tonnant de son exil ou celle de Monsieur Thiers qui a dit qu'on les fusille en parlant des communards, comme le chantait le poète? Celle du Maréchal Pétain ou celle du préfet républicain Jean Moulin?

Nous ne doutons pas des choix et des réponses de quelqu'un qui pense que les valeurs du prêtre sont supérieures à celles de l'instituteur.

Mais la question n'est pas là : elle est celle de notre possibilité de vivre ensemble, celle qui s'enracine dans les principes de la République. Ils nous sont clairement indiqués par la Déclaration des droits de l'homme qui figure en prologue de notre constitution : la liberté et l'égalité qui se déclinent en liberté d'expression et de conscience ainsi qu'en droit à la sûreté, droit d'être protégé des menaces d'autrui comme de celles de l'Etat.

Ainsi en assassinant le prêtre de Saint-Etienne du R, c'est à sa liberté de conscience et à son droit à la sûreté, en d'autres mots, c'est aux principes de la République que l'on s'est attaqués.

Hubert Jeambenoit