Semaine olympique et paralympique 2024 : derrière la promotion des Jeux, une réalité moins attrayante pour les enseignants
Article publié le vendredi 5 avril 2024.
La
huitième édition de la semaine olympique et paralympique (SOP) a lieu
du 2 au 6 avril 2024. Elle se tient dans un contexte difficile pour les
professeurs des écoles et les enseignants d’EPS, très sollicités sur
l’événement sans pour autant en retirer la considération attendue.
SOP 2024 : célébrer les Jeux et les athlètes du monde entier… mais dans quel intérêt ?
Le
ministère de l’Éducation nationale et celui des Sports ont mis les
bouchées doubles pour promouvoir les Jeux à l’École pour la dernière
ligne droite avant leur tenue officielle l’été prochain. Après avoir mis
l’inclusion à l’honneur dans sa précédente édition, la SOP 2024 célèbre
cette année les athlètes du monde entier. Un thème qui peut interroger
car plutôt éloigné des préoccupations des élèves et de leurs
enseignants.
Comme
chaque année depuis huit ans, les enseignant·es et leurs élèves sont
invité·es à construire des projets et des événements en s’appuyant sur
les ressources fournies notamment par la plateforme Génération 2024.
Le livret de la SOP ne dit pas sur quel temps les enseignant·es vont
construire ces projets, ni avec quels moyens. Beaucoup y auront sans
doute renoncé faute d’équipements et d’infrastructures adaptés.
Pour
celles et ceux qui seront allés au bout de l’événement, on peut
s’interroger sur la dimension pédagogique de la SOP, qui se rapproche
davantage d’une Ă©nième opĂ©ration de communication ministĂ©rielle visant Ă
promouvoir les Jeux olympiques et paralympiques, plutôt que d’une
volonté de renforcer le rôle de l’École dans l’éducation par le sport et
d’assurer ainsi l’héritage des Jeux.
Restrictions budgétaires et dégradation des conditions de travail des enseignants : l’heure n’est pas à la fête
Surtout, cette semaine olympique se tient dans un contexte défavorable aux enseignants : entre les mesures du Choc des savoirs qui
promettent de dégrader leurs conditions de travail et les coupes
budgétaires qui ne leur permettront pas d’appliquer les réformes, les
Jeux et leur promotion massive ne suffiront pas Ă redonner le sourire Ă
l’École.
Il est
également utile de pointer les contradictions d’une volonté politique
d’accroître et de favoriser la pratique physique et sportive des jeunes
au moment où le ministère des Sports est contraint de réduire les aides
prévues pour 1 500 équipements sportifs destinés aux cours d’école, afin
de ne pas toucher au budget allouĂ© aux JOP… Mettre l’École Ă
contribution pour promouvoir les JOP tout en la privant des moyens de
faire exister en son sein la pratique physique et sportive si chère au
ministère, c’est là un paradoxe qui suscite la stupeur autant que
l’agacement. Les écoles et établissements labellisés Génération 2024 dans l’espoir d’obtenir ces moyens supplémentaires apprécieront...
Permettre
aux élèves de bénéficier d’infrastructures décentes et en faciliter
l’accès doit être la priorité du ministère, au-delà de l’attrait suscité
par les JOP, dont il ne restera plus grand-chose après 2024.
L’avis du SE-Unsa
Cette
Semaine olympique et paralympique est le point d’orgue d’une opération
de communication ministérielle autour d’un événement qui sert de
prétexte pour promouvoir la pratique physique et sportive des jeunes
plutôt que de la favoriser, à l’image de dispositifs cosmétiques tels
que les 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école et les 2h hebdomadaires supplémentaires d’activité physique et sportive pour les collégiens, qui sont loin de remporter le succès escompté.
Cette
communication fourre-tout ne fait qu’accentuer la confusion entre EPS
(dont il n’est jamais question), sport scolaire et sport en club, dont
les attendus ne sont pas les mĂŞmes. Que restera-t-il de cet engouement
après 2024 ? Seul·es les professeur·es des écoles et les enseignant·es
d’EPS, en professionnel·les de l’éducation par le sport, seront en
mesure de faire vivre l’héritage des Jeux, à condition que le ministère
leur accorde sa confiance ainsi que de véritables moyens.