Alors que l’établissement parisien Stanislas est au cœur de l’actualité, Médiapart a obtenu le rapport de l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche rendu
en août au ministre Attal. C’était le ministre Ndiaye qui avait
diligenté l’enquête administrative à la suite d’articles de presse et
témoignages de parents mettant en cause l’établissement privé sous
contrat. Ce rapport d’une trentaine de pages est accablant. Il expose un
système scolaire Ă©tabli Ă l’encontre du principe de laĂŻcitĂ©. Face Ă
l’illégalité, le SE-Unsa exige des sanctions !
Des choix idéologiques, des pratiques illégales
Des témoignages d’élèves,
d’enseignants, de parents exposent des dérives inquiétantes. Ils
montrent que les termes du contrat signé avec l’État et qui permet le
financement public (salaire des enseignants, fonctionnement pédagogique
de l’établissement notamment) ne sont pas respectés. Les articles du
Code de l’éducation à respecter sont mentionnés dans le contrat
d’association. La direction ne pouvait donc pas les ignorer. Un exemple,
parmi les nombreux listés dans le rapport, est celui de l’obligation de
l’heure de catĂ©chèse oĂą les aumĂ´niers tiennent des discours contraires Ă
la loi et répréhensibles par le Code pénal. Il y a là un prosélytisme
avéré et une remise en cause du principe de laïcité. Un autre, plus
frĂ©quent dans les Ă©tablissements catholiques, est l’absence d’éducation Ă
la sexualité et des pans de certains programmes de sciences - savamment
choisis - non enseignés.
Un abus du caractère propre
Le
rapport explique également la genèse de cet établissement qui
appartient aujourd’hui à une société anonyme. Il démontre que le caractère propre, non défini par la loi mais par le secrétariat général de l’enseignement catholique (SGEC) lui-même selon son projet éducatif, permet
Ă l’établissement de faire certains choix, parfois contraires aussi Ă
la loi. C’est par exemple le cas de la prédominance masculine, de la
non-mixité voire de la stigmatisation des filles (notamment sur les
règles vestimentaires). Il y a là une discrimination et une manifestation de refus des valeurs de la République* à travers la remise en cause de l’égalité filles/garçons.
L’avis du SE-Unsa
Ce
rapport liste donc tout un ensemble d’atteintes à la laïcité et aux
valeurs de la République organisées par l’établissement lui-même alors
qu’il a signé un contrat avec l’État depuis de (trop ?) nombreuses
années.
Le SE-Unsa dénonce un
soutien financier et politique de l’État au bénéfice d’un système qui
détruit les valeurs même de son pays !
Le
décret d’août 2023 visant à lutter contre le harcèlement et les
atteintes Ă la laĂŻcitĂ© demande Ă ce que des sanctions soient prises Ă
l’encontre des auteurs de ces atteintes. Face Ă l’illĂ©galitĂ©, face Ă
l’usurpation de l’argent public, le SE-Unsa exige de toute urgence :
- la fin du contrat entre l’État et Stanislas ;
- le contrôle de tous les établissements privés sous contrat afin d’attester leur respect des termes du contrat d’association avec l’État et la rupture immédiate du contrat en cas de non-respect des engagements.
Le ministre Attal s’était engagé à de la rigueur à ce sujet. Après les engagements, il faut passer aux actes.
* Type d’atteinte enregistré dans le formulaire de
remontées des atteintes par les personnels d’encadrement ou
directeur·trices d’école.