Une nouvelle circulaire*,
annoncée au BOEN du 21 décembre 2023, présente les modalités
d’aménagement scolaire permettant le renforcement de la pratique
sportive des élèves. Elle acte la disparition des sections d’excellence
sportive, remplacées par les dispositifs sport-études qui avaient été
annoncés à la rentrée.
Une vision de la pratique sportive en accord avec les objectifs présidentiels
À l’approche des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) et en accord avec l’objectif présidentiel de faire de la France une nation sportive,
notamment en renforçant la pratique physique et sportive de tous les
jeunes, la nouvelle circulaire met en avant la dimension sociale et
sanitaire de la pratique sportive qui constitue un facteur de bien-être, de bonne santé et de réussite et joue un rôle reconnu d’insertion sociale.
Loin de réserver la pratique sportive à une élite, la circulaire entend
la généraliser dans le premier comme dans le second degré.
Ainsi, une fois n’est pas coutume, le sport scolaire est-il mentionné dès le préambule, à travers l’Usep (pour le 1er degré), l’UNSS (pour le 2d degré) et l’UGSEL (pour l’enseignement privé sous contrat), toutes nommées. À noter que l’Usep et le sport scolaire du 1er degré n’étaient pas nommés dans la précédente circulaire. De plus, le texte semble suggérer que la pratique sportive complémentaire volontaire des élèves du 1er degré est directement associée à l’Usep, sans qu’il soit fait mention des alliances éducatives qui
représentent pourtant une potentielle concurrence. Un double discours
auquel, malheureusement, le ministère nous a souvent habitués.
Sections sportives scolaires (SSS) : la pratique sportive pour tous
Si
les modalités de création, de fonctionnement et d’évaluation des
sections sportives sont inchangées, l’esprit qui les gouverne se doit
désormais d’être conduit par une volonté d’ouverture. L’objectif de
former des sportifs de haut niveau n’est plus le seul à atteindre. Il
est clairement établi que les SSS participent activement au développement d’un projet d’éducation par le sport, contribuent
à promouvoir la santé, l’égalité entre les filles et les garçons, les
valeurs du sport, et peuvent avoir une incidence positive sur les
résultats scolaires et le climat scolaire, favorisent […] l’insertion sociale, en lien avec l’éducation prioritaire ou dans les territoires éducatifs ruraux.
Les sections sportives doivent Ă©galement veiller Ă renforcer
une éducation par le sport, avec un accent spécifique porté sur
l’inclusion des élèves à besoins éducatifs particuliers, le
développement de la mixité, la persévérance scolaire, l’accès du sport
au plus grand nombre, la santé des jeunes. Ainsi, les chefs
d’établissement sont vivement encouragés à déposer des projets
d’ouverture de SSS et à en faire la promotion auprès des familles.
Enfin, l’association sportive voit son importance accrue, puisque les élèves inscrits en SSS sont vivement encouragés à y adhérer, quand ils y étaient seulement invités par le passé.
Dispositifs sport-études : faciliter le parcours scolaire des élèves sportifs
Ces nouveaux dispositifs, s’ils se destinent davantage à des élèves pratiquant déjà une activité sportive, s’adressent de
manière égale aux filles et aux garçons, ainsi qu’aux élèves sportifs
valides et aux élèves parasportifs avec un haut potentiel et aux élèves
parasportifs de haut niveau. Les JOP auront au moins eu le mérite
de remettre en avant l’égalité filles-garçons et le sport partagé, ce
que nous accueillons favorablement.
Les
dispositifs sport-Ă©tudes proposent une double organisation : la classe
sport-études, implantée dans un collège ou un lycée, ou l’aménagement
individuel sport-études destiné uniquement aux élèves ne pouvant
rejoindre la classe sport-études en raison de la distance ou aux élèves
d’école élémentaire pratiquant un sport à développement précoce.
C’est
le recteur d’académie qui décide de l’ouverture d’une classe
sport-études après avis du comité de pilotage académique du sport de
haut niveau (CPASHN) et du conseil d’administration. Elle concerne un
même niveau scolaire et accueille des élèves pratiquant des sports
différents. La coordination du dispositif et le suivi des élèves sont
assurés par un enseignant d’EPS en priorité. Les candidatures des élèves
sont examinées selon trois éléments : le niveau sportif de l’élève, sa
capacité à suivre une scolarité aménagée et le temps de déplacement
entre sa résidence, le lieu d’entraînement et l’établissement. La
commission d’affectation est présidée par le Dasen. Les acquis des
élèves sont portés dans le livret scolaire unique (LSU) et le livret
numérique du lycée (LSL). Le dispositif est évalué, quant à lui, par le
comité de pilotage du sport de haut niveau, nationalement et
académiquement.
L’avis du SE-Unsa
Cette
nouvelle circulaire, bien plus détaillée que la précédente, a le mérite
de proposer une généralisation de l’offre sportive en lien avec le
parcours scolaire de tous les élèves, en prônant la mixité, l’égalité et
l’inclusion.
Concernant
les sections sportives scolaires, peu de modifications sont relevées,
mais on déplore la disparition du cahier des charges, synthétique et
utile. On regrette également qu’il ne soit pas prévu une valorisation
plus grande pour l’élève inscrit en SSS qu’une appréciation qui peut être portée sur le bulletin trimestriel ou le livret scolaire de l’élève. Au lycée, l’élève peut faire mention de son parcours sportif dans le cadre de la procédure d’affectation dans l’enseignement supérieur. C’est peu.
Le
dispositif sport-études, s’il concerne des élèves déjà engagés dans un
parcours sportif, se caractérise par sa volonté d’ouverture (notamment
aux élèves porteurs d’un handicap) et son adaptabilité, avec la
possibilité d’un aménagement individuel. Les modalités, notamment les
possibilités de partenariat, sont plus claires que celles qui
régissaient les sections d’excellence sportive.
Le
SE-Unsa souhaite qu’un lien plus systématique soit établi entre le
sport scolaire et la section sportive et qu’il soit donnĂ© les moyens Ă
l’Usep de se développer sans autre forme de concurrence, afin que
l’offre ministérielle bénéficie également au premier degré.
Enfin,
après les annonces du « choc des savoirs » qui impliquent un
renforcement du français et des mathématiques dans le parcours scolaire
des élèves les plus en difficultés et remettent la sélection au goût du
jour dès le collège, il est Ă craindre que cette offre ne profite qu’Ă
certains.