Article publié le samedi 17 juin 2023.
Cinq
ans après son enquête auprès des personnels sur la laïcité à l’École,
le Comité national d’action laïque (Cnal), dont le SE-Unsa est membre, a
organisé, le jeudi 15 juin à Montpellier, un colloque intitulé « La
Laïcité et l’Ecole : état des lieux et moyens d’agir », nourri d’une
nouvelle enquête IFOP.
Sur
la base de l’enquête IFOP 2023 menée auprès d’un échantillon de 650
enseignants, mais aussi du comparatif établi avec l’enquête de 2018, les
travaux du Cnal ont permis de faire un état des lieux de l’enseignement
de la laïcité à l’École et de son appropriation par les élèves et les
personnels dans leur quotidien.
Un
ensemble d’auditions d’experts dans les domaines de l’éducation et de
la laïcité à l’École a également été effectué au premier trimestre 2023.
Ces travaux nous amènent à retenir plusieurs enseignements.
Une définition de la laïcité à ancrer et partager
Les
idées fausses sur le principe de laïcité augmentent de façon
significative. Ces conceptions erronées n’aident évidemment pas à ce que
le principe soit clairement défini au sein des classes et dans les
établissements. L’idée par exemple que la laïcité serait un outil contre
les religions inonde les discours médiatiques qui tentent de dramatiser
les questions liées à la laïcité. Il en découle chez les personnels un
positionnement complexe malgré une formation continue mise en place qui
est appréciée.
Des actions en faveur de la laïcité à soutenir
La
pédagogie de la laïcité devrait permettre de travailler sur l’éducation
à la responsabilité et donc tendre à développer la citoyenneté. Or les
personnels reconnaissent que leurs élèves sont peu sollicités pour
travailler au sein des établissements (surtout au collège) sur le sujet
de la laïcité. Ils expriment de plus en plus de prudence.
Des obstacles à surmonter collectivement
La transmission
du principe de laïcité est une « odyssée scolaire » tant les obstacles
sont nombreux : méconnaissance du fond de la loi de 2004 et
instrumentalisation de faits sociétaux pour cibler certaines pratiques
religieuses, assassinat de Samuel Paty, manque de mixité sociale et
accroissement des inégalités scolaires… Ces éléments ne facilitent pas
la tâche aux personnels qui doivent malgré tout faire vivre les valeurs
de la République. Un engagement des élus de la République est essentiel
en matière de mixité sociale. L’École est au cœur de toute la société
mais elle ne peut pas tout, seule.
Un investissement à valoriser
Les
personnels qui portent des projets, défendent ces valeurs et
transmettent le principe de laïcité au sein des classes estiment ne pas
être suffisamment valorisés en termes de carrière et de rémunération.
Leur investissement doit être reconnu et mis en avant pour l’avancement
et sur le salaire notamment.
L’avis du SE-Unsa
Pour
le SE-Unsa, une formation des personnels plus concrète et axée sur la
lecture de la loi, des espaces de partages sur la définition du principe
de laïcité et sur les actions mises en place pour dépasser les
difficultés, les choix des élus en matière de mixité sociale à l’École,
sont quelques-unes des nombreuses propositions à entendre, acter et
mettre en place.
Le SE-Unsa,
comme il l’a toujours fait, continuera d’œuvrer inlassablement pour que
l’École publique et laïque, pilier de notre démocratie, incarne et
transmette cette indispensable liberté de conscience à nos élèves et nos
jeunes qui en fera des citoyens de demain libres et éclairés.
Le Cnal est constitué du SE-Unsa, de l’UNSA Éducation, de la Ligue de l’Enseignement, des DDEN et de la FCPE.