Santé mentale dégradée des adolescents : vite un CPE...
Article publié le mardi 30 mai 2023.
En
réponse à la situation de santé scolaire et mentale dégradée des
adolescents, Pap Ndiaye a trouvé la solution magique : un numéro vert
dans le carnet de correspondance et une formation à la santé mentale
pour les personnels de vie scolaire et les CPE dès la rentrée prochaine.
Toujours le même refrain…
Les
ministres se suivent et se ressemblent, et c’est épuisant. Les CPE ne
sont jamais reconnus dans leurs missions. Sauf quand il s’agit de
trouver des solutions Ă tous les maux. On se souvient de la crise
sanitaire pendant laquelle les CPE et les AED ont été au four et au
moulin. Sans aucune gratification, ni mĂŞme un merci. Ils en sont sortis
au bord de l’épuisement professionnel malgré nos multiples alertes, sans
aucune reconnaissance.
Le ministre ne s’adresse d’ailleurs qu’aux enseignants dans toutes ses communications.
Un constat inquiétant
Aujourd’hui,
le ministre fait le constat amer de la politique gouvernementale menée
depuis un certain nombre d’années. Les établissements manquent
cruellement de PsyEN, d’infirmières scolaires et de médecins scolaires.
La prise en charge médicale et mentale des adolescents est réduite comme
une peau de chagrin. Les professionnels manquent Ă l’appel. Comme Ă
chaque fois qu’il y a une tension dans les établissements, ce sont les
personnels de vie scolaire qui vont être sollicités.
La
santé mentale des adolescents est un sujet commun à tous les
personnels. Les cours de psychologie de l’adolescent devraient faire
partie de tous les cursus de formation des enseignants.
Enfoncer des portes ouvertes
Dans
la vraie vie, les CPE repèrent et détectent déjà les états de fragilité
et de difficultés des élèves. C’est leur quotidien de faire de la
prévention. Ils sont l’interface entre tous les intervenants de la
communauté éducative. Lorsqu’ils repèrent un élève en difficulté, ils
l’aiguillent vers le service approprié (infirmière, médecin scolaire,
PsyEN, assistante sociale, point accueil écoute, etc). Régulièrement,
ils sont amenés à prendre en charge ces élèves fragilisés, car ces
personnels sont en nombre insuffisant…
Notre
campagne rendre visibles les « Invisibles ? » pendant la Covid a eu
pour cible de sensibiliser tous les personnels au métier de CPE. Il va
falloir recommencer…
Vis ma vie de PsyEN
Aujourd’hui,
le ministre décide de transférer une partie des compétences des PsyEN
aux vies scolaires et aux CPE. Si les CPE, selon la circulaire de
missions de 2015, doivent placer les adolescents dans les meilleures
conditions de vie individuelle et collective, de réussite scolaire et
d’épanouissement personnel, ils ne sont pas des professionnels de
la santé mentale. Une simple formation ne résoudra pas le problème. De
plus, cela va encore alourdir la charge de travail des personnels de vie
scolaire et des CPE.
L’avis du SE-Unsa
Pour
le SE-Unsa, il est urgent que chacun puisse exercer ses missions
sereinement et dans son champ de compétences. L’Éducation nationale a
besoin de PsyEN, de médecins, d’infirmières pour faire de la prévention
et détecter les difficultés médicales et psychologiques des élèves.
La
formation que propose le ministre doit se situer en amont de la prise
de fonction, c’est-à -dire lors de la formation initiale. Il tente encore
une fois de colmater les brèches en utilisant les personnels de vie
scolaire comme variables d’ajustement.
La
santé mentale de nos adolescents est dégradée et inquiétante. Elle
mérite une prise en charge par des professionnels dont c’est le métier
et pas seulement d’un numéro vert et d’un CPE.