Article publié le vendredi 21 avril 2023.
Si vous voulez de l’argent en plus, méritez-le !
On
pourrait résumer ainsi la faible considération dont font l’objet les
personnels de l’éducation. Alors que la profession est mal rémunérée au
regard du niveau de diplôme exigé, de la charge de travail et des
conditions d’exercice, il est somme toute assez cynique
d’instrumentaliser le réel besoin d’augmentation des rémunérations des
personnels, impactés de plein fouet par le recul de leur pouvoir
d’achat, pour mettre en œuvre au sein de l’Éducation nationale le travailler plus pour gagner plus.
Pourtant,
c’est bien ce qui est en train de se jouer et, finalement, le président
pense avoir trouvé la solution miracle pour résoudre les problèmes de
remplacement et améliorer le système éducatif.
Au-delĂ
de l’erreur manifeste de compréhension du président, la mise en œuvre
du pacte va d’une part mettre encore davantage en tension le système
éducatif et d’autre part accroître les inégalités de rémunérations entre
les femmes et les hommes, entre le 1er et le 2d degré, des inégalités qu’il devrait au contraire chercher à réduire.
Le président s’entête dans la stratégie des réponses périphériques pourvu qu’elles conviennent à ses obsessions idéologiques.
Le
pacte prendra la forme d’un engagement volontaire des personnels contre
rémunération. Cette rémunération empile une ou plusieurs
« unitĂ©s-pacte » dont chacune constitue une part fonctionnelle de l’Isae
dans le 1er degré et de l’Isoe dans le 2d degré. Les enseignants volontaires recevront une lettre de mission.
Le pacte dans le 1er degré
Le pacte est conçu comme un Tetris
avec des briques ou « unitĂ©s-pacte » selon la terminologie retenue par
le ministère. Chaque brique a une valeur de 1250 € bruts. Chaque
« unitĂ©-pacte » composera une partie fonctionnelle de l’Isoe et de
l’Isae.
Les
enseignants se portent volontaires et, en fonction des dotations
disponibles, se verront rémunérés à l’issue des missions définies dans
le pacte.
Le SE-Unsa
proposait d’une part que les APC soient sorties des obligations de
services et rémunérées en plus sous forme d’unités-pacte pour celles et
ceux qui souhaitaient les poursuivre. D’autre part, le SE-Unsa demande
la reconnaissance financière, pour tous les enseignants du 1er degré, de la masse de travail supplémentaire induite par la prise en charge des élèves à besoins particuliers.
L’exécutif
a opposé une fin de non-recevoir à ces revendications justes et
légitimes. À la place, il se limite à proposer la rémunération des
heures supplémentaires dans le cadre d’heures de soutien pour les élèves
en difficulté dans le 1er degré, en plus des heures d’APC.
Le SE-Unsa continuera à porter la demande de la suppression des APC des obligations de services des personnels du 1er degré
De plus, la nouvelle heure d’approfondissement et de soutien en maths et en français
au collège, accessible théoriquement aux enseignants des écoles, ignore
la réalité. Ces heures ne sont pas compatibles avec leurs emplois du
temps. La faisabilité sera en conséquence anecdotique et pourtant ce
sont les heures supplémentaires les mieux rémunérées 1250 € bruts pour
18 heures soit 70 € bruts/ heure contre 52 €bruts/heure pour les heures
de Devoirs faits ou de Soutien aux élèves en difficulté, de stage de remise à niveau.
Dans le même temps, le ministère a maintenu son projet de rémunérer l’accompagnement renforcé des élèves à besoins particuliers
dans les écoles, sans que l’on sache comment est opéré le choix de cet
enseignant et en vertu de quelles compétences. Cela revient à nier
légitimité des personnels spécialisés qui ont suivi une formation ad hoc et ont donc validé les compétences avérées pour exercer ces missions.
Sinon,
il restera la possibilité de se porter volontaire pour des projets
« d’innovation pĂ©dagogique » dont le flou laisse prĂ©sager l’usine Ă gaz
en préparation.
Le pacte dans le 2d degré
Le Tetris se joue aussi dans le second degré.
Les
missions concernées seront de trois types : missions face à élèves,
accompagnement des élèves à besoins particulier, projets pédagogiques
innovants.
La priorité est d’assurer les remplacements de courte durée et le dispositif heures de consolidations et d’approfondissement en 6e.
Bien qu’il refuse de présenter ces missions comme obligatoires,
prĂ©fĂ©rant parler « d’unitĂ©-pacte indispensable », le ministère fait le
choix de les rĂ©munĂ©rer très avantageusement pour inciter les personnels Ă
s’en saisir.
Ainsi 18 heures de remplacement de courte durée ou d’heures de consolidation et d’approfondissement en 6e seront rémunérés autant que 24 heures de Devoirs faits ou de vacances apprenantes soit 1250€ bruts (près de 70 € bruts/heure).
Le pacte rémunérera également les dispositifs Devoirs faits, les vacances apprenantes et des missions particulières :
- coordination du dispositif découverte des métiers de la 5e à la 3e,
- accompagnement renforcé des élèves à besoins particuliers,
- projet pédagogique et innovant.
Pour le pacte en lycée professionnel, les arbitrages ne sont pas encore rendus.
D’ores
et déjà , la structure envisagée montre que les missions seront très
inégalement réparties entre le collège, le lycée général et
technologique et les lycées professionnels.