SECTION SE-Unsa de l'AIN - 5 BIS AV DES BELGES - 01000 BOURG EN BRESSE
Tél. 04 74 21 25 12 - 01@se-unsa.org

 
Projet de rĂ©forme de la voie professionnelle : plus d’entreprise n’est pas LA solution
Article publié le vendredi 6 janvier 2023.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter
Le Gouvernement a annoncé à la rentrée 2022 la volonté de réformer, une énième fois, la voie professionnelle. L’annonce a de quoi surprendre puisque la précédente réforme, la Transformation de la voie professionnelle (TVP), tout juste achevée, n’a fait l’objet d’aucune évaluation partagée.

La principale information relative Ă  cette « nouvelle rĂ©forme » rĂ©side dans l’engagement du prĂ©sident Macron, lors de sa campagne Ă©lectorale Ă  «  faire du lycĂ©e professionnel une voie d’excellence avec la mĂ©thode qui a rĂ©ussi sur l’apprentissage ». « Les pĂ©riodes passĂ©es en stage en entreprise augmenteront de 50 % et les jeunes seront rĂ©munĂ©rĂ©s », a promis le prĂ©sident candidat.
 
Pour l’ensemble des syndicats de l’UNSA Éducation concernĂ©s par la voie professionnelle, cette annonce apparaĂ®t comme problĂ©matique car elle propose une modalitĂ© pĂ©dagogique, le stage en entreprise (PFMP) gratifiĂ©, pour l’ériger de fait, sans concertation, de manière idĂ©ologique, en solution Ă  une problĂ©matique : le dĂ©crochage scolaire et le constat de plus de 100.000 jeunes sans diplĂ´me et sans emploi au sortir de leur formation initiale alors qu’il y a en parallèle un besoin immĂ©diat de recrutement dans les secteurs en tension.
 
D’une part, le phénomène très large des jeunes sans diplôme et sans emploi ne saurait être la seule responsabilité de la voie professionnelle scolaire puisque celle-ci s’attache à donner une formation initiale complète (savoirs généraux, savoir-être, enseignement théorique professionnel, immersion en entreprise) et diplômante à des élèves n’ayant pas encore 18 ans, leur offrant de nombreux débouchés. Elle leur permet ainsi d’aller directement à l’emploi ou d’engager une poursuite d’études supérieures avec des taux d’insertion dans l’emploi allant jusqu’à deux tiers d’une même cohorte deux ans après le diplôme. Après quelques années de vie active, cette voie leur permet de se réorienter et de développer de nouvelles compétences grâce aux acquis du lycée, ce qui n’est certainement pas synonyme d’échec en matière d’accomplissement personnel et professionnel.
 
Ces rĂ©sultats sont certainement l’effet de son caractère fortement professionnalisant. Suite Ă  la rĂ©forme de la TVP, plus de 60 % de l’emploi du temps sont consacrĂ©s Ă  l’enseignement professionnel et Ă  l’alternance en entreprise. Si l’on interroge les Ă©quipes pĂ©dagogiques sur l’efficacitĂ© de cette nouvelle architecture de la TVP, elles sont quasiment unanimes Ă  tĂ©moigner qu’on peut faire mieux ; mais que ce n’est pas le « moins » ou le « plus » d’entreprise qui permettrait ce gain. Elles pointent plutĂ´t la nĂ©cessitĂ© d’un accompagnement renforcĂ© tout au long du parcours du jeune pour aider Ă  l’orientation, accompagner les ruptures de parcours et amĂ©liorer l’insertion ainsi qu’un partenariat plus appuyĂ© et systĂ©matisĂ© entre Ă©tablissements et entreprises dans un esprit de responsabilitĂ© partagĂ©e. D’ailleurs, les rĂ©sultats les plus faibles en termes d’insertion des jeunes issue de la voie professionnelle scolaire montrent qu’ils sont trop souvent le fait d’un manque de moyens pĂ©rennes pour assurer un accompagnement continu et favoriser des partenariats de qualitĂ© avec les entreprises.
Cet Ă©lĂ©ment est d’autant plus criant lorsqu’il s’agit des publics les plus fragiles et en grande difficultĂ© de mobilitĂ© (faible indice de position sociale, territoires enclavĂ©s), pĂ©nalisĂ©s par leurs conditions de vie pour construire et mener Ă  bien un projet professionnel en autonomie. La question de « plus d’entreprise » ne rĂ©pond donc pas Ă  leur besoin immĂ©diat et il n’est pas sĂ»r que les petites et moyennes entreprises – les plus nombreuses dans notre pays – soient en capacitĂ© d’accueillir un nombre plus important de ces jeunes qui ont besoin d’un appui plus solide, besoin pour lequel ces TPE-PME-PMI ne sont ni structurĂ©es ni programmĂ©es.
 
L’autre grand trait marquant de l’annonce présidentielle est l’aspiration du système actuel de la voie professionnelle scolaire par l’apprentissage. En témoigne cette promesse de gratification dont nous ne savons rien de très précis pour l’instant. Pour les syndicats de l’UNSA Éducation, l’apprentissage est une autre voie de formation, non concurrente mais complémentaire en termes d’offre. Les établissements publics de la voie professionnelle la connaissent bien car ils accueillent, à côté de la voie scolaire, nombre d’apprentis dans leurs formations. Cette voie est très exigeante et sélective du fait d’un double emploi du temps pour le jeune, académique et salarié d’entreprise, ajouté au fait que ce sont les entreprises qui recrutent les apprentis sur la base de leur motivation professionnelle, de leur profil et de leur capital social. Ces exigences sont difficiles à tenir, ce qui explique en partie le phénomène des ruptures de contrat, phénomène de l’apprentissage à notre avis trop souvent passé sous silence au profit de l’affichage du seul décrochage, très contestable, qu’on impute injustement à la voie professionnelle scolaire.
 
En plus de proposer aussi des formations en apprentissage de qualité, les lycées de la voie professionnelle scolaire représentent alors un filet de sécurité pour nombre d’apprentis décrocheurs qui peuvent ainsi revenir dans un système classique où ils pourront travailler sur les compétences leur faisant défaut et repartir forts d’une motivation et d’une confiance retrouvées.
 
On le voit bien ; la voie professionnelle sous statut scolaire n’est pas l’unique responsable des difficultĂ©s d’insertion comme certains souhaiteraient qu’on la voie. Il est temps que les Ă©lèves et leurs familles en prennent conscience. L’augmentation de la PFMP brandie comme une solution miracle Ă  un problème mal diagnostiquĂ© pourrait s’avĂ©rer contre-productif sur un plan Ă©ducatif et dĂ©sastreux pour les jeunes alors que notre système rĂ©publicain et Ă©galitaire est censĂ© les aider et les faire grandir. Il est impĂ©rieux d’évacuer au plus vite les raccourcis imaginaires et de s’intĂ©resser de près Ă  l’existant pour l’amĂ©liorer. De nombreuses marges de progrès sont possibles, nous l’avons dĂ©jĂ  suggĂ©rĂ© : articulation des temps de formation, tutorat scolaire, aide Ă  la mobilitĂ©, accueil et accompagnement en entreprise etc… Nous en sommes persuadĂ©s, seule l’optimisation de ces facteurs permettront Ă  la voie professionnelle scolaire de mieux insĂ©rer encore et de gagner in fine en reconnaissance. Quant Ă  la relation lycĂ©e-entreprise, si plus d’entreprise n’est pas donc LA solution, dĂ©velopper une meilleure synergie entre ces deux acteurs essentiels permettra une rĂ©elle co-formation.

 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
Cliquez pour agrandir
Prendre un rendez-vous
RDV