Le
ministère de l’Éducation nationale a récemment publié les chiffres
mensuels des atteintes à la laïcité dans l’enseignement public. Une
augmentation des contestations à la loi du 15 mars 2004 y est observée.
Ce
chiffre oscille régulièrement sous la barre des 1000 cas par mois, pour
une population de 10 millions d’élèves des écoles collèges et lycées
publics. C’est très minoritaire mais très préoccupant. Il est toutefois
difficile de savoir si cette hausse correspond Ă une augmentation des
atteintes ou d’une augmentation des remontées de faits qui existaient
mais n’étaient pas signalés.
De
plus, ces chiffres auraient besoin d’être éclairés d’un regard sur les
résolutions apportées par les équipes éducatives, qui sont très
impliquées sur ce sujet.
Dans
tous les cas, quelle que soit la lisibilité de ces indicateurs, ils
confirment la nécessité de déployer résolument les actions prévues en
les complétant de décisions politiques qui dépassent l’enceinte scolaire
publique.
Pour le SE-Unsa, il y a trois leviers complémentaires et nécessaires pour consolider le principe de laïcité :
- le faire respecter en soutenant et formant les personnels dans le traitement des atteintes ;
-
former les personnels aux moyens de faire partager aux élèves ses
enjeux pour penser, choisir et agir librement, et assurer ainsi leur
liberté de conscience ;
- agir
pour plus de mixité sociale à l’École, notamment en direction des
établissements les plus ségrégués, car c’est dans ces établissements que
la revendication religieuse est plus forte.
Il
est urgent de résorber les réservoirs d’entre-soi scolaire, observable
dans les écoles et collèges à haute sélection sociale, mises en évidence
par la récente publication des IPS (indices de position sociale). Cet
entre-soi social et scolaire, dont bénéficie la frange la plus favorisée
de la population s’opère notamment avec la participation décisive de
l’enseignement privé, qui est pourtant est pourtant largement financé
par l’argent public.
D’ailleurs
en ne portant que sur l’enseignement public, les remontées ignorent les
cas de prosélytisme, qui ne sont pas rares dans l’enseignement privé
sous-contrat et peuvent par la suite irriguer l’environnement de
l’ensemble des jeunes. Quant à l’enseignement privé hors contrat,
beaucoup d’élèves y sont tenus éloignés de la connaissance, et même de
l’existence, des valeurs de la République et de la laïcité.
La
lutte contre les atteintes à la laïcité en milieu scolaire demande,
au-delà des réponses de l’institution scolaire, un engagement politique
fort, pour faire Nation à travers l’École.