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SE-UNSA VERSAILLES


 Par SE-UNSA VERSAILLES
 Le  lundi 28 novembre 2016

Ode bouleversante à toutes les femmes

 

à propos d'Ivan Jablonka, Laëtitia ou la fin des hommes, Paris, Seuil, La collection du XXIe siècle, 2016.

                             

    C’est à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, que des réalités parfois dérangeantes ont pu être mis en exergue: 56 % des viols et tentatives ont lieu pendant l’enfance et l’adolescence, le plus souvent, dans la sphère privée. Un sujet de société qu’il est difficile de traiter sans risquer de le banaliser mais qu’il est nécessaire d’aborder, parce qu’il questionne sur l’existence d’une domination masculine sous-jacente.

   Le dernier livre d’Ivan Jablonka, récemment récompensé par le prix Médicis, réussit particulièrement bien cet exercice de style, dont la portée n’est d’ailleurs pas la même lorsqu’il est traité par un homme. À partir d’un fait divers comme tant d’autres, l’auteur pose son regard aiguisé d’historien et de sociologue, sur le vécu d’une jeune femme de 18 ans, enlevée, poignardée et dépecée en janvier  2011, dont il a fallu des semaines pour retrouver le corps. Un drame qui avait pris une ampleur médiatique étonnante entre récupération politique et combat judiciaire, pour finalement mettre à jour une réalité sociale horrifiante. Cependant, c’est bien à la victime qu’lvan Jablonka s’intéresse dans son livre, Laëtitia, qui avait subi jusqu’alors l’impensable dans l’indifférence la plus totale.

   Tout d’abord enfant victime, elle est témoin, avec sa sœur jumelle Jessica, des actes d’un père violent et a souffert de l’absence d’une mère que les coups répétés ont plongé dans la démence. Placées en foyer puis en famille d’accueil, elles vont subir, toutes deux, l’influence perverse et les abus sexuels de leur censé irréprochable père de substitution. Au fil de la lecture, l’ouvrage bouleverse car, sous le fait divers, se dessine une  sourde critique sociale d’un monde qui écrase les femmes. L’historien mène une véritable enquête basée sur des témoignages, des photos et de multiples rapports dont la précision porte parfois au cœur.

   La vie de la victime se dévoile sous nos yeux à l’aube d’une réalité intolérable : une enfance chaotique et instable où la maltraitance et la violence ont été les faits courants d’une existence qui s’est construite dans une société qui n’a pas su la sauver. On notera aussi plus particulièrement les chapitres sur  le parcours scolaire de Laëtitia : elle cumule très tôt les difficultés scolaires, et en marge du système éducatif, elle est ensuite orientée dans l’hôtellerie. L’alternance lui a permis de s’épanouir et de s’affranchir pour un temps du milieu oppressant d’où elle venait. Véritable hommage à Laetitia Perrais, ce livre est également une ode bouleversante à toutes les femmes, à toutes ces femmes maltraitées, violées, tuées.

Pour aller plus loin :

 

Le SE-Unsa et l’Unsa éducation s’engagent clairement dans la lutte contre le sexisme et contre toutes les formes de discrimination faites aux femmes, qui sont bien souvent le support des violences à leur encontre. On trouvera dans la partie "Société" du site Internet du SE-Unsa et dans la partie "égalité femmes-hommes" de celui de l’Unsa éducation le rappel régulier des actions menées dans ce cadre, ainsi que des analyses et des outils utiles pour l’ensemble de la communauté éducative, et au-delà. Car éduquer et agir dans ce domaine doit être l’affaire de toutes et tous !