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SE-UNSA VERSAILLES


 Par SE-UNSA VERSAILLES
 Le  lundi 21 novembre 2016

Comment peut-on encore être progressiste ?

 

à propos de Peter Wagner, Sauver le progrès. Comment rendrel'avenir à nouveau désirable,Paris, La Découverte, 2016. 

 

                               

        Il n'est pas rare que les militant-e-s et les adhérent-e-s du SE-Unsa se définissent comme étant progressistes. Se dire et se sentir progressiste, c’est en quelque sorte la synthèse de notre identité militante, entre défense des valeurs (comme la laïcité, la liberté et l’égalité), recherche de l’émancipation par l’éducation, ou bien encore l’utilisation du réformisme comme système de pensée et comme pratique syndicale. Cependant, il y a une difficulté  à utiliser de tels mots ou de tels concepts : si on cherche à définir plus clairement ce que signifie être progressiste, si on tente de cerner les contours du mot « progrès », on risque de ne pas réussir à expliquer ce que cela recouvre. Le petit livre de Peter Wagner arrive à point nommé pour nous faire réfléchir à l’idée de progrès et pour éviter que se définir progressiste ne soit seulement un slogan vide de sens.

       Il s’agit d’une enquête historique et conceptuelle de l’idée de progrès depuis sa naissance au siècle des Lumières. C’est en effet au 18e siècle que le progrès est devenu une idée d’avenir : cela repose sur la volonté d’une démocratisation et de droits humains toujours plus étendus, sur une abondance matérielle qui permet une meilleure existence, et sur un agir collectif capable d’établir une vie démocratique durable. Mais pour l’auteur, on assiste aujourd’hui à un essoufflement du progrès, voire à son épuisement. Les découvertes scientifiques et techniques ont considérablement  amélioré l’existence de l’humanité, mais ils ont également entraîné de nombreuses catastrophes. Les changements matériels n’ont pas réussi à résoudre les inégalités de la planète. Les innovations sociales et politiques sont freinées par des retours en arrière et par la persistance de tentations non démocratiques. Doit-on alors cesser de croire au progrès ? Les améliorations sont-elles aujourd’hui suffisantes pour accepter le monde tel qu’il est et donc se résigner ? La mission est-elle accomplie ? Dans son livre, Peter Wagner, après avoir fait le constat de cet essoufflement que l’on peut voir chaque jour dans l’actualité, appelle à reconsidérer la question, et montre avec brio qu’il faut au contraire sauver le progrès, en réactiver le contenu, et lui donner de nouvelles bases. Face aux destructions de l’environnement, au règne sans partage du libéralisme économique, aux nouvelles violences entre États ou à l’intérieur des États, il est impératif de considérer que le progrès est un guide pour l’action politique et sociale du présent comme du futur. C’est le seul moyen pour « rendre l’avenir à nouveau désirable » pour reprendre le sous-titre du livre.

         Il s’agit de ne pas succomber au pessimisme, ou de chercher seulement à éviter la régression dans bien des domaines. Non, il importe au contraire de retrouver les moyens d’agir collectivement pour redonner du souffle au progrès. Refonder cette idée, c’est le but de cet ouvrage. Le progrès doit entraîner une libération de soi et une libération collective : l’école et l’éducation ont un grand rôle à jouer dans ce domaine. C’est pourquoi on pourra lire cet ouvrage avec un grand profit. Car oui, on peut encore être progressiste !

Pour aller plus loin

« Sauver le progrès » n’évoque que peu ces questions, mais il est indéniable que pour redonner du souffle à l’idée de progrès, il faut parler de l’école et de l’éducation, en lien avec les questions de société. On trouvera sur le site de l’Unsa éducation, en particulier dans la partie "Sociétés" un ensemble régulièrement actualisé d’informations sur les valeurs défendues et les actions menées. 

L’Unsa éducation a également conçu "Oxygène(s): manifeste pour une nouvelle société éducative et solidaire" où l’idée de progrès est évoquée à plusieurs reprises dans le domaine éducatif et scolaire, mais aussi plus largement dans ses dimensions sociales. Si son contenu peut paraître trop théorique, ce manifeste aide toutefois à définir les contours de l’identité progressiste que nous défendons au sein de la fédération de l’Unsa éducation.