François Dubet, Pierre Merle, Réformer le collège, Paris, PUF, coll. « La vie des idées.fr », 2016, 9 euros.

    Ce petit livre dirigé par François Dubet et Pierre Merle arrive à point nommé en cette rentrée 2016 qui voit la mise en place de la réforme du collège. Six contributions, ainsi qu’un historique du collège depuis les lois Ferry, font le point sur les enjeux et les difficultés de cette nécessaire réforme. On ne trouvera pas dans ce livre des idées sur la mise en place concrète et pratique du dispositif, mais des positions fortes qui expliquent et justifient les changements de cette rentrée. C’est donc une lecture très utile surtout lorsque beaucoup, que ce soient d’autres forces syndicales ou des intellectuels conservateurs peu au courant de ce qui se passe réellement à l’école, s’efforcent de s’opposer en maniant contre-vérités et arguments de mauvaise foi.

    Pour répondre à ce flot d’oppositions, l’ensemble des questions liées au nouveau collège 2016 est abordé : François Dubet s’arrête en quelques pages très claires sur la difficulté qu’il y a à réformer l’enseignement, et en tire des conclusions très intéressantes. Réformer le collège, c’est bousculer 7 000 établissements et des personnels qui peuvent être déstabilisés dans leurs habitudes de travail. Mais c’est aussi tenter de réduire les inégalités créées par le système existant, et c’est redonner à l’école sa mission première, celle d’enseigner et de préparer à l’avenir, et non pas de répondre à des injonctions du moment autour de l’identité républicaine par exemple. Les résistances sont là, et pour les atténuer, il faut au préalable en prendre conscience. C’est le mérite de la contribution d’Anne Barrère qui s’arrête sur les enseignants face à la réforme. Aux stratégies de retrait qui ne manquent pas d’apparaître, ou aux formes d’opposition les plus ouvertes, s’oppose une appropriation des réformes selon une temporalité et des contextes différents. Cette contribution montre clairement les leviers qu’il faut actionner pour que les enseignants s’emparent des dispositifs de la réforme.

    L’aide aux élèves est l’un des principaux outils mis en place dans le collège 2016. Plutôt qu’une superposition de dispositifs existants, la création des heures d’AP pourra favoriser l’acquisition des compétences et des connaissances pour le plus grand nombre. Pierre Merle s’attaque, quant à lui, à la question de la carte scolaire et de la ségrégation sociale. Là encore pour lui, la réforme du collège se dirige dans le bon sens et permettra de favoriser la mixité sociale. Il va plus loin et propose en particulier de varier les dotations des établissements privés financés par l’Etat, en fonction du nombre d’élèves issus de milieux défavorisés accueillis dans ces établissements : plus on en accueille, plus la dotation serait importante, et vice-versa. Une idée à retenir, alors que certains pointent du doigt la fuite des élèves vers le privé, sans prendre soin de proposer des solutions !

   On le voit, les pistes de réflexion, l’énonciation de faits difficiles à réfuter, et l’engagement des auteurs vers une école plus égalitaire, font de ce petit ouvrage une lecture très utile. Ce livre est publié dans la collection de la vie des idées.fr , véritable plateforme de réflexions sur les sujets d’actualité, et dont les textes sont souvent très accessibles, ce qui est un atout non négligeable pour toute personne intéressée par ces sujets.

  On pourra compléter cette lecture par des publications du Se-Unsa et de l'Unsa éducation:

• Le numéro de rentrée de L’Enseignant porte sur la mise en place de la réforme et l’an 5 de la refondation.
• Des ressources et des outils sont proposés pour bien réussir la rentrée 2016 au collège sur le site L'Ecole de demain
• Un texte de Laurent Escure pour prolonger la question du collège et s’interroger sur une réforme du lycée après 2017 : ici 

  Quant à la section académique, nous proposerons cette année 2016/2017 des stages pour aider à la réussite de cette réforme des collèges, reprenant à notre compte les paroles de François Dubet, pour qui «  l’espérance n’est pas seulement un devoir, elle peut être une stratégie ».