L’Unsa-Éducation Normandie s’adresse à la rectrice

Le CSA académique de Normandie s'est réuni le mardi 20 février à Caen, en présence de Mme la Rectrice, pour examiner des textes relatifs à la carrière et aux mutations des personnels. L'Unsa-Éducation a insisté sur son opposition de fond à ces textes, que notre déclaration liminaire résume en ces termes...

Madame la Rectrice, mesdames et messieurs les membres du CSA.

 

Le CSA de février se penche, encore une fois cette année, sur l’examen des Lignes Directrices de Gestion académiques.   Les groupes de travail se sont tenus la semaine dernière, pour étudier ce qui constitue un corpus de 200 pages traitant de la mobilité et des carrières des personnels.  On a écouté poliment les représentants des personnels.  On a pris bonne note.  Il y a eu des échanges courtois, parfois même intéressants et constructifs… à défaut d’être réellement féconds.

Des textes présentés, mais peu de marge de manœuvre

En effet, la marge de manœuvre de vos services, Madame la rectrice, est pour le moins réduite.  Dans le cas des LDG carrière, elle est en fait presque totalement inexistante puisqu’il s’agit, pour l’essentiel, de reproduire des choix opérés à l’échelon national.  On se réunit donc en Normandie, comme ailleurs, pour faire le constat que les textes ont les mêmes insuffisances que celles que nous avons pointées et dénoncées en CSA ministériel.

Ainsi, par exemple pour la refonte de la classe exceptionnelle des enseignants, les avis du ou des supérieurs, avec lesquels aucun entretien préalable n’est prévu, ne reposent sur aucun critère objectif.  De plus, contrairement aux promesses, on ne trouve pas de véritable mesure transitoire prévue pour les ex-viviers 1, ou pour ceux devenus non-éligibles.  Encore une fois, l’institution change les règles du jeu sans se soucier des agents qui se retrouvent lésés.

Localement : on ne touche à rien, ou presque ! Mais heureusement on s’est réuni ! Ouf, le ministère pourra prétendre qu’il a consulté « les territoires », pour reprendre une terminologie à la mode qui ne suffit pas à faire oublier le caractère vertical du pilotage de la rue de Grenelle.

De « belles formules » …

Les textes évoluent donc peu.

Comme auparavant, les LDG qui nous sont présentées sont parsemées, pour ne pas dire pavées, de bonnes intentions.   Elles présentent en effet les prétendus objectifs de l’employeur et posent quelques principes.  Elles affichent par exemple (je cite) « la volonté de l’académie de créer les conditions optimales pour le bien-être de ses agents » ; elles souhaitent aussi « favoriser leur épanouissement personnel ».  Ce sont de «belles formules »,  que les collègues de collège ne manqueront pas d’apprécier à leur juste valeur, à l’heure où le choc des savoirs s’apprête à dégrader comme jamais les conditions de travail déjà mises à mal par les suppressions de postes.

On peut également y lire que « l’académie de Normandie s’inscrit dans la démarche de favoriser l’accès de tous les agents à la formation continue » ! Madame la rectrice, force est de constater que pour les professeurs du second degré, c’est exactement le contraire qui est mis en œuvre depuis quelques mois.

On le voit, le rapport au réel ou même à la vérité de ces LDG est assez particulier.

Le règne de l’opacité

En définitive, ces textes évoluent peu donc….  Et surtout pas sur l’essentiel.

Avec ces LDG, qui découlent de la loi de 2019,  l’institution prétend encore et toujours garantir des droits et faire œuvre de transparence en matière de promotion et de mobilité.

En réalité, l’institution refuse toujours une procédure de contrôle externe comme elle refuse la simple délivrance d’informations permettant des vérifications.  Dans les faits, le ministère a érigé l’opacité en règle. Il a réduit les droits de ses personnels ; il a dégradé la qualité de l’accompagnement et du suivi qu’il doit à ses agents, il a exposé ses propres services à toutes les suspicions.  Et il a appelé cela « modernisation ».

Le besoin d’un véritable dialogue social pour relever le défi de l’attractivité

Vous l’aurez compris, Madame la rectrice, l’Unsa-Éducation votera contre les LDG, dont la nature profondément paternaliste constitue un recul considérable des droits des collègues, des LDG qui masquent les maux de notre système éducatif sous de belles formules et contribuent à miner le peu de crédit qu’il reste à notre institution.

Pour l’Unsa-Éducation, un souci véritable et sincère pour les personnels de l’Éducation Nationale n’est pas compatible avec un refus d’entendre ceux qui les représentent, notamment quand il s’agit d’élaborer les règles qui les concernent.  Il faut rompre avec la logique unilatérale et renouer avec une recherche du consensus afin de résoudre le problème majeur qui se dessine devant nous aujourd’hui : à savoir l’attractivité de nos métiers.

Pour relever ce défi,  et rétablir un début de confiance avec les personnels, l’Unsa-Éducation demande que les CAP retrouvent leur prérogatives supprimées.

L’Unsa-Éducation demande également qu’une véritable réflexion s’engage sur la mobilité et la carrière des agents, car depuis plusieurs années, les possibilités de mutation géographique ou d’évolution fonctionnelle se sont réduites comme peau de chagrin.  Cela implique bien sûr de s’attaquer au problème du manque de fluidité dans les passages de grade ainsi qu’à celui des carrières qui se trouvent désormais aplaties.

Enfin, pour l’Unsa-Education, un travail sérieux sur les carrières et les mobilités, essentiel pour l’avenir de notre système éducatif, ne peut faire l’économie d’une véritable revalorisation des agents, corollaire indispensable à une politique volontariste de recrutement des personnels titulaires.

Mais là, évidemment, cela suppose un peu plus d’efforts et de courage que n’en nécessitent les belles formules ; cela suppose un regard lucide sur les réformes délétères et coûteuses qui sont en cours ; cela suppose de ne pas se limiter au simple « bon sens », et d’envisager enfin le sens de l’intérêt général.