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Formation continue des enseignants : dommage collatĂ©ral ou entreprise de dĂ©molition ?
Article publié le jeudi 5 octobre 2023.
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Former hors du temps de présence devant les élèves…

Depuis plusieurs semaines, les annonces concernant l’École sont lĂ©gion.  L’une d’entre elles, Ă©voquĂ©e depuis plusieurs mois et rĂ©affirmĂ©e par le ministre dès juillet, se met dĂ©sormais en Ĺ“uvre : il s’agit de « ne plus perdre d’heures Â» de cours en assurant la formation des enseignants « hors du temps de prĂ©sence devant les Ă©lèves Â».

Cette logique constitue un profond bouleversement de la situation existante dans le second degrĂ©.  Cela signifie un dĂ©placement de la formation sur les mercredis après-midi, sur les samedis, voire sur certains jours de vacances (comme le permet le dĂ©cret Blanquer de septembre 2019).    

Normandie : une mise en Ĺ“uvre dans un silence assourdissant

Localement, dans l’AcadĂ©mie de Normandie, la mise en place de l’annonce ministĂ©rielle se fait, au cours de cette rentrĂ©e, avec une certaine discrĂ©tion, pour ne pas dire dans une certaine confusion, loin d’être dissipĂ©e en ce dĂ©but de mois d’octobre !

 A l’heure oĂą l’on Ă©crit ces lignes le Plan RĂ©gional AcadĂ©mique de Formation n’est pas encore arrĂŞtĂ© ; les enseignants n’ont Ă©tĂ© destinataires d’aucune information ; les propos des corps d’inspection (quand il y en a) restent vagues, voire contradictoires ; l’École AcadĂ©mique de la Formation continue (EAFC) tarde Ă  rĂ©unir et informer officiellement ses « formateurs Â»â€¦

Une petite phrase, inscrite au bas des convocations Ă©ditĂ©es en septembre, n’est pas passĂ©e inaperçue : « la participation Ă  cette formation ne doit pas diminuer le temps d’apprentissage dĂ» aux Ă©lèves Â».   Tout un programme !!  Dans le mĂŞme temps, inquiets des Ă©lĂ©ments qui commençaient Ă  circuler (dĂ©placement des « rĂ©unions de production Â» sur des temps inhabituels), des formateurs lançaient une pĂ©tition en ligne pour tirer la sonnette d’alarme.  

Un Groupe de Travail qui confirme les craintes

Le jeudi 28 septembre dernier, se tenait un groupe de travail « EAFC Â» auquel participaient les reprĂ©sentants des personnels du SE-UNSA, de la FSU, du SGEN-CFDT et de la CGT.   A l’ordre du jour, l’examen du PRAF et, surtout, « les modalitĂ©s et temporalitĂ©s de la formation. Â»  Ce second point a constituĂ© le cĹ“ur des Ă©changes.  Toutes les incertitudes n’ont pas Ă©tĂ© levĂ©es, loin s’en faut.  Et les craintes n’ont pas Ă©tĂ© apaisĂ©es, bien au contraire.

Oui, l’idĂ©e est bien de faire en sorte de ne plus « perdre d’heures de cours Â».  Oui, l’idĂ©e est bien de dĂ©placer le temps de formation des enseignants du second degrĂ© hors du temps de « face-Ă -face pĂ©dagogique Â» 50% d’abord ? 100% en 2024 ? Ce n’est pas très clair ! Au-delĂ  de l’organisation purement structurelle (former pendant les vacances par exemple), on entend aussi sans doute jouer la carte de la pression locale :  la « petite phrase Â» sur la convocation s’accompagne de fait d’une modification dans l’application SOFIA, qui impose dĂ©sormais un accord explicite du chef d’établissement et le « contraint Â» Ă  refuser le dĂ©part en formation ou Ă  trouver une « solution Â» interne. 

 Les reprĂ©sentants du SE-UNSA et de l’UNSA-Education ont dit tout le mal qu’ils pensaient de ces Ă©volutions.

Le SNPDEN-UNSA (syndicat des chefs d’établissement) a Ă©crit Ă  la Rectrice pour dĂ©noncer, outre le dĂ©ficit total d’information officielle, le caractère absurde et chronophage de ces dispositifs.  Le courrier est clair : « la formation des personnels est un droit et le remplacement de courte durĂ©e est un acte basĂ© sur le volontariat […] il ne revient pas aux chefs d’établissement de refuser une formation Ă  un enseignant sous prĂ©texte qu’il ne peut pas ĂŞtre remplacĂ©. ». 

Pour le SE-UNSA, la volontĂ© ministĂ©rielle constitue une triste nouvelle pour le système Ă©ducatif.  

Cette dĂ©cision, pour un gain relativement lĂ©ger (rĂ©cupĂ©rer « quelques heures Â») risque de dĂ©multiplier les difficultĂ©s et les tensions au sein des Ă©quipes dans les collèges et les lycĂ©es.  Cette dĂ©cision, encore une fois, vĂ©hicule et accrĂ©dite une vision mĂ©prisante des enseignants, des formateurs et de leur travail (des fainĂ©ants inoccupĂ©s en dehors de leurs heures de cours).  Cette dĂ©cision marque un nouveau recul des droits des personnels. Cette dĂ©cision risque de faire mourir une formation continue dĂ©jĂ  moribonde du fait du sous-investissement chronique de l’Etat depuis des dĂ©cennies.  Cette dĂ©cision est, enfin, incohĂ©rente avec les autres ambitions ministĂ©rielles : comment, par exemple, envisager de former massivement Ă  la lutte contre le harcèlement sans formation ?

On le sait, la formation continue des enseignants est, avec la mixitĂ© sociale et la question des effectifs, un levier essentiel de la rĂ©ussite des Ă©lèves.  Toutes les Ă©tudes pointent la nĂ©cessitĂ© d’avoir une approche qualitative de l’Ecole.  Mais, pour le ministère de l’Education Nationale, au-delĂ  des formules de communicants, la rĂ©alitĂ© est plus que jamais comptable :  toujours davantage d’« heures Ă©lèves Â», avec toujours moins de profs, et maintenant moins de formation.

 
 
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