Monsieur le Recteur,

Les directeurs d’école, les inspecteurs du 1er degré et les chefs d’établissement ont été destinataires de votre courrier de ce jour (note n°3) au sujet de la continuité pédagogique.

Nos collègues sont au travail ! Ils l’ont été tout le weekend dernier pour pouvoir proposer dès lundi des contenus à leurs élèves. Ils continuent à l’être : fabrication de supports, liens à établir et entretenir avec les élèves et leurs familles. La charge est lourde, complexe et difficile car les moyens, bien souvent, ne sont pas suffisants ou pas adaptés.

Dans ce contexte, force est de constater que la continuité pédagogique n’est pas évidente à assurer. Depuis le début de la crise, des collègues volontaires (enseignants, CPE, PsyEN) ont permis, dès lundi matin, de mettre en œuvre un dispositif d’accueil pour les enfants des personnels soignants.

Le SE-Unsa demande que soit maintenue cette base du volontariat des personnels et que cette première semaine serve à faire l’inventaire des besoins des soignants pour envisager une adaptation de ce dispositif. En effet, les Le besoins de soignants pour la garde de leurs enfants vont le plus souvent au-delà des seuls horaires scolaires. Le système d’accueil ne peut reposer que sur les seuls enseignants qui, par ailleurs, sont aussi impliqués dans la scolarité à distance de leurs autres élèves. Pour nombre d’entre-eux, ils ont également à se préoccuper de la garde de leurs propres enfants.

Le SE-Unsa demande aussi que les conditions de protection sanitaire des collègues impliqués dans l’accueil de ces enfants soient mises en œuvre partout et dans les meilleurs délais.

Les enseignants volontaires participant à ce dispositif d’accueil ne doivent ni ne peuvent assumer dans le même temps le suivi à distance de leurs propres élèves.

Pour nous, la priorité reste au confinement, à la protection de tous les citoyens pour contenir la propagation du virus. La protection face à ce fléau passe avant la question de la continuité pédagogique !

Vendredi dernier, lors d’une réunion au Rectorat, on insistait sur le sens des responsabilités des équipes, on misait aussi sur le volontariat pour certaines missions, on parlait aussi de confiance et de bienveillance à l’égard des personnels.

A ce jour, nous constatons que pour accéder à Pronote, aux boites mails professionnelles et aux ENT de l'Éducation nationale, le réseau est saturé, voire piraté. Il est impossible aux chefs d'établissements et aux directeurs d'école de répondre à temps aux sollicitations de la communauté éducative. Si les parents et les élèves s’organisent, tous n’ont pas autant d’ordinateurs que nous avons d’élèves ! Et surtout, tous ne sont pas professeurs ; cette crise a au moins le mérite de rappeler que les enseignants sont indispensables et irremplaçables.

Pour ce qui est de contacter par téléphone chaque famille une à deux fois par semaine, cela nous semble irréalisable et ne peut être imposé à l'enseignant qui peut choisir l'outil le plus adéquat pour rentrer en contact avec ses élèves ! Cela n’empêche pas pour autant les équipes pédagogiques de faire preuve d’une grande responsabilité ; elles l’ont déjà démontré en mettant à jour les cahiers de textes numériques, et en proposant des activités pédagogiques en lien avec les progressions initialement anticipées par les enseignants qui se trouvent, tout comme leurs élèves, privés d’une partie de ce qui se vit d’habitude en présentiel !

Autre difficulté : au-delà de cette période de 15 jours, nous n’avons pas de visibilité quant à la durée de cette crise ; nous recommandons de la patience et d’être mesuré pour ce qui est de la restitution de documents.

Le SE-Unsa exclut tout recours à des points relais commerciaux pour échanger des documents pédagogiques avec les familles! Ce que vous suggérez nous semble en contradiction avec les recommandations sanitaires actuelles.

Tout comme les chefs d’établissements du SNPDEN, nous appelons au bon sens et nous vivons cette période inédite avec confiance et optimisme. Nous savons que nos collègues font tout leur possible pour garder le lien avec leurs élèves et leurs familles, liens qui seront renforcés par la force des choses.

Nos collègues ont besoin de savoir qu’on leur fait confiance. Ils ont besoin d’être accompagnés, soutenus dans l’effort qu’ils accomplissent au quotidien.

Sûrs de votre compréhension, nous vous adressons, M. le Recteur, nos salutations respectueuses

Secrétaire Académique