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SE-UNSA DIJON


 Par SE-UNSA DIJON
 Le  vendredi 21 décembre 2018

Liaison école-collège via les Fables de La Fontaine : interview de M. Galochet CPE dans l’académie de Dijon

 

Votre projet repose sur l’exploitation des fables de La Fontaine. Qu’est-ce qui vous semble le plus frappant dans sa biographie ? De manière générale, que diriez-vous de l’origine et de l’objectif des fables qu’il a écrites ?

Lors de ma découverte de La Fontaine, le plus surprenant a été d’apprendre que jusqu’à l’âge de 30 ans, rien ne le prédisposait à la littérature, alors qu’aujourd’hui il est l’un des auteurs les plus connus. Son enfance n’a rien montré de remarquable, personne ne se doutait de son génie. L’objectif des fables est de « plaire et instruire ». Elles mettent généralement en scène des animaux (qui présentent des caractères humains) et comportent une morale. D’ailleurs La Fontaine a écrit « Je me sers d’animaux pour instruire les hommes ». Jean de La Fontaine s’est inspiré de fables grecques antiques (en particulier celles d’Esope) et de fables indiennes.

Le point de départ de votre action s’inscrit dans le cadre de la liaison école-collège. Pouvez-vous nous expliquer les conditions d’émergence du projet ?

Lors de la dernière réunion de liaison école-collège, l’inspectrice du 1er degré nous a indiqués avoir distribué à tous les élèves de CM2, un recueil des Fables de La Fontaine. Les élèves avaient pour objectif de le lire pendant les vacances d’été 2018, afin qu’il soit ré exploité au cours de leur année de 6ème. Les professeurs n’étant pas trop réceptifs, je me suis emparée du projet pour créer une action autour des Fables qui s’adresserait, non seulement aux élèves de 6ème, mais à l’ensemble des élèves de l’établissement.

Quels liens faites-vous entre les fables et le thème de la laïcité ?

La Fontaine, à travers un formidable bestiaire, a construit une « ample comédie » humaine dans laquelle chacun se reconnaît. Chaque Fable recèle une moralité qui est de bon conseil. Il se révèle un immense moraliste, en pleine humanité et en pleine âme. C’est en ce sens qu’il est facile de faire le lien entre les Fables et le thème de la laïcité. Dans « L’âne et le chien », il est question d’entraide, dans « Les loups et les brebis », il est question de paix et dans « Le cheval et le loup » il est question de vivre ensemble en respectant la place de l’autre.

Comment vous-y-êtes-vous prise pour faire entrer la poésie en salle de permanence ?

Afin de solliciter l’attention des jeunes, nous avons commencé, avec mon équipe d’AED, par lire des Fables pendant des heures d’étude et demander aux élèves d’en faire des illustrations. Ainsi, les élèves choisissaient une Fable, en général celle qui les inspirait le plus, avant d’en faire une représentation imagée.

Les professeurs de lettres sont des partenaires précieux. Comment s’insèrent-ils dans la démarche ? Quel est précisément leur rôle ?

Chaque professeur de lettres s’est approprié une Fable, afin de la travailler avec sa ou ses classes. Ils ont mis un point d’honneur à étudier le vocabulaire employé par La Fontaine, le style (la poésie) et à analyser la morale.

Votre action relève d’un dispositif ARCS. Que signifie ce sigle ? Sur quelle création ludique a-t-elle débouché ?

ARCS (Accompagnement à la Réussite et à la Continuité Scolaire) s’inscrit dans le cadre d’un projet CARDIE*, que j’ai créé l’an passé. Il s’agit d’un dispositif dédié aux élèves décrocheurs, en manque d’estime de soi et qui ont besoin de redonner un sens à leurs apprentissages. Cette année, les élèves de ce dispositif créent un jeu de 7 familles à partir des Fables de La Fontaine. Ce jeu sera à disposition de l’ensemble des élèves de l’établissement.
En s’inspirant de l’œuvre de Jean De La Fontaine, les élèves travailleront, avec leur professeur, l’écriture de leur propre Fable avant de la mettre en scène.

Un autre volet du projet repose sur une activité théâtrale. Comment l’organisation est-elle envisagée ? Dans quel cadre les saynètes seront-elles valorisées ?

Cette représentation est travaillée une fois par semaine sur un créneau dédié et sera présentée au public (élèves, professeurs, parents) lors de la fête du collège en fin d’année.

L’animation socio-éducative et la dimension pédagogique font clairement partie des missions du CPE. Pensez-vous que ces champs professionnels sont suffisamment présents dans la formation initiale et continue des collègues ? Si non, quelles propositions de modules avez-vous en tête qui pourraient répondre à leurs attentes ?

Selon moi, l’animation socio-éducative et la dimension pédagogique ne sont pas assez présentes dans la formation initiale et continue des collègues. Nous sommes certes guidés par le calendrier pédagogique (semaine de l’engagement, journée de la Laïcité, lutte contre le harcèlement…), mais nous ne sommes pas formés pour réaliser des séquences associées. Dans le cadre des réunions de bassin, il est possible de mettre en commun l’ensemble du travail de chacun. Cependant, des modules de formation en y invitant les enseignants, seraient les bienvenus pour améliorer les séquences que nous pourrions alors proposer lors des temps de vie de classe notamment.

Maryline Galochet, CPE dans l’académie de Dijon

*CARDIE : Cellule Académique pour la Recherche et le Développement en innovation et Expérimentation