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SE-UNSA BORDEAUX


 Par SE-UNSA BORDEAUX
 Le  vendredi 8 septembre 2023

Interdiction des abayas et qamis : Une mesure pour clarifier qui ne doit pas être instrumentalisée

 

L’annonce du ministre la veille de sa conférence de presse de rentrée sur l’interdiction de l’abaya a mis de côté beaucoup d’autres sujets importants de la rentrée éducative. Son instrumentalisation politique de tous bords n’est pas notre sujet. Et nous n’accepterons pas que ce sujet fasse passer au second plan tous les dossiers importants pour l’Ecole et en premier lieu l’attractivité de tous les métiers.

Néanmoins, pour l’UNSA Éducation, une clarification, une fermeté sur les valeurs républicaines et un accompagnement des équipes étaient attendus. En effet, la loi du 15 mars 2004 interdit dans les enceintes scolaires le port de signes et tenues ostensibles par lesquels les élèves manifestent une appartenance religieuse. Pour l’UNSA Éducation, la mesure d’interdiction des abayas et qamis pour cette rentrée peut symboliser cette fermeté mais elle doit avant tout s’inscrire dans ce cadre et témoigner de la volonté de conforter l’École publique, l’École de la République. En effet, la circulaire du 18 mai 2004 précise que la loi a été faite « de manière à répondre à l’apparition de nouveaux signes, voire à d’éventuelles tentatives de contournement de la loi. ». La note de service du 31 août 2023 établit clairement la procédure à mettre en œuvre afin d’appliquer ces dispositions, pour que les personnels de direction et l’ensemble des équipes éducatives soient en mesure d’interdire ces tenues. À chaque étape, le dialogue est privilégié, ce qui est primordial pour la mise en application du principe constitutionnel de laïcité.

Pour autant, la laïcité ne se réduit pas à cette interdiction et aux remises en question que l’on sait plus nombreuses depuis quelques années. Pour qu’elle demeure une « liberté vivante » sur tout le territoire français, comme le soulignait Jaurès au moment du vote de la loi de 1905, il est indispensable d’aller plus loin. Il est plus particulièrement impératif de mieux former l’ensemble des personnels sur ce sujet pour faire comprendre ce principe aux élèves, aux parents et à l’ensemble des équipes éducatives. Faire vivre la laïcité, c’est aussi transmettre les valeurs de la République en développant l’esprit critique de chacun et chacune, en promouvant l’égalité femmes-hommes et en garantissant la liberté de conscience. Ce principe implique en outre de lutter contre toutes les formes de discrimination ou de racisme.

Enfin, la laïcité est intrinsèquement liée à la promotion concrète de la mixité sociale à l’école et de l’école publique. L’UNSA Éducation fait de la mixité sociale et scolaire dans tous les établissements un combat pour l’avenir de notre société et pour le renforcement de la concorde républicaine. L’UNSA Éducation appelle aussi le ministre à agir pour redonner toute la priorité à l’École publique laïque seule garante de la liberté de conscience, seule à réellement mettre en œuvre le principe de Laïcité.

 

Il ne faudrait pas réduire la laïcité à une série d’interdits ou en faire un sujet de perpétuelles polémiques. Cela ne doit pas non plus être l’occasion de simples actes de communication politique ou le prétexte à la stigmatisation de certaines catégories de population. Le récent colloque du CNAL, dont notre fédération est membre, a clairement tracé les lignes pour que la laïcité soit mieux comprise : il faut mieux former pour mieux expliquer, en privilégiant ainsi la pédagogie et le dialogue, ce qui renforcera le partage de valeurs communes et l’unité de notre Nation.