2019, lancement de la « réforme voie pro ».

Premier étage de la fusée, la classe de 2nde est réorganisée en « famille de métiers » rassemblant des spécialités de bac pro sur la base de compétences professionnelles communes. Une quinzaine de familles sera proposée à terme et trois dans un premier temps : "construction durable, bâtiment et travaux publics" ; "gestion administrative, transport et logistique" ou "relation clients".

Mise en place progressive qui s'achèvera en 2021-2022. Programmes, méthodes et grille horaire, c’est un changement radical qui s’effectue dans la précipitation et comporte encore des zones d’ombre. L’inquiétude est palpable chez nos collègues qui devront s’adapter à des modifications profondes. Cette petite révolution n'a pas les moyens de ses ambitions. En effet, les horaires élèves sont plafonnés (30h en bac et 31h en CAP). La part des PFMP reste stable (18 à 22 semaines en bac et 12 à 14 en CAP). Mais l'un des objectifs est de rendre les enseignements généraux plus concrets en les inscrivant, en partie, dans une perspective professionnelle. Donc, si le volume global reste sensiblement identique, cela implique qu'une part de l'enseignement disciplinaire stricto sensu soit réduit. Ces heures sont réaffectées à la consolidation des acquis en français et en mathématiques ; à la réalisation du chef-d’œuvre ; à un temps de travail sur la consolidation, l’accompagnement et à la préparation de son projet d’avenir.

Dans cette réforme, tout est à construire ou presque. C'est l'un des enjeux de la co-intervention et de la réalisation du chef d’œuvre avec un horaire dédié. Il s'agit de développer la créativité et l'autonomie de l’élève. Ainsi le chef d’œuvre est-il conçu comme « l'aboutissement d'un projet pluridisciplinaire construit, individuel ou collaboratif ». Mais sa mise en application reste floue. Le vade-mecum, dans sa première version n'offre d'ailleurs pour le moment que peu de piste et aucune marche à suivre sur des questions pratiques (absence d'un enseignant, réalisations dans les filières tertiaires). Un nouveau vade-mecum sur le chef d’œuvre et la co-intervention est en cours de rédaction et sera mis en ligne prochainement. Il ne devrait plus y avoir d’injonction sur le plan pédagogique, en particulier en ce qui concerne la mixité des 

Et quid des conditions de travail ? Le temps de concertation et de préparation augmenteront ; les nouveaux programmes, très discutables, demanderont un investissement accru. Malgré cela, aucune compensation prévue !

Pour le SE-Unsa, cette volonté d'alléger l'emploi du temps, de renouveler les apprentissages est louable. Mais si notre action a permis de conserver le volume horaire global, il convient de rester vigilant quant aux équilibres, notamment au poids relatif de l'enseignement général.Ce changement nécessite un accompagnement, des investissements et une clarification des règles de fonctionnement de la co-intervention ou de la réalisation du chef d’œuvre. Enfin, il faut des moyens à la hauteur (demi-sections regroupées, dotations complémentaires, prise en compte des seuils).

Les enseignant.e.s sont prêt.e.s aux transformations des méthodes d'enseignement mais il faut valoriser leur investissement, les sécuriser et leur donner les moyens d'enseigner autrement sans tomber dans les travers du « tout projet ».

Pour consulter les programmes, c’est ici.

Zoom sur les familles de métiers