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Mardi 13 octobre, l'Unsa Education, la Fnec FP-FO, le SGEN-CFDT et la FSU ont été reçus par Mme la Rectrice pour présenter la mise en place de l'évaluation des établissements. En plus de Mme la Rectrice étaient présents M. Coux Dasen de Gironde et pilote pour l'académie du sujet, M. Le Gall Secrétaire Général du rectorat et Mme Espinosa nouvelle directrice de cabinet de Mme la Rectrice.
En préambule, Mme la Rectrice présente l'évaluation comme une chance pour les établissements. L'évaluation doit se faire dans la bienveillance et doit conduire à un meilleur service public. Elle doit aussi prendre en compte l'environnement de l'établissement. Cette évaluation était dans le projet présidentiel et est mise en application par l'art 40 de la loi du 26 juillet 2019.
Ce nouveau modèle doit permettre :
- d'apaiser le climat (Ndlr nous sommes pourtant dans "l'Ecole de la Confiance").
- un travail collectif pour améliorer le projet d'établissement.
En juillet 2020, le nouveau conseil d'évaluation de l'école a présenté un cadre de 70 pages sur l'évaluation des établissements du second degré. Ce cadre a une déclinaison académique.
M. Coux nous fait la présentation de celle-ci par le biais d'un diaporama.
Calendrier
Une première partie consistera donc à une auto-évaluation de l'établissement à l'aide de fiches. Des commissions seront créées pour conduire les acteurs de l'établissement à répondre à des questions comme "Qu'est-ce que le Service Public ?". Un Inspecteur référent sera en appui pour aider à la mise en place de cette auto-évaluation.
Dans une seconde partie, une équipe de 3 à 4 évaluateurs externes (inspecteurs, chef d'établissements, partenaires extérieurs, personnels administratifs, enseignants...) viendront 2 à 3 jours dans l'établissement pour avoir un regard croisé, neutre. Une des personnes constituant l'équipe peut être réfutée par l'établissement si celui-ci émet l'idée d'un manque de neutralité par exemple. Ces évaluateurs seront formés et devront signer une charte.
Un rapport sera rédigé, présenté au conseil d'administration et servira de squelette au projet d'établissement pour les 5 ans qui suivent puisque 20 % des établissements devront être évalués chaque année.
Pour 2020-2021, 85 établissements seront visités (1 EREA, 9 lycées, 13 lycées professionnels et 62 collèges).
Selon la rectrice, ce type d'Ă©valuation lui rappelle les Ă©valuations qui existent dans les laboratoires de recherche et c'est l'occasion d'avoir des Ă©changes enrichissants avec les Ă©valuateurs externes.
Lors de cette rencontre le SE-UNSA a eu plusieurs interrogations ?
- Quelle évaluation a été faite de l'expérimentation qui a eu lieu l'an dernier dans 14 établissements d'Aquitaine ?
Visiblement aucune.
- Suite à la crise sanitaire comment les inspecteurs, les chefs d'établissements (particulièrement de petits collèges) et les personnels pourront-ils dégager du temps pour mettre en place cette évaluation en plus des réformes ( lycées, lycées pro),de la mise en place de PIX, des protocoles sanitaires, etc... ?
En réponse nous avons eu un silence.
Le SE-UNSA a demandé que l'auto-évaluation dans les établissements se fasse en dégageant du temps pour les personnels.
Réponse de M. Coux : "Si un chef d'établissement d'un petit collège me demande de banaliser un mercredi matin, je le lui accorderai". Précision de la Mme la Rectrice : "n'attendez pas une circulaire rectorale généralisant cela".
Conclusion: les moyens en temps se feront au bon vouloir de "l'autonomie du chef d'établissement" et du DASEN. On commence à s'éloigner de la bienveillance prônée en début de réunion.
- Le SE-UNSA se félicite de lire page 2 du cadre du conseil d'évaluation de l'école : "L'évaluation a pour but d’améliorer, pour l’ensemble de la communauté éducative et de ses acteurs, les conditions de réussite collective, d’exercice des différents métiers et de bien-être dans l’établissement." Par contre, nous nous interrogeons fortement à peine quelques lignes plus bas sur les phrases "valoriser l’investissement de leurs équipes pédagogiques" ou "mesurer le niveau d’atteinte des résultats et relier ces résultats à l’utilisation des marges d’autonomie de l’établissement" .
Selon l'administration, il n'y aura pas d'influence sur la carrière des équipes d'enseignant ni sur la marge d'autonomie des établissements.
Par contre dans la suite de la discussion, il nous est lâché que grâce à ces évaluations et aux projets d'établissement qui en découleront, les mutations ne se feront plus peut-être que sur les projets personnels (familiaux) des enseignants mais sur le recrutement de personnel souhaitant s'investir dans le projet d'établissement. Les masques tombent ! La vraie vision du personnel du Service Public.
- On nous parle de bien-être de tous. Mais dans les établissements, s'il doit y avoir des aménagements, ils ne sont pas financés par l'Education Nationale elle-même.
Mme la Rectrice nous assure que les rapports seront transmis aux partenaires (conseils départementaux et régionaux pour qu'ils en prennent connaissance).
- Le SE-UNSA a demandé d'éviter que dans la liste des 13 lycées professionnels un établissement subisse la même année une évaluation et une labélisation lycée des métiers.
Réponse : il y a en a un. Il servira d'expérimentation car sinon on ne sait pas comment faire. Le SE-UNSA souhaite bon courage à l'heureux élu !
- Puisque les familles sont associées à l'auto-évaluation, est-ce qu'il y a une restitution en externe du rapport et du contrat signé ?
Oui, puisque le rapport est présenté en conseil d'administration. Au SE-UNSA nous nous inquiétons que certaines familles ne comprennent pas tout du dialogue entre l'établissement et l'administration et qu'il y ait des mauvaises interprétations.
Nous demandons si les établissements privés sous contrat auront le même type d'évaluation. On nous répond par l'affirmation.
- Comment seront recrutés les enseignants pouvant intégrer les équipes d'évaluateurs externes ?
En novembre, les chefs d'établissement lanceront un appel à candidature. M. Coux en profite pour nous demander si ne serions pas intéressé en tant qu'enseignant par la mission en mettant en valeur nos expérience de syndicalistes.
Pour des raisons éthiques, nous déclinons l'offre et nous doutons malgré la formation mise en place de l'impartialité de certains des évaluateurs.
Conclusion
Ces évaluations ne doivent pas à terme mettre en concurrence les établissements et doivent être fondée sur la base d'indicateurs qualitatifs et quantitatifs négociés en amont.
Il faut préparer les équipes dans les EPLE à cette nouveauté, le climat de défiance est certain, il ne faut pas le sous-estimer sous peine de saborder dès le départ cette modalité d’évaluation qui peut avoir des vertus, pourvu qu’elle soit accompagnée de moyens en temps libéré pour les collectifs de travail qui doivent y voir une plus-value pour y adhérer.
Enfin notre alerte porte sur la quantité d’EPLE à évaluer chaque année. Si l’objectif de 20% est estimé raisonnable par le CEE, pour les professionnels de l’UNSA Éducation, il est inatteignable cette année. Les cadres qui seront sollicités (inspecteurs, personnels de direction) sont déjà saturés par le travail normal, et le rattrapage des tâches interrompues pendant la fermeture des établissements (comme les rendez-vous de carrière des professeurs). Et d’autre part, il est primordial de focaliser toutes les énergies sur le raccrochage scolaire des enfants et des jeunes, la crise sanitaire n’est pas derrière nous, elle impose encore bien des adaptations et des bouleversements au quotidien des équipes. Un objectif de 5% sur la base du volontariat d’équipes d’EPLE déjà engagées dans ce type de réflexion nous semble plus raisonnable.