Le 19 janvier, jour de la mobilisation record contre le réforme des retraites, le ministre de l’EN, dans un courrier adressé au Président du Conseil supérieur des Programmes, a officialisé la suppression de la technologie en 6^e dans le but de financer une heure hebdomadaire de consolidation ou d’approfondissement en français et en mathématiques.

 

Annoncer des « mesures » sur le niveau 6^e très difficilement applicables compte tenu, notamment, du nombre élevé d’élèves par classe, de la surcharge de travail et de HSA des collègues, et honteusement financées sur le dos de la technologie, voilà toute l’ambition du gouvernement pour notre collège !

« Déshabiller Pierre pour habiller Paul » a décidément la vie dure dans notre système éducatif… Et la technologie est cette fois la matière qui en fait les frais. On pourrait même plutôt dire : en fait ENCORE les frais !

 

Flashback

L’enseignement de technologie a déjà été amputé en 2016 de trente minutes en 3^e ; de plus les dédoublements sont quasi impossibles à réaliser, faute aux DGH minables qui obligent à faire des choix dans l’utilisation de la « marge », les enseignements entrent donc en concurrence les uns les autres. En 6^e, la technologie, les sciences physiques et la SVT forment un bloc sciences de 4h. Les collègues enseignent une discipline dans laquelle la manipulation est primordiale, mais faute de moyens, ils ont très souvent 28, 29, 30 élèves devant eux.

 

L’argent, nerf de la guerre

Personne n’est dupe : la technologie paie les pots cassés de la désaffection constatée aux concours de l’Education nationale et qui ne cesse de s’aggraver. Il est tellement plus simple de fermer un enseignement sur un niveau que de prendre le taureau par les cornes et de lancer une vraie politique de recrutement pour notre école… Mais pour cela, il faut du courage, de l’ambition et … des moyens !

On pourrait également instaurer très facilement une nouvelle règle au mouvement intra-académique, en permettant aux collègues ayant muté à l’inter en SII de demander un poste à l’intra en technologie : plus de postes seraient ainsi pourvus.

 

Message négatif

En faisant passer à la trappe une heure de technologie au profit d’une remédiation en français et en mathématiques, le message transmis est mauvais, mais assumé : la technologie n’est pas considérée comme une matière indispensable. C’est balayer d’un revers de main une foule de projets innovants directement liés aux grands enjeux du XXIe siècle comme la transition énergétique, c’est faire passer l’enseignement technique après l’enseignement général, c’est condamner à court terme les filières technologiques du lycée en les rendant moins attractives.

 

Et maintenant ?

Un nouveau programme de sciences doit être mis en place à la rentrée 2023 au cycle 3 pour tenir compte de la réduction du volume horaire de technologie en 6^e.

« Parallèlement, je veux porter une nouvelle ambition pour l’enseignement de la technologie au collège dès le début du cycle 4. Il s’agit, d’une part, de mieux ancrer cet enseignement dans un environnement numérique et technologique en forte évolution, et d’autre part, de développer chez les élèves la maîtrise de compétences manuelles et techniques.» affirme Pap Ndiaye.

 

« AMBITION : nom féminin. Prétention de réussir quelque chose » (dictionnaire Larousse). Où est l’ambition, M. le Ministre, lorsque les horaires ont été réduits comme peau de chagrin ? Où est l’ambition lorsqu’on balade les personnels d’un établissement à un autre en fermant des postes, et en leur demandant par-dessus le marché de travailler en équipe ? Où est l’ambition lorsque l’on sait d’avance que, si à la rentrée 2024 la technologie pourrait être revalorisée au cycle 4 (mais plus personne n’y croit…), cela sera forcément fait au détriment d’autres matières ? A qui le tour ??

 

Pour toutes ces raisons, le SE-UNSA rejette cette politique au rabais qui méprise les personnels et détruit les enseignements : soyez vigilants lors de la présentation de la DGH de votre établissement ; emparez-vous des instances où vous pouvez vous faire entendre : Conseil pédagogique, Commission permanente, Conseil d’Administration ; n’hésitez pas à faire voter une motion en CA montrant votre désaccord.

 

L’équipe académique du SE-UNSA Amiens