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Ecole et société : comment faire vivre la laïcité en 2015 ?
Article publié le vendredi 22 janvier 2016.
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Par Pierre Poëssevara et Marie France Contant

Ecole et société : comment faire vivre la laïcité en 2015?

Tel était le thème du colloque proposé par le CNAL (Comité national d'action laïque) le 12 décembre à Paris. Loin de se vouloir un compte-rendu exhaustif des débats, le texte qui suit se contente de dégager quelques idées fortes émises lors de cette matinée et argumentées par une réflexion plus personnelle.

 

La laïcité dévoyée

Lors des dernières élections régionales, sur quelle profession de foi apparaissaient le plus souvent les références à la laïcité? Sur celle du FN! Mais loin d'être synonyme du vivre ensemble, la laïcité est détournée par le FN qui en fait un rempart censé protéger la France chrétienne du monde musulman. Soit une vision du chacun chez soi renvoyant au nationalisme le plus archaïque alliant le sabre et le goupillon. Il s'agit là d'une imposture supplémentaire de l'Extrême-Droite, désignée comme un "hod-up" par P. TOURNEMIRE*, vice-Président de la Ligue de l'Enseignement. Il a rappelé que la loi de 1905 était avant tout une loi de pacification garantissant à la fois la liberté de conscience et la liberté d'exprimer ses convictions religieuses reprenant les propos d'Aristide Briand, rapporteur de la loi de 1905 : "La loi protège la foi aussi longtemps que la foi ne prétend pas dicter la loi." Il semble toutefois que certains n'aient pas renoncé à cette prétention.

 

La laïcité menacée

Lors des "Manifs pour tous", le catholicisme militant le plus extrême a su donner de la voix. La liberté d'expression est certes garantie mais la virulence du groupe Civitas est l'illustration du cléricalisme le plus violent pouvant aller au delà du respect des personnes, ce qui, sur le moment, n'a pas été, semble-t-il, condamné par la Droite républicaine. Même réaction lors de la mise en place des ABCD de l'égalité avec comme point d'orgue l'appel au boycott de l'école, attitude irresponsable dans laquelle se sont retrouvées des familles chrétiennes aussi bien que musulmanes. Il ne s'agissait là que d'une contestation supplémentaire où l'Islam politique est à l'oeuvre, et qui s'ajoute à celle des programmes de SVT (refus de l'évolution), d'Histoire, (refus d'entendre les chapitres consacrés aux Hébreux ou à la Shoah) ou au refus de la mixité. Autant de "grignotage de la laïcité" (Jean Louis BIANCO*, Président de l'Observatoire de la laïcité).

Martine CERF*, secrétaire générale d'Egale (Egalité, Laïcité, Europe) est allée plus loin en affirmant que certaines écoles étaient circonscrites par le fondamentalisme religieux, ce qui a provoqué un mouvement de surprise de Mme Liliana MOYANO* (Présidente de la FCPE) qui avait auparavant affirmé son soutien aux revendicationx des femmes voilées souhaitant accompagner les sorties scolaires. Toute la question est de savoir si cette revendication ne participe pas à ce grignotage de la laïcité! Quoiqu'il en soit, il semble évident que deux points de vue différents s'expriment sur la laïcité à l'école. Différents ou opposés? La question mérite dêtre posée

 

Une laïcité mal défendue

Dans la salle, un intervenant s'exprimant au nom du Comité Laïcité République, a rappelé que la veille de ce colloque, un meeting "pour une politique de paix, de justice et de dignité" avait réuni à la bourse du travail à Saint-Denis, Tariq Ramadan (se proclamant "ni Charlie, ni Paris, mais perquisitionnable") et Marwan Muhammad, ex porte-parole du CCIF (Comité contre « l'islamophobie Â» en France). Si le premier s'est exclamé « Y en a marre de la laïcité ! Â», le second a précisé qu'il ne fallait pas tant s'inquiéter « de l'égalité homme/femme que de l'égalité femme/femme Â». Sans commentaire. Hélas, des dirigeants  politiques de tous bords entretiennent la confusion en disant que ce qui est religieux est culturel. Sous prétexte de refuser la stigmatisation, des partis ou personnalités de gauche ont fait le choix de s'associer à de telles personnalités et de critiquer « les laïcards Â», avec comme porte-étendard le journal en ligne « Médiapart Â» et son rédacteur en chef Edwy Plenel. Tout ceci fait écho au propos de CHARB (assassiné le 7 janvier 2015) : « J'ai moins peur des extrémistes religieux que des laïques qui se taisent Â».

L'unanimité n'est pas non plus la règle au PS, de l'aveu même de Philippe DOUCET*, député  du Val d'Oise, en charge du dossier de la laïcité au PS. Ce qui ne permet pas de légiférer de façon audacieuse sur le dossier du statut de l'Alsace-Moselle (Intervention de Jean-Marie GILLIG*, Président du Cercle Jean Macé de Strasbourg).

 

«La loi de 1905 est une vieille dame et les vieilles dames, il faut les respecter ! Â» (Philippe DOUCET*). Reste à s'entendre sur la meilleure façon de le faire... Question cruciale puisque, comme l'a rappelé Christian CHEVALIER, secrétaire national du SE-UNSA, c'est la laïcité qui a permis de mener victorieusement des combats pour nos libertés(loi veil, mariage pour tous).

Concluons avec JL BIANCO : "La laïcité n'est pas dépassée, elle ne doit pas changer, elle a besoin d'une expression forte et précise de ce qu'elle est ou de ce qu'elle n'est pas".

Marie-France CONTANT (SE-UNSA 60)

Pierre POESSEVARA (SE-UNSA 80)

 
 
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