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Une attaque mensongère contre les agents publics
Article publié le jeudi 14 novembre 2024.
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Le ministre de la Fonction Publique, Guillaume Kasbarian, veut imposer trois jours de carence et réduire la prise en charge salariale à 90 % pour les arrêts maladie. Cette attaque, présentée comme une simple mesure d’économie, s’accompagne d’un discours trompeur, dépeignant les fonctionnaires comme « privilégiés » et « trop souvent absents ». L'UNSA Éducation dénonce un argumentaire fallacieux, qui cache une attaque idéologie contre la fonction publique.

Sous couvert d’une stratĂ©gie « d’équitĂ© » et de « justice sociale », le gouvernement, fidèle Ă  une vision libĂ©rale, lance une offensive sans prĂ©cĂ©dent contre les agents publics. Cet Ă©nième fonctionnaire bashing est insupportable et utilise un contexte budgĂ©taire tendu – dont la politique Macron est responsable – pour stigmatiser les fonctionnaires.

L’UNSA s’oppose fermement à cette tentative de démantèlement social et veut rétablir la vérité face à la manipulation de l’opinion publique.

Comparaison public/privé : des arguments fallacieux !

Dans le secteur privĂ©, bien que la SĂ©curitĂ© sociale prĂ©voie trois jours de carence, trois quarts des salariĂ©s bĂ©nĂ©ficient d’un maintien de salaire dès le premier jour grâce aux conventions collectives et aux assurances prĂ©voyance. Ă€ l’inverse, le gouvernement a bloquĂ© toute possibilitĂ© de couverture des jours de carence dans le public.

De plus, contrairement aux employeurs privés, l’État n’apporte aucun soutien financier aux protections complémentaires de ses agents.

Si comparaison doit ĂŞtre faite, qu’elle soit juste : un fonctionnaire malade ne touche pas 100 % de son salaire, car certaines primes, pouvant reprĂ©senter jusqu’à 30 % de la rĂ©munĂ©ration, ne sont pas versĂ©es durant les arrĂŞts maladie. Avec les nouvelles mesures, la couverture rĂ©elle tomberait Ă  90 % de ces 70 %.

Derrière le statut prĂ©tendument « privilĂ©giĂ© » des fonctionnaires, il existe des rĂ©alitĂ©s et des contraintes spĂ©cifiques au statut que l’on n’évoque jamais : gel des salaires, mobilitĂ© imposĂ©e, retraites en moyenne plus basse.  Si comparaison doit ĂŞtre faite qu’elle soit juste et non sĂ©lective.

A noter également que personnels éducatifs seront particulièrement défavorisés puisqu’ils n’ont aucune flexibilité de pouvoir déposer des journées de congé ou de RTT pour éviter les jours de carence.

Causes réelles de la situation actuelle : arrêts maladie, pas absentéisme !

« Lever le tabou de l’absentĂ©isme Â», cette stratĂ©gie lexicale est honteuse et vise surtout Ă  invisibiliser les causes rĂ©elles. Au lieu de se poser comme un moralisateur, l’employeur public devrait se remettre en question. Car contrairement Ă  ses propos, il ne s’agit pas d’absentĂ©isme mais d’arrĂŞts maladie.  Ce ne sont pas des taux d’arrĂŞts Ă  comparer mais des taux de malades. Et l’augmentation des arrĂŞts tĂ©moigne des conditions de travail dĂ©gradĂ©es, une rĂ©alitĂ© que nous dĂ©nonçons depuis des annĂ©es.  Notre baromètre montre en effet, que la santĂ© au travail est passĂ©e de la 11e Ă  la 4e place des prioritĂ©s pour nos collègues, alors que seul 5,6 % d’entre eux a accès Ă  la mĂ©decine du travail dans un dĂ©lai raisonnable.

La situation exige une introspection de la part de l’état employeur ! ArrĂŞtez de viser les symptĂ´mes, attaquez-vous aux causes ! Avec moins de postes, moins de pouvoir d’achat, moins de reconnaissance mais toujours plus de rĂ©formes incomprĂ©hensibles, de consignes qui heurtent, d’outils qui dysfonctionnent, comment ne pas craquer ?

En outre, une note de la fondation Jean Jaurès rappelle un aspect souvent ignorĂ© :  celui des agents qui continuent de travailler malades. Il est ainsi rappelĂ© que ce prĂ©sentĂ©isme est bien plus courant que ce qui est qualifiĂ© d’absences de complaisances.

Les effets pervers des mesures envisagées

Forcer les agents malades Ă  assumer trois jours de carence, risque de les pousser Ă  travailler malgrĂ© leur Ă©tat de santĂ©, faute de pouvoir se permettre de perdre plusieurs jours de salaire. L’instauration d’un jour de carence en 2017 a dĂ©jĂ  montrĂ© des effets pervers : une baisse du nombre d’arrĂŞts, mais une augmentation de leur durĂ©e.

De plus, le discours de mĂ©pris systĂ©matique envers les fonctionnaires, accompagnĂ© de la prĂ©carisation croissante de leurs droits, crĂ©e un environnement dĂ©lĂ©tère qui dĂ©courage. Comment attirer les jeunes vers nos mĂ©tiers, avec un statut toujours plus fragilisĂ© et une image dans l’opinion toujours plus dĂ©crĂ©dibilisĂ©e ?

Il y a de l’argent ailleurs : choisissons les vraies priorités !

Les coupes dans les droits sociaux des agents publics ne sont pas une nĂ©cessitĂ© Ă©conomique, mais un choix politique. Il est inacceptable que l’état, dans sa quĂŞte d’équilibre financier, cible les agents publics pour faire des Ă©conomies sur leur dos, alors mĂŞme qu’il existe des sources de financement alternatives. Les niches fiscales offertes aux plus aisĂ©s et aux grandes entreprises reprĂ©sentent beaucoup. La rĂ©duction des dĂ©ficits doit ĂŞtre Ă©quitablement rĂ©partie.

 

Le vrai dessein du gouvernement : affaiblir la fonction publique !

Ce gouvernement, en difficultĂ© politique cherche Ă  passer en force un projet rejetĂ© a plusieurs reprises. Les attaques rĂ©pĂ©tĂ©es contre les agents publics relèvent d’une stratĂ©gie idĂ©ologique visant Ă  dĂ©naturer le rĂ´le et la place de la fonction publique dans la sociĂ©tĂ©.

Malgré l’absence de poids politique, le ministre reprend ainsi à son compte les nombreuses propositions de son prédécesseur, Stanislas Guérini avancées juste avant la dissolution de l’assemblée nationale.

« AbsentĂ©isme, Ă©quitĂ©, modernisation, lever les tabou, insuffisance… Â» ce lexique trompeur doit ĂŞtre dĂ©noncĂ©, tout comme l’intention sous-jacente d’affaiblir notre modèle de service public, et de bien commun.

Cette réforme prépare une fonction publique de plus en plus précaire, marquée par la concurrence et l’instabilité, au détriment de l’indépendance et de la mission de service public. Ce n’est pas une simple réforme des rémunérations, c’est un basculement idéologique qui vise à vider la fonction publique de son essence.

 L’UNSA a exprimĂ© sa colère auprès du ministre Kasbarian.

ĂŠtre fonctionnaire du service public, c’est s’engager pour servir, pour Ă©duquer, pour accompagner chaque citoyen et chaque famille. Cet engagement repose sur des valeurs humaines et une mission d’égalitĂ©. Mais cela ne signifie pas accepter des conditions de travail prĂ©caires, un pouvoir d’achat qui chute, et le mĂ©pris de notre employeur. S’attaquer aux fonctionnaires, c’est s’attaquer aux services pour tous les citoyens.

 
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