e SE-Unsa s'est adressé ce vendredi 8 mai au DASEN pour dénoncer le climat délétère dans lequel s'organise la réouverture des écoles dans notre département.

Monsieur l'Inspecteur d'Académie,

Notre rôle de représentants des personnels est de vous alerter lorsque nous constatons que les enseignants sont en situation de souffrance.

En effet, il nous remonte de la part de nombreuses équipes des situations de tension extrême qui nous font craindre de graves conséquences dans les jours et les semaines qui viennent.

Ainsi, notamment dans les écoles d'Amiens, l'heure n'est manifestement pas à la lucidité et à la sérénité. Les immenses craintes quant aux capacités de la collectivité à assurer le respect du protocole sanitaire, condition sine qua none à l'ouverture des écoles comme vous l'avez affirmé à plusieurs reprises, sont réelles, surtout lorsque l'on sait que cette même collectivité a manifestement fait preuve de "râtés" en la matière sur les Pôles d'accueil d'enfants des personnes prioritaires dans le cadre de la gestion sanitaire. Les injonctions, voire les ordres, de la collectivité adressés aux directeurs d'école sont également particulièrement mal vécus. Enfin, nous avons appris que la deuxième journée de prérentrée n'avait pas été accordée à certaines équipes. Vous trouverez ci-après le courriel adressé à Monsieur l'Inspecteur de la circonscription d'Amiens Ouest à ce sujet.

Monsieur l'Inspecteur,

Je me permets de vous exprimer l'étonnement du SE-Unsa quant à votre refus d'accorder une deuxième journée de prérentrée à l'équipe de l'école Léon Lamotte d'Amiens.

En effet, dans le cadre de la rentrée progressive et concertée voulue par le Président de la République et le Ministre de l'Education Nationale, la circulaire du 4 mai 2020 parue au BO du jeudi 7 mai 2020 est explicite à ce sujet: "La pré-reprise des professeurs des écoles a lieu le 11 mai. Elle peut être étendue au 12 mai en raison des circonstances locales à la demande des équipes pédagogiques."

La précipitation dans laquelle se profile la rentrée dans les écoles amiénoises et la main-mise de la collectivité sur l'organisation de celle-ci ont plongé les équipes dans un profond désarroi. L'application du protocole sanitaire dès le mardi 12 mai semble également compromise. Faire preuve de lucidité pour pouvoir assurer une rentrée le jeudi 14 mai dans la sérénité (je paraphrase ici, à dessein, Monsieur l'Inspecteur d'Académie) nous semble être une meilleure option que l'urgence et la précipitation qui pourraient être assimilées à "une marche forcée" qui ne devait pas, selon le Président de la République, caractériser la réouverture des écoles.

Je vous remercie pour l'attention que vous aurez bien voulu accorder à ce message en espérant que celui-ci pourra vous amener à reconsidérer votre décision.

Je souhaite aussi, à titre plus personnel, vous souhaiter bon courage dans la gestion de cette reprise qui s'apparente à une crise dans la crise (était-ce bien nécessaire ?) et à propos de laquelle nous savons bien qu'elle revêt, notamment à Amiens, un caractère politique qui semble dépasser les autorités académiques locales.

Bien cordialement,

Nous avons également été destinataires de courriels adressés aux écoles ce jour, à 17h, invitant les directeurs d'écoles à venir récupérer des masques demain matin sur des parkings divers et variés. Urgence et précipitation... et marche forcée pour tenter de masquer, si je puis me permettre, les carences en la matière. IEN comme directeurs, aucun répit pour ces personnels dont nous pouvons douter qu'ils percevront des primes à la hauteur de celles que percevront les plus hauts représentants de l'Etat en contrepartie de leur engagement.

Nous avons également appris que certains protocoles d'écoles prévoyaient que les enseignants assurent eux-mêmes le nettoyage des sanitaires après le passage aux toilettes des enfants. Avec quelle formation à l'usage des produits ? Comment assurer la surveillance des élèves au moment du nettoyage ? Le nettoyage est de la compétence des collectivités, pas de l'Education Nationale. Si la collectivité n'a pas les moyens de l'assurer conformément au protocole, l'école doit rester fermée selon nous.