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SE-UNSA AIX-MARSEILLE


 Par SE-UNSA AIX-MARSEILLE
 Le  mardi 27 mars 2018

Test PISA : quels sont les secrets des pays qui réussissent ?

 

Lucy Crehan est une enseignante, une exploratrice de l’éducation, une auteure et une consultante en éducation internationale. Elle a enseigné la science et la psychologie dans une école secondaire de Londres.

Cette enseignante anglaise a pris le temps de faire un tour du monde des pays qui réussissent le mieux, à en juger par le test de l’OCDE, et le livre qu’elle en a rapporté, « cleverlands » , mêlant anecdotes, analyses et données scientifiques permet de comprendre comment et à quel prix la Finlande, le Japon, Singapour, Shanghai et le Canada se sont hissés aux premières places des « pays intelligents ».

La Finlande laisse les élèves jouer jusqu’à sept ans

Les apports du jeu ont été évalués par la science. Les textes officiels mettent en avant la nécessité du dialogue au sein des établissements afin que les élèves puissent se développer dans un environnement sain et sécurisant.

La formation des enseignants y est très poussée. Ils bénéficient de 5 ans de formation : dans toutes les disciplines pour ceux du premier degré, une année de formation professionnelle après une formation disciplinaire de quatre ans pour ceux du second degré. De plus, la formation continue et entre pairs est très développée.

Le Japon mise sur le collectif

Les enfants sont groupés par quatre ou cinq et font tout ensemble. Aucune discipline n’est imposée, mais ils apprennent vite de leurs pairs comment se conduire, le groupe supportant les conséquences des dérapages potentiels. Résultat, celui qui sort du rang y rentre rapidement, sous peine de harcèlement collectif.

Les enseignants sont régulièrement mutés, de manière arbitraire. Les établissements envoient des directives aux parents : surveiller que leurs enfants font leurs devoirs, à quelle heure ils doivent se coucher ou combien de temps ils peuvent consacrer à jouer.

En ce qui concerne la pédagogie, les élèves doivent découvrir en groupe une partie des concepts nécessaires, avec un équilibre entre ce qui est donné au préalable et les possibilités de trouver par eux-mêmes. Cela n’empêche pas le par-cœur et une pression constante sur les élèves

Les enseignants participent à des « études de cours », un enseignant ouvrant sa classe à ses collègues, ce qui les amène à parler métier. Le choix a été fait d’effectifs plus lourds mais d’un nombre d’heures de cours réduit, leur laissant le temps de la formation entre pairs.

Les manuels sont trois fois moins épais que ceux de leurs homologues anglais ou américains, les programmes sont exigeants mais limités, ce qui permet à l’enseignant de passer plus de temps sur chaque sujet, jusqu’à ce que tous les élèves en aient fait le tour. Ceux qui n’y arrivent pas, tous en fait, vont à l’école après l’école, qui est vue comme une activité sociale.

La face cachée de Singapour

Le système est très compétitif. Inscrire son enfant dans le bon établissement est un parcours du combattant pour les parents. Ensuite, un examen permet aux élèves, à 12 ans, d’intégrer un collège dont le niveau dépend de leurs résultats. L’établissement détermine également la future vie affective des élèves, le gouvernement organisant des rencontres entre jeunes de même niveau. Les cours particuliers sont un marché très lucratif.

Les résultats obtenus par Singapour font que la compétition n’est pas prête de s’arrêter même si des côtés négatifs sont avérés. La formation initiale et continue des enseignants est de très grande qualité.

Shanghaï, championne au test PISA.

Les enfants des milieux les plus défavorisés sont souvent écartés des établissements de la région.

Le travail est mis en avant, les meilleurs élèves étant des modèles pour les autres. L’élève, enfant unique, a l’appui de ses deux parents et de ses quatre grands-parents. Beaucoup de pression pèse sur ses épaules, mais aussi sur celles des enseignants car les résultats des élèves jouent sur la réputation et donc l’attractivité des établissements.

Il y a jusqu’à 50 élèves par classe mais les professeurs ont relativement peu d’heures de cours et peuvent donc travailler avec leurs collègues. Les cours sont magistraux et relativement standardisés et de nombreux exercices sont à faire à la maison. Pourtant, les élèves sont bons en résolution de problèmes. La répétition impliquerait une forme d’approfondissement des connaissances. Les élèves y prennent plaisir, ils ont le sentiment qu’on s’occupe d’eux.

Le gouvernement semble s’interroger sur le développement de l’esprit critique et de la créativité des élèves. Il a modifié les programmes au début des années 2000 pour réduire le bourrage de crâne.

Vancouver, l’eldorado.

Comme en Finlande, l’accent est mis sur la lecture. Les enseignants travaillent avec des groupes de besoin pendant que d’autres élèves sont en autonomie. Les élèves en difficulté sont pris en charge en dehors de la classe. La motivation des élèves est primordiale. Des activités extrascolaires sont proposées par les lycées : tennis, dessins animés, freesbee, Amnesty international, club de discussion, rugby, …. » Ces dernières permettent de fédérer les élèves autour des établissements et de limiter le décrochage.

Les élèves ont le choix des disciplines et peuvent suivre un atelier de mécanique ou un cours de littérature dans le même établissement. Ils ont beaucoup de temps devant eux avant de s’orienter.

Ce n’est pas la compétition entre élèves qui est mise en avant, les enseignants se basent sur des banques de sujets d’examens et des attendus pour savoir où en sont leurs élèves. Ensuite, ils leur apportent les aides dont ils ont besoin. L’autonomie tout comme l’exigence ne sont pas mises de côté.

L’esprit critique et la résolution de problèmes sont deux compétences particulièrement travaillées, et les élèves sont encouragés à trouver leurs solutions, même si ce ne sont pas nécessairement les meilleures. Les apprentissages de base ne sont pas pour autant abandonnées mais le Canada semble offrir un juste équilibre avec le développement intellectuel, moral et personnel des élèves.

Son tour du monde lui a permis de mettre en avant plusieurs points :

  • Importance de l’enseignement pré-scolaire,
  • Importance du repos des élèves entre deux cours
  • Qualité et travail en profondeur plutôt que quantité et encyclopédisme
  • Progressions pédagogiques conformes aux acquis de la science
  • Préservation  d’un enseignement commun à tous les élèves jusqu’à 15 ou 16 ans
  • Aide en petits groupes avec des personnels très qualifiés
  • Entrée progressive dans le métier
  • Encouragement à travailler en équipe