Réforme du lycée GT : Des programmes de français trop lourds, trop contraignants
Article publié le jeudi 22 novembre 2018.
Suite aux fuites d’avant-projets particulièrement rétrogrades, les projets soumis à la consultation ont été amendés par le conseil supérieur des programmes (CSP).
Moins caricaturaux, ils n’en restent pas moins trop lourds et trop contraignants. Ils doivent encore évoluer.
Les nouveaux programmes de français tentent, d’après Paul Raucy, Inspecteur général qui les a présentés aux syndicats, de répondre à plusieurs constats « partagés ».
Il est nécessaire de poursuivre le travail d’étude de la langue mené au collège.
Il faut aussi construire une culture littéraire commune dont la dimension historique est « essentielle ».
Il s’agirait alors de s’éloigner d’une vision trop techniciste pour comprendre comment une œuvre dialogue avec son temps. Par ailleurs, il faut augmenter le nombre de lectures d’œuvres intégrales et permettre aux élèves de s’approprier la lecture en passant par l’écriture grâce au carnet de lectures.
On peut effectivement partager la plupart de ces constats, même si la dimension « histoire littéraire » est loin de résumer les entrées possibles dans la littérature.
Cependant, ce qui pose d’emblée problème dans ces programmes, c’est leur manque de réalisme : le nombre d’œuvres à lire, le nombre d’exercices différents auxquels les élèves doivent être préparés et le nombre d’évaluations à mener sont beaucoup trop élevés. On ne s’étonnera pas alors que l’introduction du carnet de lecture soit vue d’un mauvais œil par des enseignants qui ne voient tout simplement pas comment faire tout ce qui est prescrit. Ce serait dommage que le ministère sacrifie la seule nouveauté de ces programmes parce qu’il serait incapable d’alléger les autres exigences.
Au SE-Unsa, nous demandons qu’on supprime un objet d’étude ou qu’on allège les contenus attendus pour chaque objet.
Les quatre œuvres imposées en première contribueront à la « culture commune » mais déboucheront probablement très vite sur des productions standardisées. Faut-il être aussi prescriptif ?
Il semblerait qu’au sein du groupe d’experts, on n’ait pas su choisir entre retour à la tradition et introduction de nouveautés, ou plutôt qu’on ait cherché à plaire à tout le monde sans réussir à satisfaire personne.
Les enseignants interrogés par le SE-Unsa ne demandent pas le maintien de la dissertation dans la série générale et auraient préféré qu’on prépare tous les lycéens à la contraction de texte suivie d’une discussion et au commentaire composé, comme ce sera le cas en série technologique.
Au SE-Unsa, nous attendons donc un effort de la part du CSP pour qu’il allège ces programmes, à la fois en objets d’étude, en nombre d’exercices différents auxquels préparer les élèves et en nombre d’évaluations.
Nous pensons qu’il faut donner du temps aux lycéens pour construire des compétences d’expression orale et écrite et s’approprier la lecture d’œuvres diverses. Pour cela, il faut disposer des espaces pour pouvoir varier les modalités didactiques et pédagogiques.
Ce n’est clairement pas le cas.