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Davantage de moyens pour l’enseignement "privĂ©" confessionnel ?
Article publié le mardi 14 février 2017.
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L’enseignement « privĂ© Â» catholique a rĂ©cemment manifestĂ©  sa volontĂ© d’obtenir encore plus d’argent public pour se dĂ©velopper. Le parti « Les RĂ©publicains Â» soutient cette demande.  Pourtant, les finalitĂ©s de l’école publique et de l’école « privĂ©e Â» ne sont pas les mĂŞmes : quand le « privĂ© Â» confessionnel a pour objectif de s’approprier les consciences des enfants, l’école publique veut les libĂ©rer : c’est cela la laĂŻcitĂ©.
 
Un financement des cultes détourné
 
Dans ses statuts de 2013, l’enseignement catholique indique que « l’Evangile inspire le projet Ă©ducatif aussi bien comme motivation que comme finalitĂ© Â». Ainsi, il est manifeste que les financements publics allouĂ©s Ă  l’enseignement confessionnel servent un culte, en opposition totale Ă  la loi de 1905.
Pour le SE-Unsa, l’argent public doit servir l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral. Ici, ce n’est pas le cas 
 
Faut-il rendre Ă  CĂ©sar ce qui lui appartient ?
 
La règle tacite du 80 %-20 %, qui depuis le dĂ©but des annĂ©es 90, rĂ©git la rĂ©partition des moyens entre public et « privĂ© Â», est fondĂ©e sur une erreur : seulement 17 % des Ă©lèves sont scolarisĂ©s en dehors de l’enseignement public. Depuis lors, nos gouvernants successifs ne se sont guère Ă©mus de ce gaspillage.
L’offensive actuelle du privé se fonde sur une modeste hausse de 0,2 % des élèves accueillis, bien loin de l’idée d’une fuite des enfants de l’école publique.
 
Cependant, depuis des dizaines d’annĂ©es, l’enseignement qui n’a de « privĂ© Â» que le nom, a obtenu, au moyen d’un lobbying incessant, des sommes considĂ©rables, qui lui permettent de concurrencer le service public laĂŻque d’éducation.  
Voici quelques dates de rĂ©fĂ©rence :
- 1941 : des subventions sont donnĂ©es aux Ă©coles « privĂ©es Â» ; l’enseignement congrĂ©ganiste est rĂ©tabli.
- 1959 : la loi DebrĂ© permet le financement public des Ă©coles « privĂ©es Â» sous contrat
- Les lois Guermeur (1977) et Carle (2009) amplifient les allocations Ă  destination du « privĂ© Â».
 
Bon appétit
 
Le SE-Unsa s’interroge sur la globalitĂ© des sommes perçues par l’enseignement « privĂ© Â».  En effet, ses sources de financement sont multiples :
- Fonds allouĂ©s au titre de la loi DebrĂ© et Guermeur : estimĂ© Ă  7 milliards d’euros
- Fonds allouĂ©s par les collectivitĂ©s territoriales : estimĂ© Ă  5 milliards d’euros
- Dons défiscalisables par le biais de fondations, comme la fondation Saint-Mathieu, reconnue d’utilité publique en 2011
- Fonds allouĂ©s au titre de la formation continue des enseignants du « privĂ© Â», opĂ©rĂ©e par l’organisme Formiris : estimĂ©e Ă  40 millions d’euros, cette somme est gĂ©rĂ©e dans l’opacitĂ©. La destination rĂ©elle des sommes accordĂ©es est inconnue.
 
Au regard de ces Ă©lĂ©ments, le SE-Unsa demande que soit Ă©tabli le coĂ»t rĂ©el de l’enseignement « privĂ© Â» en France.
 
Des projets de société opposés
 
Mais au-delà du coût financier, le SE-Unsa souligne le coût sociétal de telles dépenses.
Les initiateurs et les fondateurs de l’école publique laïque (Condorcet, Ferry, Goblet, Buisson, etc) avaient compris qu’une République démocratique ne pouvait être accomplie que par des citoyens, éclairés par des savoirs avérés.
Cet espace protégé où les enfants échappent aux assignations de leurs origines, de leur milieu, de leur quartier, de leurs parents, où leur conscience est préservée, exercée et amplifiée, s’appelle l’école laïque.
 
Au SE-Unsa, nous considérons que la préservation et la défense de cet espace de liberté de conscience relève d’un projet de société, à portée universelle.
Ă€ l’inverse, le dĂ©veloppement du  communautarisme scolaire, qui conditionne la conscience des enfants aux volontĂ©s de leurs parents, les empĂŞche  de faire l’expĂ©rience de la fraternitĂ© Ă  l’âge oĂą l’on tisse les liens les plus forts, nous conduit Ă  un destin funeste.
 
L’addition s’il vous plaît
 
De reculades en renoncements, et malgré les mises en garde des laïques, notamment à travers le CNAL (Comité national d’action laïque), le dualisme scolaire s’est peu à peu banalisé. Nous en payons désormais le prix.
La mixitĂ© sociale est amenuisĂ©e : des murs rĂ©els ou virtuels se dressent dans notre pays comme ailleurs.
Pour le SE-Unsa, la sĂ©grĂ©gation scolaire avance en France ; le communautarisme scolaire prospère, encouragĂ© en cela par des Ă©lus politiques qui naviguent en eaux troubles.
Ainsi,  les parlementaires de droite et l’extrĂŞme droite se sont associĂ©s pour abattre la proposition de loi visant Ă  durcir le contrĂ´le a priori des Ă©coles hors contrat.
Voilà comment le consumérisme plat, la colonisation des médias et la volonté de conserver un entre-soi grignotent l’intérêt général.
 
Notre avenir est laĂŻque
 
La gloutonnerie des tenants de l’enseignement « privĂ© Â» n’aura de limites que celles que nous lui assignerons.
Pour cela, il faut reprendre confiance dans l’idée jeune portée par l’idéal laïque. Garantir la liberté de conscience des enfants, pour faire face aux replis, aux peurs et à ceux qui en profitent.
C’est à cette condition que des filles et des garçons, capables de penser librement, pourront s’émanciper et bâtir une société digne de notre temps.
 
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