Article publié le jeudi 6 octobre 2016.
Les CPE, chargés d’animer la vie lycéenne et d’organiser les élections aux différentes instances des EPLE, ont appris très tardivement que les modalités de désignation des lycéens à ces instances étaient profondément modifiées.
Le décret est en effet paru au
BO du 22 septembre 2016 alors que le travail d’information et de formation des lycéens était très largement lancé.
Les changements apportés par ce décret ont fait l’objet de vifs débats au Conseil Supérieur de l’Éducation en juin 2016. Celui-ci a donné un avis négatif par 33 voix contre 12 voix en soutien et 13 abstentions.
De très nombreuses questions ont été soulevées, montrant que les propositions n’étaient pas abouties mais le ministère est passé outre cet avis négatif et a maintenu les propositions de changement qui émanent des élus du Conseil national de la Vie Lycéenne.
L’objectif principal de ces propositions est de valoriser le rôle des élus au CVL en imposant que les candidats au Conseil d’Administration ne soient plus de « simples » délégués de classe mais obligatoirement des élus du CVL. La proposition est intellectuellement défendable. En effet, les élus CVL s’intéressent aux problèmes globaux du lycée, et pas juste à leur classe, contrairement aux délégués. Par ailleurs, cette disposition contraint tous les lycées à mettre en place un CVL.
Néanmoins, elle pose plusieurs problèmes. Le premier, c’est la restriction du vivier de candidats au Conseil d’Administration puisqu’il faudra pouvoir et vouloir assumer toutes les réunions du CA et du CVL ! On risque de manquer de candidats ou de voir émerger des « pros » de la représentation lycéenne, dont l’origine socio-économique favorisée sera encore plus marquée.
Par ailleurs, elle pourrait avoir paradoxalement la conséquence de dévitaliser le CVL. La moitié de ses membres seront au CA, là où les décisions seront effectivement prises. Alors pourquoi prendre le temps de réunir une instance consultative comme le CVL si on peut passer directement à la phase décisionnaire ?
Enfin, le texte revoit la composition du conseil de discipline : les représentants des lycéens seront issus de la conférence des délégués. Ce seront les seuls membres du conseil de discipline qui ne seront pas issus du Conseil d’administration. Pas très logique !
Au final, le SE-Unsa est très sceptique sur les avancées démocratiques de ces nouvelles modalités. Il dénonce la mise en œuvre précipitée qui met les personnels d’éducation et tous les professionnels concernés en difficulté.