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Le PrĂ©sident de la RĂ©publique a affirmĂ© : « L’école est un sanctuaire. Les enfants doivent ĂŞtre protĂ©gĂ©s ! ». L’UNSA EDUCATION souscrit Ă 100% Ă cette affirmation et volontĂ©. Toutefois, et au-delĂ de l’idĂ©e forte, au-delĂ de l’affiche, il est important que cela se traduise par des actions, des moyens mis au service de l’école, des enfants, de leur famille, de la nation.
Le Ministre a quant Ă lui affirmĂ© : « Il y aura un enseignant dans chaque classe Ă la rentrĂ©e. » C’était l’engagement annoncĂ© au pays, aux parents, aux Ă©quipes, aux Ă©lèves, avant et pendant l’étĂ©.
LĂ aussi, et au-delĂ de cet affichage Ă la mode « mĂ©thode CouĂ© », il convient que cet engagement soit effectif dans la rĂ©alitĂ©.
Mais le constat n’est absolument pas à l’image de la promesse. Et comme pour masquer cet incroyable et pourtant prévisible fiasco, notre Ministre agite tel un chiffon rouge (un peu par obligation tout de même) le sujet ô combien important qu’est celui du harcèlement scolaire. Ce sujet doits d’être traité, là n’est pas la question. Mais pendant que l’on parle de cela, on évite les autres sujets polémiques !
Pour reprendre la promesse du Ministre (un enseignant dans chaque classe), il convient tout d’abord de définir ce qu’est un enseignant : Une personne qui a suivi 5 années d’études après le BAC, passé un concours, bénéficié de 2 années de formation, et qui est payée au bas mot 1,2 smic.
Du fait d’une pénurie d’enseignants pourtant largement annoncée, l’Education Nationale est contrainte de recruter des milliers de contractuels, bénéficiant d’au minimum un BAC + 3, recrutés en ½ heure, formés dans le meilleur des cas sur 4 jours et rémunérés un peu plus que les enseignants évoqués précédemment.
L’école a besoin de l’appui des contractuels. Mais là aussi, le nombre de candidatures, parfois de grande qualité, s’essouffle. Face à la réalité, la désillusion prend place. L’Education Nationale peine à séduire, à conserver celles et ceux qui tentent l’expérience. Ne devient pas enseignant.e qui veut. Cela ne s’improvise pas, ne se décrète pas.
Devenir enseignant.e est possible en 4 jours ? Alors pourquoi passer le concours ? Pourquoi 2 annĂ©es de formation ? Ce manque criant et rĂ©current de collègues pose Ă©galement et bien Ă©videmment la question du remplacement de nos collègues en cours d’annĂ©e. Nous en faisons dĂ©jĂ l’amer constat, mĂŞme dans des secteurs dits « hors tension ».
Le Ministre aurait Ă©tĂ© mieux inspirĂ© d’annoncer « Nous allons faire le maximum pour qu’il y ait un adulte dans chaque classe ».
Parce que dans le Val d’Oise, loin des bureaux du ministère, dans la réalité, la vraie vie, les conditions de rentrée ne sont pas optimales. Depuis la rentrée (et même bien avant), le Directeur académique, les services se battent au quotidien pour que la rentrée se déroule comme le Ministre l’a annoncé. Avant la rentrée on tentait de nous faire croire que tout irait bien
Cette situation n’est malheureusement pas nouvelle. Elle est bien évidemment liée à des conditions de travail qui ne permettent pas de créer de l’engouement pour les professions que nous représentons. Nous manquons d’enseignants, de directions d’écoles, de médecins scolaires, de psychologues Education nationale, d’AESH payé.es une misère (quand ils/elles sont payé.es…) de moyens au service de notre école. Au-delà d’un satisfecit de façade au niveau rectoral et départemental, les chiffres du concours pour notre académique sont catastrophiques et contribuent à cette crise.
Nous en sommes maintenant Ă l’apogĂ©e de la chronique d’une catastrophe annoncĂ©e. Pas de solution, juste l’obligation de gĂ©rer une pĂ©nurie, veiller Ă ce que l’on trouve des alternatives ici et lĂ , pour « boucher les trous », parer la colère des parents qui ne sont pas dupes, en dĂ©shabillant Pierre pour habiller Paul : envoyer « un moyen » ici Ă 8h30, le retirer Ă 10h pour l’envoyer ailleurs…
Comment peut-on accepter que des enfants de 3 ans qui font leur entrée en petite section à l’école de la République, maintenant obligatoire, subissent quelques jours après la rentrée le départ de leur enseignante appelée à combler une des vacances de direction, puis le passage en 3 semaines de 7 remplaçant.es différent.es ? Comment leur faire aimer l’école dans ces conditions ?
Comment ne pas comprendre ces parents qui, lassés depuis la rentrée scolaire que leurs enfants soient répartis dans des classes parce que nous ne disposons pas d’un adulte pour assurer la classe, manifestent et crient leur colère ?
Est-il tolérable qu’une classe d’ULIS à Gonesse, accueillant des enfants en situation de handicap donc, ne fonctionne pas faute d’enseignant spécialisé ? Ou pour une autre, soit attribuée à une enseignante non spécialisée et surtout non volontaire ? L’inclusion des enfants en situation de handicap n’était-elle pas une priorité nationale ?
Comment expliquer que dans le second degré des classes se retrouvent sans professeur alors que des contractuels ne sont pas affectés ? Pour exemple, une néo contractuelle en anglais, payée 18h, sans affectation …. Et selon elle, ils seraient sur l’académie 71 dans la même situation. Dans son secteur, un lycée a besoin d’un BMP de 9h. Ce poste est non pourvu à ce jour. Et ce n’est pas faute de démarches du lycée ou de cette contractuelle auprès du rectorat. Réponse : refus car en sous service !
Au-delà de ces difficultés que nous connaissons tous et toutes, la préparation de cette rentrée n’a pas pu s’effectuer de façon acceptable : pas de documents de travail en amont du CSA de rentrée, pas de base d’analyse pour échanger avec les écoles.
A noter toutefois une réelle volonté d’échanges et de partages du Directeur académique quant à cette pénurie et aux solutions les moins mauvaises à trouver ensemble, au regard de données bien restrictives.
A une semaine de la rentrée, les équipes, nos collègues et les employé.e.s de rue de Grenelle ont appris par voie de presse que le bac sera placé au mois de juin (aveu d’erreur par ailleurs… dont on aurait pu s’épargner, aux profit de nos élèves. Mais saluons cet aveu). Comme si les équipes en grève et mobilisée en 2019 n’avaient pas déjà alerté sur ce problème. Quand va-t-on enfin faire appel à l’expertise des personnels de terrains ?
Nous apprenons également que nous reprendrons peut-être le 20 août 2024. Au-delà de toute réflexion à laquelle nous souhaitons être positivement associés, déjà faudrait-il que les élèves reprennent effectivement le jour de la rentrée ou ne partent pas comme cela arrive très souvent dans les établissements 1 semaine, voire 2, voir 1 mois avant les vacances.
Mais quel capharnaüm au sein de notre ministère ! Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Ou plusieurs pilotes qui changent et modifient sans cesse leur plan de vol ? Vole-t-on à vue ? Quant aux collègues, c’est sans cesse qu’ils doivent jongler avec de permanentes injonctions contradictoires.
Les personnels (enseignants, AESH, personnels administratifs…) ont besoin de soutien pédagogique adapté, répondant aux besoins et aux ambitions affichées. Ils ont besoin de reconnaissance professionnelle, financière. L’école a besoin de moyens.
Le pacte n’est pas non plus la rĂ©ponse adaptĂ©e aux besoins des Ă©quipes et de nos Ă©lèves. Certains personnels sont contraints d’accepter ce « chantage » par nĂ©cessitĂ©. D’autres, pères ou mères de familles, n’en ont pas la possibilitĂ©. Au-delĂ d’une tentative de division des personnels, envoyer par exemple des enseignants du 1er degrĂ© pour venir en aide aux 6èmes en difficultĂ©s ne rĂ©pond qu’à une seule logique : la gestion de la pĂ©nurie d’enseignants dans le 2nd degrĂ©. En tout Ă©tat de cause, il ne s’agit en aucun cas d’une revalorisation des enseignants comme avancĂ© par le Ministre et le PrĂ©sident.
La rentrée que nous vivons n’est pas paisible, malgré un contexte sanitaire plus apaisé que pour les rentrées précédentes.
Le Service Public va mal. L’école est en pleine crise. Les Ministres se suivent, rĂ©forment chacun Ă leur tour. Ils annoncent, affichent, discrĂ©ditent, dĂ©valorisent, mais ne se donnent pas les moyens de leurs ambitions. Comment peut-on alors parler de « l’école de la confiance » ? A quand un « Ministère de la confiance » ?
L’expertise du terrain doit être interrogée et non ignorée. L’UNSA éducation participera autant qu’elle le peut à toute réflexion permettant l’amélioration de notre Service Public.
Olivier FLIPO