Ă€
l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, le ministre de
l’Éducation nationale a annoncé une hausse de 50% des fonds sociaux, et a
affiché sa volonté de renforcer la mixité sociale à l’École. Ces
déclarations, qui prennent le contre-pied de son prédécesseur, font
partie des priorités du SE-Unsa qui sera vigilant à leur concrétisation.
Fonds sociaux = justice républicaine
Les
fonds sociaux viennent en aide aux familles des élèves de
l’enseignement secondaire qui rencontrent des difficultés financières
importantes. Ils servent notamment Ă payer des soins dentaires,
optiques, des dépenses d’habillement ou d’alimentation. Entre 2017 et
2022, le SE-Unsa a évalué leur diminution à 16,6%, malgré une hausse de
la pauvreté dans notre pays.
Pour
la rentrée 2022, le montant des fonds sociaux avoisine 50 millions
d’euros. La hausse promise par le ministre les élèverait à 75 millions
d’euros à la rentrée 2023.
C’est
une très bonne nouvelle pour notre système éducatif. Le SE-Unsa sera
vigilant à la concrétisation de cette annonce, dès la parution des
documents préparatoires à l’élaboration du budget 2023 de l’Éducation
nationale.
La mixité sociale en ligne de mire
Durant
le premier quinquennat, la mixité sociale à l’École ne faisait plus
partie du vocabulaire ministériel. Pourtant, son absence est à l’origine
de nombreuses difficultés rencontrées dans les classes, qui pénalisent
notamment la réussite scolaire des élèves issus des milieux sociaux les
plus fragiles.
Ainsi, le ministre a déclaré à l’occasion de la conférence de presse de rentrée qu’il faut
un renforcement de la mixité sociale dans les établissements à l’instar
de ce qui s’est fait à Paris (lycées) et Toulouse (collèges) par
exemple.
Pour
le SE-Unsa, cette reconnaissance est bienvenue. Agir sur la mixité
sociale à l’École est une nécessité impérieuse pour la scolarité, pour
la société et pour la démocratie. Il reste désormais à initier des
dispositifs destinés à réunir dans et par l’École des enfants et des
adolescents séparés le plus souvent, par des critères sociaux.
Des angles morts Ă combler
Malgré
l’annonce d’augmentation des fonds sociaux, la faiblesse du montant des
bourses reste entière. Leur montant maximal a été augmenté d’un taux
inférieur à l’inflation et atteint 477€ annuels. L’augmentation du
montant maximal des bourses en collèges représente à cette rentrée 1,80€
par mois.
Le SE-Unsa rappelle
que les bourses et les fonds sociaux qui existent dans l’enseignement
secondaire, sont inconnus dans l’enseignement primaire. Il s’agit d’un
angle mort de notre système éducatif, alors que 20% des élèves vivent en
deçà du seuil de pauvreté.
Il
est urgent de donner une dynamique nouvelle à la recherche de mixité
sociale. Cela demande de traiter trois problèmes saillants :
- La situation du premier degré, où perdurent des situations de dérogations de complaisance ; le clientélisme municipal sape souvent la mixité sociale.
- Le rôle de l’enseignement privé sous-contrat dans la constitution de réservoirs d’entre-soi scolaire, où se concentrent les élèves issus des milieux favorisés au détriment des autres.
- La question des filières sélectives, notamment en collège, qui demeurent souvent des voies pour éviter le mélange des élèves.
Ă€ rebours de la pauvrophobie
ambiante qui touche la frange la plus défavorisée de la population, la
France est une RĂ©publique sociale, qui peut et doit Ă©lever le niveau
d’éducation et de vie des enfants et adolescents qui n’ont pas la
réussite scolaire en héritage.
Épauler
financièrement les plus fragiles et leur permettre de faire une
scolaritĂ© vraiment commune, demande Ă s’affranchir de toute suspicion Ă
l’égard des pauvres, assécher les stratégies de contournement et cibler
tous les micro-séparatismes qui minent à leur échelle le pacte
républicain.