Alors
que la crise sanitaire a singulièrement réduit les activités physiques
et sportives dans et en dehors de l’École avec des effets importants sur
la santé des jeunes enfants, un rapport commandé à l’Inspection
Générale (IG) par le ministre et non publié, propose un diagnostic
solide de la situation dans le premier degré. Les facteurs défavorables
au développement de l’EPS y sont nombreux et l’annonce ministérielle
très médiatique des 30 minutes d’activité physique en plus par jour n’y
changera rien.
Comme le rappelle le rapport, l’activité physique et la pratique sportive sont des outils privilégiés d’éducation, d’émancipation, d’inclusion et de santé. Les valeurs promues par l’EPS et le sport scolaire sont remarquables : pratique
inclusive pour tous les élèves, gratuité dans le temps scolaire, mixité
filles-garçons et variété des activités proposées. D’excellentes raisons pour en assurer le développement.
Et
pourtant… Les constats sont désolants. Depuis le rapport de 2012 sur la
pratique sportive à l’école primaire, rien n’a changé. Toutes les
préconisations sont restées lettre morte. La reconquête des trois heures d’enseignement de l’EPS
que les rapporteurs appelaient de leurs vœux n’est toujours pas
effectuée. Si la maternelle assure fortement l’éducation motrice et
sociale des élèves, la durée de l’enseignement d’EPS se dégrade au fil
des cycles. Les rapporteurs, loin d’en faire porter la responsabilité
aux enseignants, listent les raisons objectives de cet Ă©tat de fait
préoccupant pour la santé physique et plus globalement le bien-être de
nos élèves.
Des espaces pas toujours adaptés ou peu disponibles
La
salle de motricité, le préau et la cour de récréation font l’objet de
nombreuses critiques de la part des Ă©quipes enseignantes : pas assez
nombreux, pas assez grands, pas assez sécurisés, peu équipés et
difficiles à partager. Les équipements extérieurs sont souvent peu
disponibles ou trop éloignés. La priorité est souvent accordée aux
élèves du second degré. Alors qu’il existe un document qui fixe des
recommandations pour les surfaces des préaux ou des cours, il n’est
quasiment jamais respecté. De même pour le guide-conseil des équipements
de la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) qui liste
les installations nécessaires.
Les
rapporteurs demandent l’élaboration d’une politique spécifique de
construction d’équipements sportifs accessibles au premier degré.
Une formation insuffisante et inadaptée
L’EPS n’est qu’un domaine accessoire d’une formation initiale trop orientée vers la préparation du concours,
nous dit l’IG. Et en effet, elle n’est abordée qu’à l’occasion de la
seconde épreuve orale d’admission et de manière théorique. Quant à la
formation continue, elle est centrée sur les deux domaines jugés
fondamentaux par le ministre : les mathématiques et le français.
Les
ressources en formateurs sont en voie de disparition, avec la
substitution des conseillers pédagogiques de circonscription (CPC) EPS
par des CPC généralistes.
Pourtant, les CPC EPS assuraient des missions essentielles en soutien à l’action des enseignants en EPS.
Un développement du sport scolaire entravé par le manque de reconnaissance de l’investissement
Contrairement
au second degré, les personnels qui s’engagent dans les associations
sportives développant des activités hors temps scolaire le font à titre
bénévole (souvent dans le cadre de l’USEP) et n’ont aucune
reconnaissance de leur investissement. Il n’est donc pas étonnant que le
sport scolaire vivote dans le premier degré et que l’USEP intervienne
plutôt dans le temps scolaire en proposant des ressources pédagogiques,
du matériel, et en organisant des événements sportifs.
On
le voit, c’est un travail de longue haleine auquel il faut s’atteler,
loin des éclats médiatiques superficiels auxquels nous sommes
malheureusement habitués.
Considérer
l’EPS comme un « fondamental », engager les collectivitĂ©s dans des
programmes d’équipement, repenser l’accompagnement des enseignants et
valoriser l’engagement associatif, voilà les pistes à suivre.