Allocation de rentrée scolaire : non à la suspicion envers les familles précaires
Article publié le jeudi 2 septembre 2021.
a
rentrée scolaire est le moment du versement de l’allocation de rentrée
scolaire. Celle-ci est accordée à 3 millions de foyers, notamment des
familles monoparentales. À cette occasion, année après année, des
commentateurs prétendent que les sommes versées sont mal employées par
leurs bénéficiaires, voire détournées de l’objectif initial.
Seulement, c’est faux. Décryptage.
L’allocation de rentrée scolaire
Si l’allocation
de rentrée scolaire (ARS) versée fin août aux familles est mise en plae
depuis 1974, elle demeure mal connue. Une enquĂŞte nationale du Cnal en
2019 sur l’argent à l’École indiquait que 43 % des personnes interrogées
ne connaissaient pas son montant qui est calculé en fonction des
revenus des familles et de l’âge des enfants.
Les montants de l’ARS sont de :
- 370,31 € pour un enfant âgé de 6 ans à 10 ans
- 390,74 € pour un enfant âgé de 11 à 14 ans
- 404,28 € pour un enfant âgé de 15 à 18 ans
Cette
allocation a pour but d’aider les familles à équiper leurs enfants pour
la rentrée : fournitures scolaires, manuels, mais aussi vêtements,
chaussures, équipements de sports, matériel informatique, mobilier,
frais de cantine, ou encore inscription à des activités extra-scolaires.
Dans l’immense majorité des cas, la CAF reconnaît le juste emploi des
sommes versées*.
Pour
aider les familles à honorer les divers frais de scolarité de leurs
enfants, des bourses existent (460 €/an maximum) ainsi que des fonds
sociaux, dont le montant est notoirement insuffisant. Cependant, ces
aides n’existent que dans l’enseignement secondaire.
Les polémiques liées à l’ARS
Celles-ci
évoluent périodiquement. Si dans les années 80, il était reproché aux
familles d’acheter des magnétoscopes et des abonnements à des chaînes
cryptées avec leurs allocations, dans les années 90, cela s’est reporté
sur l’achat de télés à écran plat, puis dans les années 2000 sur les
téléphones portables. Cette obsession technologique n’existe que dans la
tête des détracteurs d’une aide qui reste un réel coup de pouce pour de
nombreuses familles.
Sans
surprise, les contempteurs de l’ARS font souvent partie de la frange la
plus favorisée de la population qui est aussi la grande bénéficiaire de
la politique actuelle. Curieusement, personne ne se demande si les
gagnants de la politique fiscale du gouvernement ont bien dépensé leurs
deniers.
Alors
que les achats liés à l’ARS sont dans leur immense majorité en lien
avec l’objectif fixés, une députée Modem de la Nièvre, Perrine Goulet, a
récemment publié une tribune demandant le versement de l’allocation,
sous forme de contremarques (à la manière des chèques restaurants) de
manière à flécher les dépenses. Outre que le coût de cette mise en œuvre
serait plus élevé que le montant des sommes dépensées à mauvais
escient, elle véhicule une suspicion envers les foyers les plus pauvres.
Une idée dangereuse au moment où le nombre de personnes vivant sous le
seuil de pauvreté a dépassé la barre des 10 millions dans notre pays.
Pour
le SE-Unsa, il aurait Ă©tĂ© plus juste de proposer le versement de l’ARS Ă
partir de 3 ans, puisque c’est l’âge auquel a été fixée l’obligation
d’instruction. Sur ce point comme sur d’autres, la justice sociale
attendra.