La
structuration de l’école est un sujet qui ne concerne pas que les
directrices et directeurs. Le SE-Unsa revendique la création d’un statut
d’établissement public d’enseignement du 1er degré.
Mais en quoi cette évolution serait-elle une avancée pour l’ensemble des équipes ?
Pourquoi devons-nous être tous acteurs et tous concernés par cette question fondamentalement liée à la direction d’école ?
La
crise sanitaire a mis en lumière l’extraordinaire implication des
directrices et directeurs, menée conjointement avec leurs équipes. Elle a
aussi permis de montrer les nombreux besoins d’amélioration concernant
la direction d’école, et notamment la structuration de l’école.
L’école fonctionne très bien comme ça : FAUX
L’école
est un local mis à disposition par la collectivité pour que l’État
puisse remplir sa fonction de service public. L’école n’est pas une
entité avec une existence juridique.
Les
équipes ne peuvent pas décider ou mettre en œuvre leur projet
pédagogique de façon autonome. Elles n’ont pas la main sur la journée de
solidarité et l’ancienne 2e journée de pré-rentrée. Les formations qui leur sont proposées sont la plupart du temps imposées.
L’école
n’a pas de budget propre. Sans moyens adéquats, elle peine à traiter
les demandes décidées pour elle, notamment la gestion des flux
financiers. Elle ne peut pas financer des projets pédagogiques avec des
indemnités pour mission particulière (IMP). Elle ne peut pas non plus
attribuer de fonds sociaux, alors que c’est le cas des collèges et des
lycées.
Le directeur deviendrait un supérieur hiérarchique : FAUX
Avec
un statut d’établissement public, et même s’il pourrait y avoir
création d’une fonction de directeur d’établissement public
d’enseignement, le directeur ne serait pas un supérieur hiérarchique. Il
disposerait d’une autorité fonctionnelle, c’est-à -dire uniquement
relative au fonctionnement de l’école.
L’intérêt est de lui reconnaître une légitimité à agir.
L’évaluation des enseignants resterait bien du ressort des IEN.
Par
contre, au lieu d’attendre une réponse de l’IEN, le directeur pourrait
immédiatement valider les projets pédagogiques élaborés avec l’équipe
enseignante ; cela faciliterait leur mise en Ĺ“uvre.
Le
travail du directeur serait également facilité car cet établissement
disposerait d’un secrétariat administratif qui serait pérenne et formé.
Cette évolution de l’école a aussi un intérêt pour les adjoints : VRAI
En
effet, davantage de décisions pourraient être prises au sein de
l’école. Le directeur pourrait proposer à l’IEN des formations choisies
avec l’équipe. Après avis du conseil des maîtres, il pourrait arrêter
une décision locale sur l’organisation de la journée de solidarité et
l’ancienne 2e journée de pré-rentrée en matière de calendrier et de thème, sans recours à l’IEN.
Le
projet d’école pourrait être validé après concertation pour répondre
aux besoins (populations, contextes) et impulser des modifications, lĂ
encore sans recours à l’IEN. Le directeur pourrait décider, toujours
après concertation avec l’équipe, de la durée du projet d’école. Un
budget permettant d’en atteindre les objectifs pourrait y être dédié.
Cette
légitimité du directeur à prendre des décisions pour l’école
permettrait une adéquation plus rapide et réactive entre les situations
locales et les réponses locales qu’elles attendent. L’école serait aussi
un acteur à part entière du projet éducatif territorial.
Enfin, donner à l’école une existence juridique lui permettrait de devenir un acteur social. Dans le 2d
degré les établissements scolaires ont la possibilité d’attribuer des
fonds sociaux aux familles de collégiens et lycéens qui rencontrent des
difficultés financières. L’école disposerait alors de fonds dédiés pour
faire face à des dépenses liées à la scolarité : transport, sortie,
tenue de sport, appareil auditif, lunettes, etc.
En
effet, près de 10 millions de personnes vivent sous le seuil de
pauvreté en France. Parmi elles se trouvent beaucoup de nos élèves : 1
sur 5 connaît la pauvreté et 1 sur 10 la grande pauvreté.
Malheureusement, il ne fait aucun doute que la crise sanitaire que nous
traversons va accroître ces inégalités qui freinent les possibilités de
réussite scolaire.
Cette
nouvelle structuration de l’école a donc un double objectif : permettre
la réussite de tous les élèves et assurer la sérénité des équipes
pédagogiques.
L’avis du SE-Unsa
Les
propositions du SE-Unsa sur la direction reposent sur deux volets
complémentaires et indissociables : d’une part faciliter l’exercice de
la fonction de directeur et d’autre part améliorer le fonctionnement de
l’école grâce à une existence juridique. Mais cette transformation de
l’école vers un établissement public d’enseignement du 1er degré ne
saurait se faire de façon uniforme et à marche forcée. L’expérimentation
sur la base du volontariat, issu d’une volonté conjointe des équipes
pédagogiques et des collectivités, serait indispensable.
L’ensemble
de la communauté éducative gagnerait à obtenir des avancées pour la
direction, en particulier concernant une évolution du statut de l’école.
En effet, améliorer les conditions d’exercice des directrices et
directeurs permet d’améliorer les conditions de travail des autres
collègues et de donner à l’équipe pédagogique les moyens d’atteindre
notre objectif : la réussite de chaque élève.