Article publié le mercredi 18 novembre 2020.
Revalorisation 2021 : une première marche qui en appelle d’autres
Après
deux réunions de concertation, le ministre a présenté aux organisations
syndicales lundi 16 novembre ses arbitrages sur la répartition des 400
millions d’euros dédiés à la revalorisation 2021. Si le SE-Unsa prend
acte des améliorations apportées aux premiers projets, il continue de
demander de la visibilité sur la Loi de programmation. Pour le SE-Unsa,
cette Loi de programmation est indispensable pour construire la
revalorisation des carrières dans leur ensemble.
Répartition de l’enveloppe
La
Loi de finances 2021 prévoit une enveloppe de 400 millions d’euros pour
la revalorisation. Elle prévoit également que ces mesures qui entreront
en vigueur en cours d’année représentent 500 millions en année pleine*.
Pour 2021, cette enveloppe sera ventilée selon quatre axes :
- Prime d’attractivité pour les début et milieu de carrière : 173 millions d’euros
- Prime d’équipement informatique : 178 millions d’euros
- Mesures catégorielles (dont la direction d’école) : 45 millions d’euros
- Amélioration des ratios hors-classe : 4 millions d’euros
DĂ©tails des mesures
> Prime d’attractivité
L’arbitrage rendu par le ministre est l’aménagement de l’un des 4 scénarios présenté lors des concertations (
enseignants.se-unsa.org/Remuneration-enfin-des-perspectives-pour-2021).
Ainsi, la prime d’attractivité sera identique pour tous les corps
enseignants, CPE et PsyEN. Versée à partir de mai 2021, elle ira de 100 €
nets par mois pour la première tranche (échelon 2) à 36 € nets par mois
(échelons 6 et 7) pour les dernières tranches.
Pour
le SE-Unsa, ces montants 2021 amorcent une correction des trop faibles
rémunérations des enseignants, CPE et PsyEN au grade de la classe
normale, notamment au début de la carrière. Il faudra d’autres marches
pour sortir de la situation où les enseignants et assimilés connaissent
des salaires qui mettent plus de 20 ans à les placer à l’abri des
préoccupations de fin de mois.
Pour le SE-Unsa, un travail sur le premier Ă©chelon et un accroissement
pluriannuel de cette prime d’attractivité doit permettre d’offrir
rapidement un premier salaire de 2 000 € net par mois et concerner toute
la classe normale.
Pour
le SE-Unsa, il faut en parallèle construire une accélération de la
totalité de la carrière. Le passage au deuxième grade, la hors-classe,
doit être plus rapide. La classe exceptionnelle, troisième grade, doit
être élargie pour devenir une perspective pour tous. Ainsi, l’annonce
d’une augmentation du taux de passage à la hors-classe de 17 % à 18 %
des promouvables est un signe positif à poursuivre dès 2022 pour
atteindre 20 % Ă court terme.
> Prime d’équipement informatique
S’agissant
de la prime d’équipement informatique, son montant sera de 150 € nets.
Elle sera payée tous les ans avec le salaire de mars.
Le
SE-Unsa a été entendu pour la prise en compte des PsyEN parmi les
bénéficiaires mais il dénonce la mise à l’écart des professeurs
documentalistes et CPE renvoyés à une mise à disposition de matériel par
les Ă©tablissements.
Pour le SE-Unsa, cette prime devra concerner tout le monde et être améliorée, dans le cadre pluriannuel.
> Direction d’école
Le
ministre confirme que 21 millions d’euros sur l’enveloppe catégorielle
de 45 millions sont réservés à l’amélioration de la rémunération des
directeurs d’école sans précisions sur la répartition pour l’instant.
Concernant
d’autres mesures prĂ©vues au budget 2021, les dĂ©charges des Ă©coles de 1 Ă
3 classes actuellement de droit mais non financées le seraient par des
postes dédiés pour environ 900 équivalents temps plein (ETP) et que des
décharges supplémentaires sur d’autres groupes seront attribués pour 600
ETP. Ce sont des réunions à venir qui devront préciser les catégories
d’écoles concernées.
Pour
le SE-Unsa, là encore, il faut dépasser la logique des avancées
arrachées une à une pour dégager un plan global d’amélioration. Les
directrices et directeurs d’école ont besoin de soutien immédiat et de
perspectives consolidées pour sortir d’une situation intenable constatée
déjà bien avant la crise sanitaire.
> Enseignants, CPE et PsyEN contractuels
Le
SE-Unsa avait demandé que la revalorisation 2021 concerne également les
personnels contractuels ; il regrette que les montants soient limités
(54 € nets par mois au maximum). Sur ce dernier point comme sur les
précédents, les décisions pour 2021 ont besoin de s’inscrire dans une
perspective pluriannuelle.
L’avis du SE-Unsa
Pour
le SE-Unsa, des améliorations ont été apportées aux premiers projets
présentés en octobre mais des écueils et des manques demeurent. Alors
que l’École a besoin de retrouver optimisme et attractivité, l’absence
de visibilité sur une montée en charge au-delà de 2021 empêche les
personnels de se projeter ensemble sur l’indispensable revalorisation
complète des carrières et la correction des écarts de rémunération.
Le SE-Unsa poursuit également son action pour que la rémunération des
AESH connaisse vite une amélioration pour celles et ceux qui n’ont qu’un
salaire de 760 € en moyenne.
Le
SE-Unsa sait que le rattrapage des retards accumulés ne peut se
concevoir sur un seul budget, qui plus est, en période de crise
sanitaire et économique. Néanmoins, et justement parce que l’École
démontre encore son rôle central pour que notre pays affronte les crises
multiples et de long cours, y compris la remise en cause des valeurs de
la RĂ©publique, il est urgent de donner des perspectives collectives
budgétairement consolidées.
* Mieux comprendre : pourquoi parle-t-on de 400 millions ou de 500 millions d’euros par an ?
Les mesures annoncées pour 2021 ne prendront pas toutes effet au 1er janvier.
Par exemple, les primes d’attractivité ne devraient pas débuter avant
mai. Par conséquent, l’enveloppe budgétaire nécessaire pour 2021 sera
inférieure à celle qu’il faudrait pour une année pleine. À partir de
2022 ce seront donc bien 500 millions par an qui seront alloués pour la
pérennité des futures mesures.