Le
budget 2021, présenté ce lundi 28 septembre, augmente dans les mêmes
proportions que celui de l’année passée (soit + 1,446 milliard d’euros).
Cette augmentation globale est le solde de plusieurs mesures envisagées
par le gouvernement. 400 millions d’euros sont bien prévus pour des
mesures de revalorisation dès le 2e trimestre 2021. Une augmentation des postes dans le 1er degré
est également programmée mais elle se fait par un nouveau redéploiement
depuis le second degré. Ce dernier se verra donc encore imposer des
heures supplémentaires pour compenser les suppressions de postes alors
que les effectifs continueront de croître.
2d degré : des élèves en plus, des postes en moins, des heures supplémentaires en plus
Déjà en tension, la rentrée 2021 dans le 2d degré
s’annonce sombre avec la suppression de 1 800 emplois prévus par le
gouvernement (qui s’ajoutent au 440 emplois supprimés l’an passé).
Pour
compenser cette baisse, le budget prévoit un financement équivalent à 2
500 emplois en heures supplémentaires. Cette mesure accentuera une
nouvelle fois la dégradation des conditions de travail des enseignants
du 2d degré. Ceux-ci, après une deuxième heure supplémentaire
imposée, ne pourront absorber une telle charge de travail
additionnelle. Il n’est pas possible de dire que l’on veut des
professeurs heureux, se targuer de vouloir améliorer leurs conditions de
travail et dans le même temps provoquer de l’épuisement professionnel
pour des Ă©conomies Ă courte vue, qui plus est dans un contexte oĂą les
effectifs au collège et au lycée continuent à augmenter.
Les
tensions dans les collèges, les lycées professionnels et les lycées
d’enseignement général et technologique deviennent insurmontables.
Ajoutons à cela l’absence ou le nombre insuffisant de CPE dans de
nombreux Ă©tablissement qui empĂŞchent une prise en charge Ă©ducative
satisfaisante des élèves. Le contexte de réformes du lycée général et
technologique et de la voie professionnelle nécessiterait un
accompagnement budgétaire supplémentaire. Au lieu de cela le retrait de 1
800 postes va encore dégrader les conditions de travail et
d’enseignement avec une nouvelle augmentation des effectifs par classe
dès le collège.
Par ailleurs, le SE-Unsa regrette l’absence de création de postes de CPE et PsyEN-Edo.
1er degré : des créations de postes en nombre mais quid de leur ventilation ?
Dans le 1er degré,
dans un contexte de diminution des effectifs, la création de 2 039
postes en Équivalent temps plein (ETP) pourrait être en revanche une
bonne nouvelle (+ 1 850 ETP contre + 1 688 ETP l’an passé en cumulant
les + 440 postes prévus sur la loi initiale et les 1 248 postes créés en
mars). Il reste cependant à préciser comment ces emplois seront
ventilés et s’ils répondront aux besoins du terrain.
En
effet, à ce stade, difficile de savoir s’il reste des marges au-delà de
la poursuite de la limitation des effectifs à 24 élèves en GS/CP et
CE1, du dédoublement des effectifs en GS en éducation prioritaire et de
la poursuite de la politique pas de fermetures d’écoles rurales.
Si l’attention au maillage scolaire du tissu rural et sa prise en
compte sont une nécessité tant du point de vue social, économique que de
l’aménagement du territoire, il ne peut être une doxa et nécessite des
moyens dédiés.
Cela
est d’autant plus vrai que d’autres besoins essentiels de notre système
éducatif sont eux aussi indispensables à la réussite des élèves. C’est
le cas des décharges de direction, des personnels des Rased (enseignants
spécialisés ou psychologues de l’Éducation nationale) et des postes de
remplacement dont on sait que le calibrage insuffisant met régulièrement
en rupture la continuité du Service public d’Éducation.
Enfin des mesures de revalorisation dans le budget 2021 !
Indépendamment
des mesures salariales déjà prévues dans le cadre ordinaire -soit la
dernière tranche de la prime Rep+ (+ 49 millions d’euros), le
financement du PPCR (+ 26 millions d’euros) et le financement ordinaire
du déroulement de carrière (+ 775 millions d’euros)-, une somme de 400
millions d’euros est dédiée aux mesures de revalorisation. Ces 400
millions doivent financer des mesures prenant effet Ă la fin du premier
trimestre 2021, ce qui correspond à 500 millions d’euros en année
pleine. Le ministre a déclaré que c’était une première marche. L’année 2021 ne serait que le début d’une revalorisation des personnels pour répondre à leur besoin de reconnaissance.
Pour
le SE-Unsa, le fait d’y intégrer les mesures relatives à l’équipement
informatique des personnels n’est pas acceptable. En effet, l’équipement
informatique peut trouver sa place en dehors de cette enveloppe dans le
budget de l’Éducation nationale, et ce d’autant plus qu’il ne peut
être associé à des mesures de revalorisation des rémunérations.
Le
SE-UNSA revendique que l’équipement informatique fasse l’objet d’un
crédit d’impôt pour tous au même titre que d’autres dépenses fiscales.
La
création de 4 000 postes d’AESH, comme l’an passé, constitue également
un effort important dont on espère que la concrétisation sera effective
car nécessaire. Cependant d’autres questions se posent comme la
revalorisation de la rémunération de ces personnels. Il ne suffit pas de
créer des emplois si ceux-ci ne sont pas pourvus faute d’attractivité,
un problème pourtant déjà identifié à plusieurs reprises.
Des alertes concernant l’Onisep et Canopé
Si
la préservation des effectifs du Cned était un minimum attendu, il en
eut été difficilement autrement. La nouvelle réduction concernant Canopé
et l’Onisep est un signal préoccupant. Derrière l’expression
gouvernementale de repositionnement se cache la disparition de certaines activités pourtant essentielles à notre système.
Le SE-Unsa dénonce cette nouvelle baisse de moyens qui vient fragiliser une nouvelle fois les opérateurs du ministère.
L’avis du SE-Unsa
Pour
le SE-Unsa, ce projet de budget 2021 entremêle des réponses à des
besoins indispensables -même s’il est trop tôt pour porter une
appréciation sur leur adéquation avec les besoins- et des sujets de
préoccupation sur l’avenir du fonctionnement du second degré.
Ce
budget 2021 n’est en tout cas pas à la hauteur des enjeux de
restauration des domaines essentiels du Service public d’Éducation. La
poursuite dogmatique de la baisse des prélèvements fiscaux vient
percuter cette nécessité en imposant des choix par une réponse partielle
à des attentes et une course irraisonnée vers la fragilisation du
second degré.