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30 minutes d’APQ : un rapport du SĂ©nat pointe les faiblesses du dispositif
Article publié le vendredi 4 octobre 2024.
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Les 30 minutes d’activité physique quotidienne (APQ) en complément de l’EPS, généralisées dans toutes les écoles à la rentrée 2022, font l’objet d’un rapport d’information rédigé par les sénatrices Béatrice Gosselin et Laure Darcos. Ses conclusions sont loin de rejoindre celles du ministère concernant la mise en œuvre du dispositif et son efficacité.
 
 
Loin de la généralisation annoncée
 
Les chiffres dĂ©roulĂ©s par le rapport illustrent le dĂ©calage habituel entre l’enthousiasme prĂ©sidentiel et la rĂ©alitĂ© dans les Ă©coles : 42 % des Ă©coles primaires mettent en Ĺ“uvre de manière certaine l’APQ, bien loin des 90 % annoncĂ©s par le ministère.
 
Autre dĂ©sillusion : la dotation des Ă©coles en kit sportifs pour les aider Ă  la mise en Ĺ“uvre de l’APQ. Alors que le ministère avait promis un kit par Ă©cole avant la fin de l’annĂ©e 2023, la livraison a accusĂ© un retard important. Ă€ titre d’exemple, en mai 2024, seulement 62 % des Ă©coles de l’Essonne avaient reçu le kit. Pour les Ă©coles abondĂ©es, se posent la question de l’utilitĂ© du matĂ©riel qui, pour certaines d’entre elles, n’est pas utile lorsqu’il fait doublon avec celui distribuĂ© par les communes. Pour d’autres, il est insuffisant et sa durĂ©e de vie est limitĂ©e, du fait d’une utilisation quotidienne par l’ensemble des Ă©lèves d’une Ă©cole.
 
 
Un objectif flou qui entretient la confusion
 
Ă€ l’aune des JOP de Paris 2024, le prĂ©sident de la RĂ©publique avait annoncĂ© vouloir faire de la France une nation sportive. Les 30 minutes d’APQ devaient y contribuer. Or l’APQ repose avant tout sur le constat alarmant de l’OMS qu’en France un enfant sur trois est en surpoids, proportion qui devrait passer Ă  un sur deux dans les dix annĂ©es Ă  venir si la tendance actuelle n’évolue pas. En lieu et place d’une nation sportive, c’est donc une nation en bonne santĂ© que l’APQ doit participer Ă  construire.
 
Par ailleurs, les propos prĂ©sidentiels n’ont fait qu’accentuer la confusion dĂ©jĂ  bien Ă©tablie entre activitĂ©s physiques, activitĂ©s sportives et EPS. Le rapport rappelle avec pertinence que les activitĂ©s physiques, Ă  la diffĂ©rence des activitĂ©s sportives, visent une dĂ©pense d’énergie Ă  travers des exercices facilement rĂ©alisables qui ne nĂ©cessitent ni infrastructures, ni matĂ©riels ou tenues particuliers. Les activitĂ©s sportives, quant Ă  elles, s’inscrivent dans le cadre de disciplines rĂ©gies par des règles. Enfin, l’EPS est une discipline obligatoire avec des apprentissages Ă  maĂ®triser et un horaire dĂ©diĂ©. Les activitĂ©s sportives tout comme l’EPS constituent des activitĂ©s physiques, mais l’inverse n’est pas vrai. 
 
Enfin, le copilotage de l’APQ par le ministère de l’Éducation et celui des Sports entretient Ă©galement la confusion : le ministère des Sports n’a pas Ă©tĂ© associĂ© Ă  la première enquĂŞte d’évaluation du dispositif et son rĂ´le s’est rĂ©duit au financement des kits sportifs.
 
 
Pour les élèves, un bilan mitigé
 
Ă€ ce jour, aucune Ă©tude de santĂ© publique n’a mesurĂ© l’impact du dispositif sur la sĂ©dentaritĂ© des Ă©lèves. 51,8 % des directeurs rĂ©pondants indiquent ne constater aucun effet positif sur les apprentissages. Pour les 48,2 % qui y voient un effet positif, 41,5 % le voient directement sur les apprentissages et 6,7 % estiment que ses effets sont indirects.
 
 
Quel avenir pour le dispositif ?
 
La première des 6 recommandations formulĂ©es par le rapport est de renommer le dispositif pour le rendre plus lisible. Les rapporteurs proposent des pauses actives et de bien-ĂŞtre (Pabe), nom qui a le mĂ©rite d’évacuer la confusion entre APQ et EPS. L’adjectif quotidienne a Ă©galement semĂ© le trouble chez les enseignants : beaucoup pensent qu’ils doivent s’acquitter des 30 minutes chaque jour, en plus des trois heures d’EPS. Or l’un des exemples de rĂ©partition hebdomadaire des APQ proposĂ©s par le site Éduscol montre que ce n’est pas le cas : sur 5 journĂ©es, 4 peuvent proposer une sĂ©ance de 45 minutes d’EPS, et la cinquième de l’APQ.
 
Le rapport préconise également de renforcer l’accompagnement des enseignants et d’intégrer l’APQ dans le temps périscolaire. 1 école sur 4 indique avoir été accompagnée dans la mise en œuvre de l’APQ et les guides académiques d’accompagnement ne sont pas généralisés.
 
Enfin, il est essentiel que les cours de rĂ©crĂ©ation soient amĂ©nagĂ©es, alors que 7,5 millions d’euros consacrĂ©s au cours d’écoles actives et sportives portĂ©es par le plan 5 000 Ă©quipements-GĂ©nĂ©ration 2024 ont Ă©tĂ© annulĂ©s en fĂ©vrier 2024, dans le cadre des 10 milliards d’économies annoncĂ©es par le gouvernement.
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
Si le SE-Unsa estime que la rĂ©action provoquĂ©e par le constat alarmant de l’OMS est lĂ©gitime et nĂ©cessaire, il continue de penser, Ă  la lumière de ce rapport, que l’APQ ne peut Ă  elle seule rĂ©pondre Ă  cet enjeu de santĂ© publique. 
 
La mise en Ĺ“uvre du dispositif, bien que gĂ©nĂ©ralisĂ©e Ă  toutes les Ă©coles, demeure contraignante pour les directeurs et les professeurs des Ă©coles. Renommer le dispositif pour mieux l’identifier et le diffĂ©rencier de l’EPS ne sera pas suffisant : les 3 h d’EPS hebdomadaires, enseignement obligatoire, rĂ©pondent Ă  l’objectif de l’APQ mais encore faut-il qu’elles puissent ĂŞtre effectuĂ©es et rĂ©parties sur la semaine de cours. 
 
Sur le temps pĂ©riscolaire, le sport scolaire a un rĂ´le majeur Ă  jouer : l’Usep, dont le SE-Unsa continue de revendiquer le dĂ©ploiement dans toutes les Ă©coles, a l’expertise et les moyens nĂ©cessaires Ă  une mise en Ĺ“uvre qualitative de l’APQ. La formation initiale des professeurs des Ă©coles doit donner une place plus importante Ă  l’EPS (actuellement 30 Ă  40 h sur deux ans), afin de leur permettre de mettre en place cet enseignement fondamental pour les Ă©lèves, bien plus pĂ©renne qu’un dispositif superficiel et prĂ©caire mal identifiĂ©, mal compris et trop souvent subi.
 

 

 
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