Les
arrêtés fixant les contenus des futurs concours de recrutement ont
enfin été publiés. C’était une pierre manquante à la construction de
l’édifice branlant de la nouvelle formation initiale des enseignants et
des CPE qui débutera en septembre prochain.
Les modalités
S’il
y a peu de nouveautés pour les concours du second degré, en
revanche, pour le CRPE, les candidats devront désormais composer pour
trois épreuves d’admissibilité (contre deux auparavant) puis deux
épreuves d’admission avec la possibilité d’une épreuve optionnelle de
langue.
Le second
concours interne du CRPE comporte le même nombre d’épreuves que le
concours externe pour l’admissibilité et l’admission.
Le détail des épreuves
- 3 épreuves d’admissibilité
- Une épreuve écrite disciplinaire en français
Durée : 3 heures, coefficient 1
- Une épreuve écrite disciplinaire en mathématiques
Durée : 3 heures, coefficient 1
- Une épreuve dite d’application permettant d’apprécier la capacité du candidat à proposer une démarche d’apprentissage progressive et cohérente. Le
candidat aura Ă choisir un sujet parmi trois domaines (Sciences et
technologies, Histoire-géographie-enseignement moral et
civique ou Arts).
Durée : 3 heures, coefficient 1
- 2 ou 3 épreuves d’admission
- Une première épreuve orale intitulée leçon ayant
pour objet la conception et la présentation d’une séance d’enseignement
et permettant d’apprécier à la fois la maîtrise disciplinaire et la
maîtrise de compétences pédagogiques. La leçon porte sur le français et les mathématiques avec à chaque fois 15 minutes d’exposé et 15 minutes d’entretien.
Durée : 1 heure (avec préparation de 2 heures), coefficient 4
- Une deuxième épreuve orale d’entretien en deux parties :
- La première partie
(30 min) est consacrée à l’EPS, la connaissance scientifique du
développement et de la psychologie de l’enfant.
- La deuxième
partie, commune à tous les concours d’enseignement et
d’éducation, consiste en une épreuve d’entretien divisée en deux
séquences :
> Une
première séquence de 15 minutes est consacrée à la présentation du
candidat : il y développe son aptitude à se projeter dans le métier de
professeur, sa motivation. Elle doit Ă©galement permettre au candidat de
faire valoir son parcours et de valoriser ses travaux de recherche, les
stages, l’engagement associatif… Cette présentation donne lieu à un
Ă©change avec le jury.
> La
deuxième séquence de l’épreuve, d’une durée de 20 minutes, doit
permettre au jury, au travers de deux mises en situation
professionnelle, l’une d’enseignement, la seconde en lien avec la vie
scolaire, d’apprécier l’aptitude du candidat à s’approprier les valeurs
de la RĂ©publique, et les exigences du Service public (droits et
obligations du fonctionnaire dont la neutralité, lutte contre les
discriminations et stéréotypes, promotion de l’égalité, notamment entre
les filles et les garçons, etc.), et faire connaître et partager ces
exigences.
3. Une Ă©preuve
optionnelle de langue Ă choisir entre anglais, allemand, espagnol,
italien. Seuls les points au-dessus de la moyenne sont pris en compte.
Durée : 30 minutes (préparation 30 minutes)
L’avis du SE-Unsa
OĂą
l’on retrouve la commande d’un ministre pour une réforme surtout
centrée sur la formation des professeurs des écoles, et en
particulier sur leur maîtrise des fondamentaux !
Nous ne nions pas l’intérêt de ce recentrage.
Le problème reste que le ministre continue de confondre recentrage avec
exclusivité. Il en résulte un appauvrissement des épreuves de français
et de maths, aussi bien écrites qu’orales. Vidées de leurs enjeux
didactiques, ces Ă©preuves se limitent Ă un contrĂ´le du niveau des
connaissances du candidat pour l’écrit, et à l’établissement d’une doxa
officielle en matière de lecture, écriture, et mathématiques pour
l’oral.
Que
reste-t-il de l’engagement ministériel de 2019 de renforcer la dimension
professionnalisante des concours de recrutement de l’enseignement ? De
plus, pour les candidats qui n’auront pas choisi un master Meef, le
déplacement du concours en fin de M2 allongera de facto la dimension
disciplinaire de la formation.
Or
de toutes les difficultés rencontrées dans l’exercice du métier, en
particulier quand on débute, est-ce la maîtrise des savoirs
disciplinaires qui est la plus en cause ? L’aptitude à se projeter dans
le métier, la motivation, la valorisation d’expériences antérieures qui
nourrissent la pratique, ainsi que la connaissance de l’environnement
professionnel dans lequel ils Ă©voluent tiennent-ils si peu de place dans
le métier d’enseignant et de CPE au XXIe siècle ?
Partant
de ce constat l’introduction d’une épreuve commune à tous les concours
est à saluer. Certes pour les concours de l’enseignement c’est une
nouveauté, et il faudra notamment veiller à la formation des jurys en la
matière. Pourtant ce type d’épreuve fait partie intégrante du concours
de recrutement des CPE depuis déjà de nombreuses années, ainsi que
nombreux autres concours de la Fonction publique. C’est un premier pas,
certes timide vers la prise en compte de compétences utiles à toutes les
fonctions connexes à l’enseignement.
Si l’épreuve d’admissibilité supplémentaire qui concerne d’autres domaines que les fondamentaux et qui est orientée didactique et pédagogie à partir d’un dossier est intéressante, elle ne parviendra toutefois pas à gommer les effets de ce recentrage. La
maîtrise des fondamentaux chère au ministre risque ainsi de se faire
sur le dos de la maîtrise des compétences professionnelles, de la
polyvalence propre au métier et donc de l’interdisciplinarité, un
élément pourtant structurant des apprentissages.
Pour
le SE-Unsa, la réforme de la formation initiale, en l’état, ça reste
donc toujours non. L’objectif de professionnalisation n’y est décidément
pas. Quand bien même l’épreuve d’entretien a du sens, c’est un
pansement sur la jambe très écorchée par une réforme inutile, sans
garantie de professionnalisation ni de revalorisation, de la formation
initiale des enseignants et CPE.