Les assises réunies en fin de semaine ont permis de partager un bilan lucide: la formation continue des enseignants est inadaptée, insuffisante et inefficace. Le ministre l’a bien entendu et a fixé le cap pour la réformer. Les discussions vont commencer dans le cadre de l’agenda social dédié.
L’UNSA Éducation a tous les atouts en main pour être force de proposition.
Des constats unanimes
La DGESCO a mené une enquête en ligne sur le sujet, 40700 répondants en quinze jours de consultation. Premiers résultats, la formation continue par ceux qui la reçoivent, est jugée :
-insuffisante (69%), 3 jours par an en moyenne en France contre 8jours pour les Pays de l’OCDE. 3 jours qui prennent en compte les formations pédagogiques du 1er degré, obligatoires et hors temps scolaire, et effacent la pauvreté de la formation du 2nd degré, au moins en quantité.
-inadaptée : 72% des répondants à la consultation affirment que les apports et leur transferabilité sont insuffisants, voire très insuffisants. 83% disent n’avoir jamais été consultés sur l’offre de formation.
-inefficace : outre que la transformation attendue des pratiques par la formation n’est guère quantifiée,l’enquête fait apparaître le peu de transmission entre pairs des apports nouveaux (22% disent en parler autour d’eux souvent, mais 28% répondent jamais ). Enfin, 64% affirment que leurs nouvelles compétence, acquises en auto formation ou en formation continue ne sont pas prises en compte dans leur carrière.
Rien de très nouveau, ces constats étaient connus mais pas forcément reconnus par l’Institution, qui s’est longtemps contentée d’une logique comptable. Et c’est bien là, la nouveauté, rendre publique une mauvaise évaluation et la volonté d’y apporter transformation. Car il a été rappelé que tous les systèmes éducatifs en tête des comparaisons internationales ont misé sur un continuum de formation des enseignants, tout au long de leur carrière.
Un projet annoncé par le Ministre
En présence du DGESCO et du DGRH, Jean-Michel BLANQUER a donc annoncé la création d’un "schéma directeur pluriannuel de la formation continue". Il s’agit de définir sur une période "de 3 à 5 ans les priorités stratégiques du ministère et la ventilation de l’effort de formation entre l’information institutionnelle, la formation continue métier et la formation destinée à l’évolution professionnelle".
Un véritable changement de paradigme car il nécessite de passer d’une logique de l’offre à une logique de la demande, une logique d’accompagnement. Une prise en compte des ressources humaines car l’enjeu de bien être au travail est central, ce qui amène à penser l’accompagnement à l’expertise des métiers et à l’appropriation des politiques éducatives et la possible mobilité dans les carrières. On ne part pas de rien, de nombreuses actions sont déjà engagées sur certains territoires , et c’est bien l’idée d’académies apprenantes qui est mise en lumière. L’EPLE ou la circonscription comme lieux centraux de développement professionnel, en inter métiers ou inter catégoriels. Comme par exemple, les CLAP ( cellule locale d’accompagnement professionnel) expliquées et suivies par Luc Ria et l’IFé, dans l’académie de Versailles et Lyon.
L’UNSA Éducation a tous les atouts en main pour être force de proposition dans le cadre de l’agenda social qui s’ouvre. Parce que nous sommes forts de nos 22 syndicats et de la diversité de nos métiers. Parce que le sujet de la formation tout au long de la vie est au cœur de notre projet éducatif. Parce que nous savons déjà travailler en inter métiers et inter catégoriels. Parce que nous avons déjà proposé et expérimenté des formations sur des sujets d’éducation : le décrochage scolaire, le développement professionnel continu, le bien être au travail.…
Ces expériences nous donnent de l’expertise pour porter des revendications utiles sur une formation initiale et continue adaptée, efficace et suffisante.