Les professeurs des écoles vont-ils payer le prix de la refondation et du poids accru des collectivités territoriales dans le système éducatif ? La question est posée par les propositions ministérielles présentées le 16 octobre aux syndicats. Vincent Peillon demande aux professeurs des écoles de travailler plus. En échange de quoi ?
François Hollande avait posé les principes de la réforme des rythmes scolaires au primaire le 9 octobre : une réforme mise en place à la rentrée 2013, des journées de classe plus courtes, 9 demi-journées travaillées par semaine au lieu de 8, une aide aux devoirs à l'école et aucun enfant dehors avant 16h30 à charge pour l'Etat et les communes de trouver le moyen de mettre en place cet accompagnement.
Un jour et une heure de plus par semaine...
Ce moyen, Vincent Peillon l'a trouvé : c'est le professeur des écoles. Le schéma qu'il a présenté aux syndicats le 16 octobre fait peser sur les seuls enseignants tout le poids des réformes. La semaine de classe applicable à la rentrée se composerait de 4 journées, les lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 5,5 heures en classe entière et de la demi-journée du mercredi matin avec 3 heures en classe entière. Chaque après-midi la dernière demi-heure sera consacrée à l'accompagnement aux devoirs.
Par rapport à l'existant, les professeurs des écoles devront travailler une demi-journée supplémentaire avec les conséquences sur leur vie familiale (garde d'enfants, frais de déplacements etc.). Ils devront aussi faire cours une heure de plus : ils effectuent aujourd'hui 24 heures hebdomadaires devant la classe entière. Ils en feront 25. "C'est la double peine", nous dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. Il reste "abasourdi" devant ces propositions gouvernementales.
Vers la triple peine ?
Le ministre a arbitré de façon à alléger au maximum la charge des communes. Il ne ramène pas la journée de classe de 6 à 5h mais seulement à 5,5 heures de façon à diminuer l'encadrement post scolaire qui reviendra à la charge des communes. Le Café avait souligné le problème : aujourd'hui les communes encadrent une petite proportion des jeunes le mercredi matin. Or à partir de 2013 ce sont tous les enfants qui seront à accompagner 4 jours par semaine. Toutes les communes n'ont pas la capacité financière d'y faire face et il faudrait alors mettre en place un système de péréquation. Avec la solution imaginée par VPeillon, les communes n'ont plus en charge qu'une demi heure d'encadrement. Et encore ce n'est pas sur. Car il suffirait d'allonger la pause méridienne jusqu'à 14 heures, comme le demandent certains parents, pour que la totalité de la journée soit effectuée par les enseignants. L'engagement électoral des devoirs faits à l'école serait alors tenu tout en allégeant le poids financier sur les communes...
Quelle compensation ?
V Peillon reçoit le 17 octobre les représentants des collectivités locales. Les discussions vont se poursuivre avec le ministère avec les syndicats. Mais on ne voit pas trop quelles compensations l'Education nationale pourrait offrir aux enseignants. Le budget 2013 laisse peu de marge. Il faudra beaucoup d'inventivité et peut-être de résistance aux pressions des élus locaux pour rendre la réforme des rythmes scolaires acceptables aux enseignants du primaire.
François Jarraud