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SE-UNSA 80


 Par SE-UNSA 80
 Le  jeudi 30 novembre 2023

Éducation citoyenne : agir par la refonte des programmes ?

 

L’UNSA Éducation a été auditionnée par le CSP (Conseil Supérieur des Programmes), saisi par le Ministre pour refondre les programmes EMC (Enseignement Moral et Civique) et l’éducation à la sexualité, qui n’est définie jusqu’à présent que par une circulaire. Deux sujets fondamentaux pour la formation de la citoyenneté, qui permet de vivre ensemble dans une société respectueuse des uns, des unes et des autres et de rendre concrète la devise républicaine. Notre analyse.

Éducation à la sexualité

Inscrite dans les éducations obligatoires à raison de trois heures annuelles, elle n’est pas effective pour tous les élèves de France car elle relève de contenus délicats, fort bien maîtrisés par les professionnels de santé, un peu moins par le corps professoral. Elle permet aux individus de mieux comprendre leurs corps, leur identité sexuelle, leurs émotions, leurs relations avec les autres. Elle concerne également l’égalité et la diversité sexuelle et de genre. Donc, elle est une question socialement vive, qui peut générer des conflits, des prises de positions antagonistes.

Pour l’UNSA Éducation, elle ne peut s’envisager sans une formation robuste des personnels des écoles et établissements, en inter-métiers, en équipe éducative. Un partage des compétences, des expériences et expertises des différents métiers ne peut qu’enrichir la construction des séances d’éducation à la sexualité.

Pour l’UNSA Éducation, elle doit s’adresser aux enfants dès l’école maternelle, mais doit porter deux noms différents afin d’éviter la fronde de « parents vigilants » ou de parents inquiets. « Éducation à la vie relationnelle, affective et émotionnelle » convient parfaitement à l’école primaire, pour éduquer les enfants et leur permettre de connaître leur corps, y compris dans ses parties intimes, le consentement, les émotions les affects, l’égalité entre les sexes, la diversité et le respect dans les relations. Et pour le secondaire, on pourrait adopter l’appellation la plus répandue en Europe : Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (EVARS). Bien évidemment, un changement de nom ne suffira pas à assurer un cadre sécurisé pour son déploiement, il devra s’accompagner de formation, co-éducation, partenariats associatifs.

EMC : sortir de la « citoyenneté de papier »

Les programmes de 2015 étaient novateurs dans la manière de vouloir faire vivre les valeurs de la République, mais ils n’ont pas été suivis d’une formation massive au changement de paradigme qu’ils instituaient, et ont rapidement été édulcorés et vidés de tout caractère de pédagogie active par le ministre Blanquer. Résultat, l’EMC est aujourd’hui la variable d’ajustement des programmes d’histoire-géographie, et ne repose majoritairement que sur la connaissance des institutions, d’où l’idée de citoyenneté de papier, une citoyenneté daite de savoirs sans incarnation qui n’engage pas les jeunes générations à participer et faire vivre la démocratie.

Pour l’UNSA Éducation, il faut revenir à l’apprentissage d’une citoyenneté active et agissante. Mieux prendre en compte la démocratie collégienne, lycéenne, développer les pédagogies coopératives et les conseils d’enfants. La prise de décisions qui impactent la vie collective, ça s’apprend. Une éducation au politique par la controverse serait bienvenue, ainsi qu’un programme unique en lycées, quelle que soit la voie choisie, en égale dignité. Là encore, la formation inter-métiers est indispensable, former les citoyens d’aujourd’hui et de demain, ce n’est pas réservé à la discipline histoire- géographie !