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SE-UNSA 80


 Par SE-UNSA 80
 Le  jeudi 22 novembre 2012

Refondation : Compte-rendu de la rencontre avec le conseiller du ministre

 

Suite aux propositions faites par le ministre le 16 octobre lors de la séance de travail avec les syndicats d’enseignants sur la refondation et la future loi d’orientation (http://www.se-unsa.org/spip.php?article5039 ), le SE-Unsa, à sa demande, a rencontré mercredi 14 novembre, Daniel Assouline, conseiller du ministre pour la voie professionnelle et l’orientation.

Le SE-Unsa, qui partage les objectifs affichés par le ministre pour la voie professionnelle, considère que les propositions avancées nécessitent des éclaircissements et des échanges sur les modalités de leur mise en œuvre. L’impact sur les conditions de travail des lycéens et de leurs enseignants doit être mesuré avec précision.

Il ressort des échanges avec le conseiller du ministre que la réflexion n’est pas aboutie et que le ministère se situe à ce stade au niveau des principes.

1/ Améliorer parcours et orientation:

SE-Unsa : Si nous sommes d’accord sur votre proposition de créer un parcours 4 ans pour prendre en compte les publics les plus fragiles, nous nous interrogeons sur sa concrétisation.

Daniel Assouline : Il faut donner la possibilité effective aux élèves ayant obtenu un CAP de poursuivre en cycle terminal du bac pro.  Avec l’augmentation des capacités d’accueil en CAP, il est possible de travailler sur les passerelles (CAP vers bac pro et bac pro CAP) pour organiser des parcours 4 ans.

SE-Unsa : Si les capacités d’accueil en CAP ont certes augmenté, celles du niveau V, avec la disparition des BEP ont diminué de façon drastique. Ces passerelles pour un parcours 4 ans sont confrontées au manque de capacités d’accueil en 1ère pro, et souvent au manque de proximité des structures. De plus, il y a eu ces dernières années une tendance lourde à sacrifier les CAP sous statut scolaire en faveur de l’apprentissage.

Des CAP doivent être créés afin qu’il puisse exister dans chaque établissement et en parallèle de chaque bac pro au moins un CAP. Les capacités d’accueil de chaque CAP doivent être adaptées pour permettre la nécessaire fluidité des parcours. 

Pour les bacs pro ne disposant pas de CAP, un parcours 4 ans de proximité doit aussi être possible. Nous proposons de créer une structure d’un an, post-seconde, pour accéder au BEP rénové du bac pro concerné.

D. Assouline a été sensible à notre analyse et argumentaire. Une réflexion à ce sujet sera menée.

SE-Unsa : Vous avez évoqué la création d’une 2nde professionnelle de détermination. Nous souhaitons des précisions à ce sujet.

D. Assouline : Les bacheliers professionnels sont les seuls à ne pas avoir de possibilité d’affiner leur orientation en seconde. Donc nous réfléchissons à l’opportunité de créer une seconde de détermination pour le champ du tertiaire et celui de la production. Cela sera mis en place à titre expérimental.

SE-Unsa : Cela ne nous parait pas réaliste compte tenu de la diversité des diplômes de ces champs et des problématiques d’accès aux diverses formations, particulièrement en zone rurale. Le modèle existant dans la voie générale et technologique ne nous paraît pas transposable à la voie professionnelle.

En revanche, il a été établi 17 champs professionnels correspondant chacun à plusieurs bac pro. Si expérimentation il y a, nous souhaitons qu’elle s’effectue dans ce cadre.

D. Assouline : Nous allons y réfléchir et étudier la faisabilité.

SE-Unsa : Vous proposez l’augmentation de 2 semaines des périodes de formation en entreprise et une nouvelle répartition en les réduisant à 4 semaines maximum en 2nde et 20 semaines sur le cycle terminal. Quels objectifs poursuivez-vous avec ces modifications ?

Compte tenu des difficultés à trouver des lieux de stage, l’augmentation parait inopportune. De plus, cela supprimerait 2 semaines de cours et alourdirait par conséquence les emplois du temps des élèves pendant les périodes au LP.

D. Assouline : Les entreprises sont demandeuses de plus de professionnalisation, d’où l’allongement, au moins pour les élèves dont le projet est une insertion professionnelle immédiatement après l’obtention du bac pro. Il semble nécessaire en seconde d’avoir plus de temps pour effectuer « une reconstruction scolaire » des élèves. De plus les élèves de seconde sont les plus difficiles à placer en stage.

SE-Unsa : Au sujet des grilles horaires, le bac pro est le seul bac qui ne propose pas de grille élève indicative hebdomadaire mais seulement des horaires globalisés sur 3 ans. Par ailleurs il n’y a aucun cadrage concernant la dotation pour les sections de spécialités différentes qui sont regroupées. Cela engendre des dérives importantes en termes de dotation aux établissements et de répartition par discipline.

D. Assouline : Nous reverrons les grilles horaires si nécessaire.

2/ Améliorer la réussite au bac pro:

SE-Unsa : vous envisagez les épreuves du diplôme intermédiaire (CAP ou BEP) comme sous-ensemble du Bac pro. Pouvez-vous préciser vos intentions ?

D. Assouline : Les épreuves de certification du diplôme intermédiaire pourraient être conçues comme des épreuves anticipées du Bac Pro afin d’alléger le nombre d’épreuves. Nous souhaitons également diminuer le nombre de CCF.

SE-Unsa : Nous sommes favorable aussi à une meilleure cohérence entre le diplôme intermédiaire et le bac pro.  Mais cette imbrication demandera un travail conséquent et devra passer en commission professionnelle consultative. Du temps sera donc nécessaire.

Par ailleurs nous sommes favorable à la remise à plat de l’évaluation. La quasi généralisation du CCF qui a été imposée pose énormément de problème en termes d’organisation, de planification et de temps passé. Nous souhaitons qu’un équilibre soit trouvé entre épreuves ponctuelles, contrôle continu et CCF.

D. Assouline : Nous allons étudier cela. La DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) a été saisie d’une étude sur les causes de l’augmentation des taux d’échec en Bac Pro qui devrait nous permettre de prendre des décisions pertinentes.

3/ Garantir à tous un diplôme au minimum de niveau V :

SE-Unsa : pour les élèves n’ayant pas obtenu le diplôme intermédiaire, un module spécifique de rattrapage est envisagé en substitution de 3 semaines de PFMP. Quand aura t-il lieu et qui l’assurera ?

D. Assouline : Ce module pourrait être proposé au 4ème semestre du cycle (en fin de première). Ces heures de modules pourraient être effectuées par des enseignants qui ne sont pas en charge de suivi d’élèves ou qui sont « déchargés » de suivi. Les 2 semaines supplémentaires de PFMP ne nécessitent pas d’augmenter les heures de suivi. Les enseignants seront donc libérés pendant 2 semaines. Ces heures libérées seront mises au service des modules.

SE-Unsa : Notre syndicat sera vigilant au respect des dispositions statutaires pour le décompte horaire de suivi de stage.

4/ Améliorer les poursuites d’études:

SE-Unsa : Votre proposition de créer un module de préparation à la poursuite d’étude est intéressante. Elle se ferait donc à la place de 3 semaines de PFMP. A l’image du module de rattrapage, cette mise en œuvre doit se faire dans le respect du statut et des équipes pédagogiques.

D. Assouline : Les poursuites d’études en BTS doivent s’amplifier, car c’est ce niveau de qualification qui est et sera le plus attendu sur le marché du travail.  

SE-Unsa : L’ouverture des BTS à un plus grand nombre de bacheliers pro ne doit pas être un leurre pour les familles et les élèves. Il faut s’assurer que les conditions de la réussite soient réunies, par une préparation en amont et par un meilleur accompagnement à l’entrée en BTS.

Refondation et Carte des formations : on en est où ?

D. Assouline : Les arbitrages ont été rendus sur la répartition des compétences entre Etat et Régions. La région proposera, après concertation dans le cadre du PRDFP une liste hiérarchisée des ouvertures et fermetures souhaitées. Le rectorat, qui fournit les moyens en enseignants,  disposera de la décision finale sur l’ensemble des propositions faites par la Région.

SE-Unsa : Cette répartition des responsabilités nous semble équilibrée et propice à un véritable dialogue pour aboutir à un accord.